i'm fine (Sunhi)

La vie suit son cours et tu n'as pas une minute à toi. Quand tu es à l'hôpital tu enchaines tes gardes, tu fais des heures supplémentaires pour aider ton référence et tes collègues. Tu t'es fait des amis, enfin des connaissances. Comme à ton habitude ton sourire fait son effet et les gens t'apprécient. Bon il y a bien des exceptions mais tu essayes de les ignorer. L'ambiance à l'hôpital est agréable, c'est toujours mieux que celle qui règne dans l'amphi lors de tes semaines de cours. Là tu vois l'égoïsme des gens, la méchanceté et l'idiotie de certains. Les places sont chères en médecine et les coups sont de mises pour évincer les plus faibles. Tu sais que tu ne dois faire confiance à personne. Tu ne t'es pas fait d'amis ici, ni même des connaissances en tout cas pas qui font partie de ta promotion. Les autres étudiants eux sont sympas et tu t'es lié avec certains. Tu as même bu quelques coups et tu es sorti parfois. C'est assez rare car tu as pas mal de cours à réviser et d'informations à apprendre par cœur. C'est stupide mais c'est le système qui veut ça. Tu as des partiels qui portent sur tout un semestre et autant dire que ça fait un sacré contenu à retenir alors il faut que tu bosses régulièrement. Quand tu n'apprends pas tes cours, tu fais des tests pour rester au niveau et te préparer à tes examens. Tu n'as pas trop de vie sociale mais le peu que tu as te suffit. Tu n'es pas du genre à sortir tous les soirs, il y a des semaines ou tu ne sors pas du tout et c'est pas si grave. Après tu restes humaine et parfois tu apprécies aller boire un verre avec d'autres étudiants. Tu n'aimes pas rester seul chez toi, c'est pour ça que tu as pris un chat, une femelle, qui te tiens compagnie lors de tes soirées de révisions.

Tu appelles aussi souvent ta fiancée par conversations vidéos. Parfois tu ne restes pas longtemps, comme les soirs ou tu rentres de tes gardes. Il t'arrive de t'endormir sur la chaise, elle fait alors sonner ton téléphone pour que tu ailles te coucher. Tu l'adores, tu l'aimes et elle te maque un peu. Ce qui te manque c'est les moments que vous partagiez, des repas en tête à tête, ou des soirées tranquilles à regarder la télé, bras dans les bras. Cette chaleur humaine te manque et minette, ta chatte, a beau être affectueuse, elle te ne donne pas autant d'amour. Ce n'est pas réellement l'amour qui te manque mais plutôt cette complicité que vous aviez. Celle-là même que vous aviez avant d'être fiancé et promis l'un à l'autre. C'est d'ailleurs en apprenant ça que quelques mois après tu as annoncé à ta famille et elle que tu voulais poursuivre tes études à l'étranger. Tout le monde a trouvé ça très soudain, elle t'a même demandé si c'était à cause d'elle que tu partais. Tu ne lui as jamais dit oui car ce n'est pas le cas, ce n'est pas sa faute, c'est celle de ta famille et la sienne. Si ta famille d'accueil t'a toujours tout donné et a tout fait pour que tu sois heureux, certains sujets restaient tendus, comme tes activités extra-scolaire. Tu as été obligé de faire du piano, du chant, de la danse, du tennis et de natation. La seule chose que tu as refusé c'est les sports de combat et pourtant ils ont bien essayé. A ta façon tu n'as pas été un garçon facile, tu as accepté beaucoup de choses mais parfois tu as fait des tiennes, quelques crises et des fugues. Jusqu'à ce que tu trouves ta fiancée, qui était avant ton amie. C'est un peu grâce à elle que tu as changé, elle a remplacé l'ami que tu avais perdu, ce garçon qui hante encore parfois tes rêves en compagnie de tes parents. Tu as l'impression qu'il fait partie d'un passé lointain et pourtant important. Enfin tu as fui tout ça pour essayer de t'émanciper de l'influence de ta famille adoptive. Tant pis si tu perds une amie, ce n'est pas la première fois et surement pas la dernière.

Cette semaine tu es en cours et l'après-midi vient de se terminer. Tu n'as plus de cours, tu peux donc rentrer chez toi, te reposer un peu et passer ta soirée à réviser. Tu sors de l'amphi avec un groupe d'étudiants. Ils ne sont pas tes amis mais tu discutes avec eux. Tu es sociable et gentil de nature alors même si tu ne leur fais pas confiance, tu plaisantes avec eux, tu ris et tu souris. C'est ce que tu appelles faire du social. Cependant le groupe se divise une fois dehors, certains rejoignent la bibliothèque. Ils t'ont bien proposé mais tu as refusé. D'autres sont partis vers le parking, toi tu traverses l'université pour gagner le métro. Au détour d'un bâtiment, en traversant un des parcs, ton regard s'arrête sur une personne que tu reconnais. Tu connais d'autres étudiants ici, ils ne sont pas nombreux mais tu t'es plus lié d'amitié avec des étudiants en art que ceux de ta propre promotion. Il n'est donc pas rare que tu cherches une tête connue, simplement pour aller dire bonjour ou prendre des nouvelles. Tu fuis ta solitude comme tu peux et aujourd'hui il y a bien une tête que tu reconnais au loin. Ce garçon, tu n'as vu deux fois à l'hôpital, une fois tu as juste croisé son regard et l'autre fois tu l'as soigné pour une allergie. Tu serres ta basasse contre toi et tu te décides à aller le voir. Tu n'es pas du genre timide, malgré tout en sa présence, tu as toujours des souvenirs qui remontent. Pourtant tu es ravi de le revoir. Tu vas pouvoir prendre de ces nouvelles et savoir si le traitement a fonctionné. Il a peut-être trouvé à quoi il est allergique. Tu sais qu'il t'a dit un tas de truc personnel et peut être qu'il va être gêné de te voir hors contexte. Tu n'as pas l'habitude de soigner des patients que tu revois à l'université. La capitale est grande et c'est un concours de circonstances étonnante, tu vois ça comme un bon signe. Tu t'approches de lui alors qu'il est avec un groupe. Tu ne veux pas t'interpeller de loin alors tu t'avances jusqu'à ce qu'il te voit. Tu lui fais un signe de main avec un sourire en espérant qu'il ne t'ignore pas et surtout qu'il se souvienne de toi. Si la dernière fois tu étais en blouse blanche, aujourd'hui tu es habillé normale, un jean, une chemise classique et une veste légère.

Tu finis par t'approcher malgré tout. Tu as trop peur qu'il ne veuille pas te parler après la conversation de la dernière fois. Tu lui as dit qu'il ressemblait à quelqu'un, à quelqu'un que tu as connu et qui n'est pas mort. Tu n'as pas répondu à sa réponse cette fois-là, préférant reprendre ton rôle de médecin et quand tu t'étais retourné il était déjà parti. Tu as été un peu surpris par sa réaction et tu es donc soulagé de le revoir. Tu ne t'attendais pas à ce qu'il soit un étudiant, vu ce qu'il t'a dit à propose du médicament, tu pensais qu'il était plus dans le besoin. Il a bien des étudiants étrangers comme toi mais tu as un visa et des papiers qui te permettent d'aller à l'hôpital. Enfin, il t'a peut-être rouler dans la farine pour te faire croire qu'il n'avait pas d'argent. C'est n'est pas pour ça que tu t'avances vers lui, tu veux savoir si ses mains vont bien et accessoire savoir s'il est étudiant ici. Si c'est le cas tu as été bien naïf et tu lui en toucheras un mot en plaisantant. Ce qui est fait et fait et tu ne vas pas lui demander remboursement, ce n'est pas ton genre. Tu ne veux rien mentionner devant les gens qui l'entourent de peur qu'il le prenne mal.

« Salut, Sunhi c'est ça ? Tu te souviens de moi ? Ça va mieux ? »

- Si tu ne me crois pas, tu n'as qu'à l'appeler. T'as jamais compris que les prix étaient changement sans préavis ? Comme dans une pizzeria. Les prix, ça monte, mais ça ne descend jamais, désolé pour toi. - Tu as mis une partie de l'argent dans tes poches de veste, attendant la suite, tout en te demandant si tu ne cours pas à ta perte, en lui en demandant encore plus. Y'a aucune augmentation de prix, c'est uniquement toi qui essaies de te faire un peu plus d'argent sur le dos des autres. Un peu comme d'habitude, un peu comme tu t'étais promis ... de ne pas arrêter. Ils sont trois à te regarder comme si tu étais le pire menteur de l'univers mais tu sais que tu ne risques rien et que tu as bien fait de te rendre à l'université pour les fournir en drogue. Ces étudiants ont passé commande hier soir et toi, tu es là pour leur apporter leur dû. Et non pour te faire regarder de travers, tout en sachant que tu es bien dans le tort. - Tu as besoin du numéro ? Tu veux que j'appelle pour toi ? - Tu restes la tête haute, sachant que si tu baisses la tête, que tu décides de regarder le sol, tu pourrais le regretter. Te montrant faible devant ces imbéciles pourrait te faire perdre gros. Même si tu as un visage commun, personne n'oublie le tien. Surtout si tu dois de l'argent ou si il y a vol. Tu sais bien qu'un jour ou l'autre, l'un de ces trois abrutis comprendra que tu lui a changé près de 25% de plus, pour la même quantité que les autres. Tu veux uniquement te mettre quelque dollars en poche et surtout, démontrer à ton meilleur ami que tu es capable de te débrouiller seul. Tu auras des conséquences, tu en as conscience mais tu espères pouvoir rester à l'arrière lorsque quelqu'un te cherchera.

Tu savais bien que tu allais devoir te montrer droit et essayer de porter ta voix un peu plus haute pour te faire entendre. T'as pas besoin que tout le monde puisse comprendre que tu vends de la drogue et que tu es là pour faire trois petits heureux. Et tu sais aussi que ces trois imbéciles n'ont pas besoin de faire en sorte que certains professeurs puissent savoir ce que leur weekend rapportera. - Écoute, si t'as pas les moyens, tu me redonnes la came, je te rends la moitié de l'argent que tu viens de me donner. Ça sera pour le déplacement, je fais rien de gratuit et t'as été avertis sur ça. - Tu attends quelques secondes, mais voyant le silence devant toi, tu soupires à nouveau. - Attends, y'a personne qui t'as dit que mes services n'étaient pas gratuit ? Et bien maintenant tu le sais han. - Tu croises les bras sur ton torse, espérant recevoir une réponse positive de l'acheteur, lorsque ton regard bifurque vers quelqu'un de ta connaissance. Tu fermes les yeux une seconde, espérant que ce dernier puisse rester en retrait, mais lorsque tu comprends que ce ne sera pas le cas, tu t'autorises à passer ta langue dans ta joue, voulant démontrer un certain malaise. Et c'est à cet instant, dès que la voix du médecin se fait entendre, que tes trois compagnons décident de te laisser en plan, sans même un mot gentil dans ta direction. Tu fais donc face au nouveau venu, un simple sourire aux lèvres, avant de hausser les épaules. - Dommage, j'aurais jamais le numéro de sa sœur. Pas grave, je me rattraperai. - Tu espères être convaincant dans tes paroles, tu ne sais pas trop comment aborder le sujet devant lui. Tu ne veux pas que ceci passe pour un échange de drogue et d'argent. Tu veux simplement que le tout se passe bien, que personne ne puisse lire le malaise que tu portes sur ton visage, comme si tu venais d'être pris la main dans le pot de biscuit. - Je ne savais pas que tu travaillais ici. - Tu continues de lui sourire, avant de perdre ce dernier, te frappant le front avec le revers de ta main. - Suis-je bête. Certain que tu es ici, tu dois avoir encore … deux ou trois ans d'études avant d'avoir ton nom affiché dans un grand bureau, pleins de diplômes à ta portée. - Jaloux ? Peut-être un peu. Tu n'as jamais cherché à faire de grandes études mais tu as quand même du respect pour les personnes qui peuvent en faire. Le salaire doit être au niveau de leurs compétences. - Oh … pendant que j'y pense. - Tu fouilles dans les poches de ta veste, sortant un billet de cette dernière. - Pour la dernière fois. Prend le, je tiens absolument à te rembourser, tu n'avais pas à payer pour moi. - Oui, tu t'étais rendu à l'hôpital le lendemain matin, café en main, mais ne l'ayant pas trouvé, tu avais rebroussé chemin. Dès le lendemain, tu y étais retourné, décidé à faire toutes les étages pour le trouver, toujours avec un café en main. Après quatre jours, tu avais décidé d'arrêter de le poursuivre. De un, tes mains devenaient de plus en plus belles, tu n'avais plus peur de ce que les gens de ton équipe pouvaient mentionner sur cette éruption, comme le fait que le café commençait à se faire vieux. Après quatre jour, ce dernier allait commencer à changer de couleur, à goûter autre chose que ce que tu désirais. Tu avais alors décidé de courir après lui, te disant qu'un jour ou l'autre, vous alliez très certainement vous revoir et ainsi, arriver à échanger quelques mots. Et toi, tu pourrais alors le rembourser. Ou lui offrir un café, tout dépendamment de ce que tu avais dans les poches.

Tu l'as observé un instant avant de t'approcher et tu ne sais pas réellement ce qu'il demande aux étudiants en face de lui. En réalité tu t'en moques un peu, ton regard est juste posé sur lui. Sa posture, son attitude, son visage et son regard. Encore une fois tu es troublé, c'est surement ce qui te pousse à t'avancer. Tu ne veux pas rater l'occasion d'aller lui parler et de prendre ses nouvelles. Tu n'as plus la notion du temps et tu ne te souviens plus quand tu l'as soigné pour son allergie. Tu travailles tellement, tu as vu tant de patients entre temps que tu es incapable de dire quel jours on est. Tu sais quand tu as des examens, quel cours tu as demain et quel est ton planning pour tes gardes du week end, mais pour ce qui d'une date ou d'un mois, tu es un peu perdu. Il te faut réfléchir pour trouver ses informations alors te souvenirs du nombre de jours ou semaines qui se sont écoulés depuis ta consultation, tu en es bien incapable. Tu t'es donc avancé, espérant ne pas le déranger. Il se tourne vers toi, hausse les épaules et plaisante sur le numéro qu'il n'aura pas. Tu hausses un sourcil en jetant un coup d'œil aux hommes qui viennent de partir. Tu n'es pas bien sûr qu'il demandait le numéro d'une fille, vu la vitesse à laquelle les interlocuteurs s'en vont. Malgré tout tu n'es pas là pour ça, il a peut-être des problèmes mais tu n'es pas certain d'être la personne appropriée pour t'en mêler. Tu ne le connais pas et tu trouverais ça mal venu de l'interroger. Ici tu n'es pas médecin, enfin si mais tu ne portes pas ta blouse et tu n'es pas tout permis. Tu te contentes donc de sourire en haussant à ton tour les épaules en reportant ton attention sur lui. Il a l'air un poil gêné et tu te sens obligé de t'excuser.

« Désolé. »

Tu fais une petite moue désolé, conscient d'avoir dérangé quelques choses sans savoir quoi. Heureusement il reprend la parole, comme s'il réfléchissait à haute voix. Il sourit et le tien reviens alors qu'il le perd immédiatement après. Tu es un peu perplexe, ne sachant pas trop s'il est gêné de te voir ou s'il en a rien à faire. Est-ce que tu l'aurais réellement interrompu un échange important ? Est-ce qu'il a juste mieux à faire que de discuter avec toi ? Après tout tu n'es qu'un médecin qui l'a aidé rien de plus. Tu rougis lorsqu'il mentionne tes études et ton nom affiché sur un bureau. Tu confirmes en hochant la tête.

« C'est ça trois ans mais c'est ma dernière année à l'université, ensuite je serais à plein temps à l'hôpital. Et toi tu étudies ici ?»

Tu ne sais pas pourquoi tu lui réponds ça. Il n'en a surement rien à faire de ton cursus. Enfin c'est ce que tu penses mais tu es poli. Par contre tu es curieux de savoir s'il est étudiant ici. Si oui tu espères savoir quelle études il poursuit et combien de temps il lui reste. Tu es toujours avide de te faire des amis et peut être qu'il pourrait en devenir un. C'est vrai qu'il te rappelle quelqu'un mais tu as décidé de ne pas t'arrêter à ça. Tu te fais des idées, c'est impossible que ça soit lui. Il doit être toujours en Corée avec sa famille d'accueil. Enfin non il doit faire des études ou travailler, enfin tu t'en fiches. Sun n'est pas lui et tu es déterminé à le sortir de ta tête. Tu ne veux pas être troublé par chacun de ses regards. Tu as vu que ses mains ont l'air d'aller mieux quand il s'est frappé la tête. Tu baisses ton regard vers celle-ci pour les observer un peu plus, défaut professionnel. Tu aurais bien envie de lui prendre le poignet pour voir de plus près mais tu te retiens. C'est assez inconvenant. Tu es sorti de ton examen alors qu'il s'exclame, fouillant dans ses poches pour sortir un billet.

« Oh non, non ! Tu n'as pas à faire ça, c'était avec plaisir. »

Tu esquisses un sourire mais tu profites de la main qu'il te tend pour finaliser ton analyse.

« Ça a l'air d'aller mieux c'est bien, ça va pas de complications ? »

Tu reportes ton attention sur lui, sans prendre le billet qu'il te propose. Tu n'as pas besoin qu'il te rembourse. Tu as fait ce geste généreusement et tu n'attends rien en retour. Tu trouves étrange qu'il est refusé l'ordonnance que tu lui as faite pour un simple problème d'argent. Si c'était un souci, il aurait pu attendre quelques jours ou demander à un ami. Tu as plutôt cru qu'il ne voulait pas aller dans une pharmacie, à cause d'un souci de papier ou quelque chose du genre. Enfin ce n'est pas réellement tes affaires, ce qui se passe à l'hôpital reste à l'hôpital. Enfin tu ramènes bien l'hôpital ici en lui posant des questions sur sa guérison. Tu t'inclines donc rapidement, prenant conscience que tu manques à tous tes principes.

« Désolé déformation professionnelle faut croire. Excuse-moi, je suis mal poli. Je ne me suis même pas présenté l'autre jour. Je m'appelle Yuki. Si tu veux me rembourser je suis pas contre un verre, je viens de finir ma journée et toi ? »

Tu ne sais comment tu arriveras à rattraper les trois mongoles qui ont décidé de te fausser compagnie, te laissant avec un garçon que tu ne connais presque pas. Si tu lui en veux ? Grandement. Tu ne sais comment tu aurais réussis à t'en sortir, mais tu sais que tu aurais réussis à te faire payer bien plus cher pour ce que tu venais de leur vendre. Et lui, ce petit blondinet au sourire contagieux, venait de tout gâcher. Tu as envie de le fusiller du regard, de lui demander s'il a conscience de combien d'argent il vient de te faire perdre. Alors oui, tu serais bien tenté de le savoir, puisque même toi, tu ne le sais pas. Tu as simplement affirmé aux trois garçons que c'était 25% de plus sur la facture, ne sachant pas le montant que tu pourrais recevoir. Toi et les mathématique ... Toi et les sciences … Toi et l'école, tout simplement, ceci n'a jamais fait bon ménage. Lorsque tu l'entends s'excuser pour tes paroles, pour ta connerie, tu lui faire signe de ne pas s'en vouloir. - T'inquiètes, il y a des filles au mètre carré ici. - Tu lui souris à nouveau, ne voulant pas qu'il puisse s'en vouloir pour un simple numéro. Mais pour l'argent, peut-être un peu. Si tu aurais eu le pouvoir de le lui expliquer, tu sais bien qu'il n'aurait rien compris. Les gens qui ne sont pas du milieu ne comprenne pas la différence à la fin du mois, ne peuvent imaginer que la simple petite pièce qui peut manquer, peut vous coûter la vie. Tu décides donc d'engager la conversation, cherchant une manière de pouvoir l'apprécier et non de vouloir simplement lui arracher la tête. Même si tu sais que ce ne sera pas du tout facile.  

Trois ans … Toi qui espérais arriver à le connaître un peu, tu es un peu à l'envers pour les années. Ça veut dire quoi tout ça ? Il lui reste un an, d'accord ... Mais ça lui donne quel âge ? Toi, tu as arrêté l'école à douze ans, réalisant que ça ne servirait à rien. Tu as simplement plié bagage de l'école, réalisant que ça ne servirait à rien. Tu as mentionné aux gens que tu continuais à y aller, mais suivant tes cours au parc le plus proche. À vrai dire, tu n'as même pas pris le temps de t'enregistrer lorsque tu as changé d'école, ne voulant tout simplement plus y aller. Dire que tu regretterais serait problème, vu que quelques mois plus tard, tu changeais de ville, ne voulant plus jamais retourner en Corée. Moins de complications pour changer de cours, moins de complications pour changer d'amis, moins de complications pour passer inaperçu. Tu as tendance à prendre ceux qui font de hautes études comme des gens surdoués, comme le garçon devant toi. Tu as même tendance à penser que ce dernier ne doit pas être humain, vu toutes les connaissances qu'il doit avoir en tête. - Malheureusement oui. - Tu marques une petite pause, avant de reprendre, te disant que tu peux bien lui inventer un autre petit mensonge. De toute manière, qui le saura ? - En bourse, en communication, le genre de truc pas important et très long à expliquer. - Voilà, ça, c'est fait. Te voilà étudiant à l'Université. Qui l'aurais pensé.  

Tu décides de le rembourser pour l'autre matin, lorsque tu lui as demandé de l'aide et que lui, c'est cru dans l'obligation de te payer ton médicament. Tu sais bien que tu aurais dû refuser à l'instant même où tu avais compris qu'il voulait te donner quelques pièces pour que tu puisses te payer ton traitement. Et pourtant, tu l'avais pris sans rire dire, te disant qu'expliquer le tout à ton meilleur ami serait encore bien pire. Si ce dernier n'était au courant de rien, tu pourrais peut-être t'arranger seul avec le médecin et régler ce petit problème avec un café par la suite. - J'insiste. - Mais tu te fais couper par la couleur de tes mains. Tu te souviens des regards que tu avais eu, lorsque tu étais revenu dans ton milieu. Certain avait pensé que c'était le résultat d'une mauvaise livraison, d'un problème que tu avais eu. Probablement parce que tu ne te mêlais pas de tes affaires, une nouvelle fois. - J'ai eu un bon médecin. Tu dois le connaître, il étudie ici. - Tu laisses planer un petit sourire sur tes lèvres, avant de reprendre paroles. - J'ai jamais trouvé ce qui avait pu causer ce problème. Ça reste toujours un mystère. - Tu es gêné de ne pas parler de l'allergologue puisque tu n'es jamais été le voir, gardant le problème pour toi. Tu n'avais pas de temps à perdre et encore moins une histoire ridicule pour expliquer l'absence de tes cartes, de tes papiers et de tout ce que tu pouvais avoir sur ce cas.  

- Ça ne prouve seulement que tu passes trop de temps à l'hôpital. - Tu hausses les épaules une seconde, avant de lui tendre la main, celle qui possède toujours le billet. - Sunhi. - Tu espères qu'il puisse comprendre que tu veux faire plus ample connaissance, mais pour ce faire, il devra plier sur son orgueil et accepter ce que tu veux lui rendre. Lorsqu'il te parles d'aller prendre un verre, tu joues le men incertain quelques secondes. - Il me reste toujours un cours et je ne peux me permettre de le manquer. - Tu déposes une main dans tes cheveux, avant de te remettre à sourire. - Mais je peux bien aller prendre verre quand même, surtout si c'est avec toi. On sèche les cours ? - C'est-ce que tu fais de mieux après tout. Ça, et chercher les ennuis. - T'inquiètes, mon cours n'est pas si important. J'ai de bonnes notes, je peux bien manquer un cours ou deux. Surtout si c'est pour te rembourser et ... pour apprendre à te connaître. -  

Tu as cru bon de t'excuser car tu as l'impression de l'avoir dérangé. Visiblement ce n'est pas si important puisqu'il te sourit en ajoutant que ce n'est pas les filles qui manquent. Tu acquisses en faisant une moue d'approbation. Tu n'es pas intéressé par la population féminine, non pas que tu sois homosexuelle, simplement que tu as déjà une petite amie, une fiancée. Tu n'es pas celui-ci qui drague à tour de bras parce qu'il est loin de sa promisse. De base tu n'es pas porté sur la chose, que ce soit le flirt ou le sexe. De toute façon cela fait quelques années que tu n'as pas le temps pour ça, d'autant plus depuis que tu es fiancé. Tu réponds donc à son interrogation détournée et tu lui retournes la question. Il t'annonce avec regret qu'il étude bien ici. Tu fais une moue désolée, comprenant que si toi tu aimes tes études ce n'est pas son cas. Tu sais bien que bon nombre de famille oblige leurs enfants à poursuivre leurs études. C'est assez courant de penser qu'un diplôme mène à une vie stable et un bon boulot. Tu sais que c'est parfois le cas mais pas toujours

« Cela ne doit pas être facile si tu n'es pas passionné. Il te reste combien de temps à tirer ? »

Tu parles comme si c'était un calvaire, une peine de prison. Dans un sens c'est le sentiment qu'il t'a fait ressentir. Tu relances le sujet sans penser à mal, espérant simplement en apprendre plus sur lui. Après tout entre étudiants c'est assez courant de parler d'études, de cours et de professeurs. Enfin tu es presque sûr que vous n'avez pas les mêmes cours et que tu ne connais aucun de ses professeurs. Les bâtiments sont assez spécialisés, les seuls étudiants qui parcourt les couloirs avec toi, sont ceux de biologies et de chimies. Tu sais qu'ils ont des cours dans les mêmes laboratoires que toi. Lui doit être plus souvent en amphi ou dans des salles informatisées. Lorsque tu refuses qu'il te rembourse, il veut reprendre, mais tu le coupes en observant ses mains. Tu es soulagé de voir qu'elles ont retrouvé une forme et une couleur normale. Tu ris lorsqu'il te complimente pour ton travail. Tu hausses les épaules en relevant un regard rieur sur lui. Il t'avoue qu'il ne sait toujours pas ce qui a pu causer son allergie. Tu fronces les sourcils soucieux, tu t'imagines forcement les conséquences de l'ignorance du facteur déclencheur. Tu n'as pas envie de l'accabler avoir ton avis médical. Tu lui mentionneras plus tard un traitement d'urgence, une dose d'antihistaminiques qu'il peut s'injecter lui-même si jamais il fait une crise d'allergie. Tu ne veux pas lui en parler tout de suite, mais tu gardes le sujet en tête. Il faut qu'il soit préparé au cas où. Tu laisses de côté le médecin en toi, t'excusant même de ton comportement un peu déplacé. Tu te présentes, sachant qu'il n'a dû voir que ton nom sur ton badge l'autre jour. Tu lui proposes même d'aller boire un verre. Tu vas peut être passé pour un pauvre type qui cherche des amis. Dans un sens c'est un peu vrai, tu passes trop de l'hôpital et tu es soulagé qu'il comprenne.

Il te tend la main toujours avec le billet, ajoutant son prénom. Tu souris sachant bien comme il s'appelle. Tu comprends que c'est sa façon d'insister pour régler ses dettes. Tu n'as aucune envie de l'offenser alors tu lui serres la main, le saluant en t'inclinant légèrement. Il te le laisse le billet dans la main et tu t'inclines encore une fois pour le remercier.

« Merci, ce n'était vraiment pas nécessaire. »

Tu ne veux pas accepter son argent et tu n'as pas non plus envie de créer un sujet de discorde. Tu comptes bien te servir de ce billet pour payer ta tournée, après tout, tu viens de lui demander de te rembourser en te payant un verre et tu acceptes par-dessus le marché son argent. Tu trouves le tout assez déplacé et cela te gêne de recevoir autant de reconnaissance. En général tu ne revois pas tes patients, encore moins ceux à qui tu as permis d'acheter des médicaments. Tu baisses un instant les yeux pendant qu'il réfléchit quelques secondes à ta proposition. Vu ce qu'il t'a avoué sur lui, tu espères qu'il ne pense pas que c'est une façon pour toi de le draguer. Il sait que tu as une fiancée, ou du moins quelqu'un dans ta vie. Tu n'es pas du genre à être volage et encore moins avec un homme. Tu as compris, enfin tu penses comprendre, que lui s'intéresse aux deux sexes, ce qui n'est pas ton cas.

« Oh non, non ! Ne va pas rater un cours pour moi. »

Il se touche les cheveux et tu déglutis devant sa désinvolture et la suite de ses paroles. Il serait prêt à rater un cours pour toi, à sécher les cours. C'est quelque chose que tu n'as jamais fait. Tu es plutôt du genre bon élève, poli et courtois. Tu sais que certains s'autorisent des libertés, mais ce n'est pas dans ton éducation, ni dans les mœurs de ton pays. Toi tu ne te permettrais pas de rater un cours, même malade comme un chien tu t'es toujours déplacé, même si c'était pour dormir sur la table parce que tu avais de la fièvre. Tu te souviens de t'être fait reprendre pendant ta première année à Séoul. Tu as eu la honte de ta vie ce jour-là, te faisant dire qu'un médecin malade incapable de prendre soin de lui était le comble. Ce jour-là, une leçon de moral avait été faite à tout l'amphi sur les responsabilités des médecins et les risques qu'ils faisaient encourir à leur patient à cause du surmenage. Tu avais servi d'exemple et avait été renvoyez chez toi. Cela ne t'a pas servi, puisque qu'aujourd'hui tu te bourres de médicaments quand tu es malade pour ne pas rater un seul cours.

« Tu es sûr ? Je ne veux pas que tu es des problèmes à cause de moi. »

Tu souris un peu gêné en ajoutant.

« D'accord, mais c'est moi qui paye la première tournée, je ne veux pas que tu me rembourses deux fois, ok ? »

Combien de temps il te reste ? Tu fermes les yeux l'espace d'une seconde, essayant de calculer, avec l'année de naissance que tu lui as fournis. Si tu as de bonnes notes, peux-tu sauter une année ? Ou au contraire, tu dois faire toutes tes années, malgré les cours que tu possèdes ? Et en parlant de cours, dois-tu tous les faire ? Si oui, devrais-tu avoir un cours ou deux en compagnie du médecin ? Tu regrettes de lui avoir dit oui, tu aurais certainement dû lui dire que tu étais là pour ton frère. Frère que tu n'as pas. - Bien trop d'années, crois-moi. - Tu rigoles, espérant qu'il puisse laisser tomber le sujet. Tu ne veux pas commencer à te prendre la tête des chiffres et des années que tu ne comprends même pas. Tu as peur de lui dire qu'il te reste deux ans et recevoir, comme réponse, qu'il doit plutôt t'en rester cinq. Ou l'inverse. Peut-être que si tu joues la carte de la rigolade, il pourra changer de sujet et tu pourras t'en sortir sans trop de dommages.

Tu n'as jamais été passionné par l'école et lorsque tu as compris que tu pouvais faire l'école buissonnière, jamais tu ne t'ai posé de questions, tu as simplement sauté sur l'occasion. Les cours, ça n'a jamais été fait pour toi. Rester assis sur une chaise et écouter ... Non merci. Tu es un oiseau libre voulant affronter de nouveaux horizons. Ou simplement un gamin un peu trop hyperactif pour rester concentré plus que trois minutes. Lorsque tu lui as tendu la main, avec le billet à l'intérieur, placé entre tes deux doigts, tu t'es mordu la lèvre pour rester convenable. Tu n'avais qu'une seule envie, soit celle de reprendre l'argent et d'essayer de passer à autre chose. Lorsque Yuki décide de te remercier et de prendre ce que tu lui offre, tu as un petit mouvement de recul, pensant à tout ce que tu pourrais faire avec ce billet. Et ça te rend malade de devoir être aussi gentil, et aussi poli. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour avoir un peu d'attention de quelqu'un … - J'y tiens. Les bons comptes font les bons amis. - Tu déjà entendu cette expression venant d'un membre de l'équipe et toi, tu t'étais juré de la dire un jour. Voilà chose faite. Tu as probablement l'air d'un imbécile à sourire comme un demeuré depuis qu'il t'as parlé d'aller prendre un verre. À vrai dire, tu attends ce moment depuis des années. Tu as cru remarquer que les amis agissaient ainsi, qu'ils se donnaient de banal rendez-vous. Et toi aussi, tu as bien envie d'y participer. Et pour une raison inconnue, tu lui mention la perte d'un cours, si jamais tu décides de sortir avec lui. Tu sais pas trop à quelle connerie tu joues, tu préfères même ne pas réfléchir à toutes tes bêtises. Peut-être pour te montrer important, peut-être pour lui faire comprendre que tu es quelqu'un de bien occupé. - Je n'aurais aucun problème, c'est promis. -  

Tu replaces quelques mèches de tes cheveux, espérant cacher ta soudaine gêne. Toi, sortir avec lui, aller prendre un verre ? Enfin, c'est un peu incroyable. C'est incroyable qu'il veule uniquement te parler, tu as encore un peu de mal à y croire, surtout après la misère que tu as dû lui faire. Prendre de son temps à l'hôpital, le déranger avec tes conneries, lui soutirer de l'argent pour que tu puisses vivre un peu mieux pendant un temps. Ceci te ressemble un peu trop et habituellement, les gens préfères te laisser en retrait lorsque tu agis de la sorte. - La première tournée ? Tu as donc l'intention de prendre plus qu'un verre avec moi ? - Tu lâches un petit ricanement, avant d'afficher un sourire qui trahis ta trop grande joie. - On verra qui remboursera qui, puisque j'ai bien l'intention de te payer le deuxième. - Et avec quel argent ? Celui que les trois idiots t'ont donné tout à l'heure. Et comment arriveras-tu à rembourser le dealer ensuite ? Tu verras ça plus tard, lorsque tu rentreras chez toi, un sourire grandiose aux lèvres, heureux d'avoir enfin pu rencontrer quelqu'un pour discuter un peu.

Quand il te répond qu'il lui reste encore trop d'années, tu ne peux pas t'empêcher de rire quelques secondes gentiment. Que devrais-tu dire de tes neufs ans d'étude, sans compter ta spécialisation. Il te reste trois ans avant d'être médecin mais tu seras encore en formation pour prétendre être chirurgien. Enfin dans ton cas, ta détermination est à toute épreuve. Ce n'est pas le salaire qui t'attire, ni le statut social et encore moins l'admiration de tes parents. Non tu veux simplement faire ce qui te semble juste : aider les autres. Tu n'es pas idiot et tu veux cette qualité à profit au service du monde. Tant pis si tu dois tirer un trait sur ta vie sociale, sur tes années de jeunesse. Après tout tu as déjà perdu ce qui te tiens le plus à cœur, ta famille. Malgré tous les sourires que tu affiches et les amis que tu cherches à te faire, tu as toujours l'impression d'être seul. Tu es égoïste, tu as tout pour être heureux et pourtant rien ne peut combler le vide en toi. Ce trou béant que tu portes depuis ton enfance. Tu as beau être entouré et apprécié, tu as toujours l'impression qu'au fond ce n'est que des mensonges. C'est pour ça que tu as quitté ton pays. Tu n'étais plus capable d'afficher des sourires constants aux personnes que tu appelles tes amis. Et pourtant tu recommences, souriant constamment. C'est ce que tu fais encore maintenant. Un sourire accroché à tes lèvres, tu frappes amicalement l'épaule de Sun. Visiblement il n'aime pas ses études et tu veux l'encourager.

« Ahaha, allez courage. Ça pourrait être pire. »

Tu n'as pas fait référence à tes propres études ne voulant pas paraitre trop arrogant. Tu laisses donc tomber le sujet, voyant bien que c'est assez délicat pour lui. Tu le connais à peine et tu ne veux pas le mettre en colère ou mal à l'aise. Visiblement c'est à contre cœur qu'il suit ses études et tu ne veux pas en rajouter une couche en ramenant toujours cela sur la table. Tu finis même par accepter qu'il te rembourse. Tu ne roules pas sur l'or mais tu n'es pas à ça près. Cependant tu vois qu'il tient à mettre les pendules à l'heure et tu ne veux pas le vexer et passer pour un prétentieux. Tu acquisses à sa phrase, élargissant ton sourire. Tu n'as jamais eu de bons amis. Tu es plutôt généreux et tes "amis" en ont souvent profité, surtout en sachant la situation de ta famille adoptive et ton futur emploi de médecin. Visiblement les étudiants en médecine sont réputés pour avoir de l'argent. A croire que seuls les gosses de riches peuvent faire ses études. C'est vrai que ta famille d'adoption t'aider à financer tes études. Le tout n'aurait pas été si simple si tu avais été adopté par des gens plus pauvres ou pas du tout. Tu sais que tu as de la chance. Tu te sens encore plus coupable de ce sentiment de solitude qui t'habite. Tu ne sais pas pourquoi tu deviens nostalgique, c'est probablement son sourire qui te fait penser à ton passé. Tu chasses tout ça en lui proposant d'aller boire un verre. C'est tout toi, tu dois t'occuper l'esprit, si ce n'est pas avec tes cours, c'est avec un peu de compagnie. Tu es ravi d'entendre qu'il ne risque rien à sécher les cours. Tu ne peux pas cacher ta joie qui doit se lire sur tes lèvres et dans la lueur pétillante dans tes yeux.

A sa réplique que tu penses prendre plusieurs verres, ton sourire se fige un instant. Tu es gêné et tu as peur qu'il se fasse des idées sur tes intentions. Tu émets un rire léger en haussant les épaules pour cacher ton trouble.

« Ne te fait pas d'idée, c'est juste que…J'ai bien besoin d'un verre ce soir. La journée a été longue. »

Tu as marqué un temps de pause, soupirant en levant les yeux vers le ciel. Tu n'as pas envie d'expliquer l'élan de nostalgie qui t'a pris en le revoyant. Tu t'étais pourtant promis d'arrêter de te prendre la tête avec ça. En même temps il n'est pas le seul responsable, les cours n'ont pas été facile, tu n'as pas été très bon lors du QCM et ça t'a un peu mis un peu en colère contre toi-même. D'habitude tu serais rentré chez toi pour réviser comme un forcené, mais tu as croisé sa route et tu as l'impression que ce n'est pas pour rien. Heureusement il reprend en plaisantant sur qui réglera la deuxième tournée et tu esquisses à nouveau un sourire.

« Ok, ça me va, mais ne croit pas que je suis un alcoolique hein ? Enfin bref, tu connais une bonne adresse ? Roh je suis impoli et toi ta journée ? »

Qu'est-ce qui pourrait être pire ? Ta vie, probablement ? Le fait que tu doives mentir sur ta vie, sur le fait que tu fais des études dans une université réputée, simplement pour ne pas paraître trop attardé. De toute évidence, tu es loin de te retrouver devant un attardé et le tout te chagrine un peu. Vous n'êtes pas du même monde, de la même classe sociale. Tu ignores même si il serait venu te parler, si tu n'étais pas sous l'aile scolaire. Rencontré sur une rue, tu ne sais pas si il serait venu te tendre la main, pour se présenter comme quelqu'un avec une solide tête sur les épaules. Tu l'envies légèrement d'être capable d'étudier et de travailler. D'être quelqu'un avec un avenir tout tracé. Peut-être que se parents sont des gens bien, des gens capable d'avoir mis leur fils sur le bon chemin. Peut-être que si tu aurais eu des parents aimant, que tu aurais tout fait pour te faire accepter dans tes familles d'accueil ou ne serait-ce que tu aurais eu un passé un peu moins débile, tu n'en serais pas là, à essayer de te trouver une justification beaucoup plus simple que la vérité à lui dire. Tu ne te vois pas lui dire que tu étais là pour de la drogue et pour te faire payer ton voyagement. Trop compliqué, trop de problèmes par la suite.  

Dès que tu l'entends rire, tu ne sais plus où te mettre. Il a ce petit quelque chose qui te fais sourire, dès qu'il décide de plisser les yeux pour se moquer, même si c'est de toi. Ce petit quelque chose que tu commences à trouver charmant et assez provocateur dans son genre.  - Tu as raison, je pourrais faire communication comme étude, c'est encore pire. - Tu rigoles un peu, avant de regarder le sol, réalisant ta faute. Peut-être que lui, ne révélera rien ? Si c'est le cas, tu lui en seras plus que reconnaissant. Si non ... Peut-être devras-tu t'expliquer ?  

Expliquer autour d'un verre ? Pourquoi pas ? Tu n'es pas celui qui sort à l'habitude même si le fait de boire de l'alcool, tu le fais depuis tes quinze ans. Peut-être même un peu tôt mais ça, tu ne le raconteras à personne. Dans la même année, tu as perdu beaucoup plus qu'une pseudo famille. Le goût de l'alcool dans ta gorge, celle de la cigarette entre tes lèvres et une partie de ton innocence dans la même soirée. Comment tout ça était arrivé ? Tu n'en sais rien, il faudrait questionner Han-Jae et non toi. - Quelle genre d'idée tu veux que je me fasse ? - Tu te mets à rigoler étrangement. - C'est plutôt à toi de ne pas te faire d'idée, vu que j'ai accepté ton invitation sans même y réfléchir. - Avec un sourire ravageur sur les lèvres, tu croises les bras, sachant très bien que pour toi, ce n'est que des conneries. Il est gentil certes et en couple. Et toi, t'es pas gay. Vraiment pas … - T'es pas impoli, t'as uniquement envie de sortir d'ici et je te comprends. Le professeur de physique est un peu … dérangé ? Il m'a fait sortir deux fois du cours depuis le début du mois. Je crois qu'il ne m'aime pas beaucoup. - Et depuis quand un étudiant en bourse a des cours de physique ? - Tu as quoi comme cours en option ? - Tu veux le savoir, t'as besoin de comprendre quel cours tu n'as pas intérêt à parler. Glissant tes deux mains dans ton sweat, tu réalises que tu n'as pas vraiment les habits pour aller prendre quelques verres et passer du bon temps avec un ami. - Si ça ne te fais rien, je vais devoir passer chez moi quelques minutes. Juste le temps de me changer un peu. - Tu souris, te disant qu'il est impossible pour toi d'emmener ton nouvel ami dans votre planque.  Tu devras lui mentir encore une fois, l'emmener devant un joli appartement et faire semblant que tu y vis. Avoir honte de ta vie, c'est quelque chose que tu ne pensais pas devoir faire de sitôt.

Lorsqu'il te réplique ce qui pourrait y avoir de pire, tu fronces les sourcils alors qu'il baisse la tête. Tu es certain qu'il t'a mentionné faire des études en bourse et en communication. Tu te demandes s'il n'a pas voulu dire autre chose, s'il ne s'est pas simplement trompé de spécialité. Tu en doutes et tu te demandes s'il ne s'embrouille pas. En bon médecin, tu penses d'abord qu'il est saoul. Après tout, l'autre fois, il sentait l'alcool. Aujourd'hui tu n'as pas été assez proche de lui pour profiter de son haleine et tu ne sais pas réellement ce qu'il en est. Il ne te regarde plus et tu ne peux donc pas voir ses yeux et déterminer la dilatation de ses pupilles. Il est peut être drogué, ce qui explique son erreur, ou alors il s'est juste trompé. Tu as donc laissé courir cette erreur, te disant que ce n'est rien de très important. Après tout qu'importe les études qu'il suit. Le sujet a l'air de le mettre mal à l'aise et ce n'est pas ce que tu souhaites. Tu veux simplement te faire un ami. Un ami qui ne saurait pas dans ta promotion, puisque tu sais que ceux-ci sont juste des faux amis, hypocrites et prêts à te faire un coup bas. Tu n'es pas très bien vu en tant qu'étudiant étranger, tu viens prendre des places qui leur reviennent de droit alors forcément ils ne sont pas amicaux avec toi, courtois et polis, pour certains c'est tout. Tu as d'autres amis parmi les étudiants, certains sont en filiale biologique et d'autres suivent simplement un cursus artistique.

Alors qu'il te demande quel genre d'idées tu te fais, tu hausses les épaules, pensant qu'il comprend ce que tu veux dire. Il a beau s'être reprit toute au long de la consultation, tu as bien compris qu'il avait eu, ou du moins failli avoir, des rapports avec un homme. Tu lui as aussi mentionné être avec une petite amie et tu ne veux pas qu'il te prenne pour un bisexuel en quête d'aventures d'un soir. Tu n'es certainement pas de ce style. Tu n'es même pas sûr d'être attiré par les hommes. C'est vrai que depuis un temps tu t'es rapproché de ton mentor. Tu es même un peu gêné en sa présence, comme tu es gêné en présent de Sun. Tu ne sais pas réellement si c'est du à lui ou le fait qu'il te rappelle ton passé. Enfin tu ris bêtement quand il répond que c'est toi qui pourrait te faire des idées. Il accompagne ses paroles d'un large sourire et une attitude presque provocatrice.

« Oh non, je ne me fais pas du tout d'idées sur toi. J'ai une petite amie et je suis très heureux avec elle. »

Est-ce que tu mens ? Oui mais tu le fais avec le sourire et un air sûr de toi. Tu acquisses au début de sa réplique. C'est vrai que tu n'apprécies pas spécialement le campus. Tu ne vas jamais travailler à la bibliothèque, sauf lorsqu'il faut faire des projets de groupe, ce qui est rarement dans ta branche. Tu y as déjà mis les pieds pour emprunter des livres mais c'est tout. Les connaissances que tu t'es fait, tu les as fait à la cafétéria ou dans le bar d'étudiants qu'il y a à côté de l'université. Tu n'es pas du genre à trainer le soir pour réviser assis sur un banc du parc. Tu n'as personne avec qui le fait de toute façon. Lorsqu'il mentionne le professeur de physique tu hausses un sourcil, un peu perturbé par ce qu'il te dit. Tu ne connais pas toutes les licences que propose l'université, ni toutes les options mais tu doutes qu'un étudiant en bourse, et/ou en communication puisse suivre des cours de physique. Tu as toi-même des cours de physique, enfin plutôt de biophysique. Tu connais le professeur et tu doutes qu'il soit aussi sévère, c'est surement le plus sympa de tous, après ce n'est pas le seul. Peut-être qu'il a pris une option physique juste par curiosité et qu'il a un autre enseignant. Enfin si c'était le cas, il ne se ferait pas virer de cours. Tu commences sérieusement à douter qu'il soit réellement étudiant ici. Au fond l'un comme l'autre ne te dérange pas, s'il t'a menti c'est qu'il doit avoir une bonne raison. Lorsqu'il te demande quelle option tu as pris, tu n'as pas envie de déballer l'intitulé de tes matières comme neurologie ou endocrinologie. Tu n'as pas envie de lui expliquer en quoi cela consiste et tu n'es pas là pour lui faire un cours accéléré sur la médecine.

« Je ne savais pas que les étudiants en communication avaient des options de physique…enfin…moi j'ai choisi la spécialisation chirurgie…tu sais tu peux le dire si tu n'es pas étudiant. Cela ne me dérange pas. Je veux dire, tu peux être franc avec moi, je ne te jugerais pas…»

Tu esquisses un sourire un peu gêné de remettre en question ce qu'il te dit. Tu n'as pas envie qu'il pense que tu le prennes pour un menteur, pourtant dans un sens c'est l'impression que tu as. Son discours est un peu incohérent et les anecdotes qu'il place sont confuses. En même temps, il n'a pas de sac, pas un cahier à la main et rien pour noter. Toi tu as la panoplie complète avec même des livres dans les bras, puisque le tout ne rentre pas dans la basasse que tu portes en bandoulière. Lorsqu'il te dit qu'il doit passer chez lui en souriant, tu acquisses sans poser de question. Il a peut-être envie de se changer, de prendre une douche ou c'est simplement une façon d'esquiver cette sortie. Il pourrait te poser un lapin et tu ne le reverrais plus jamais. Après tout tu viens presque de le traiter de menteur et tu te doutes qu'il va mal le prendre. Malgré tout tu reprends, espérant qu'il puisse accepter de te retrouver ailleurs quand dans un bar d'étudiants.

« Oui pas de problème, je comptais aussi poser mes affaires de cours. On peut se retrouver au bar. Tu connais le Brad's pub ? »

Personne ne se fait d'idées sur personne et c'est bien mieux ainsi. Tu ignores même comment cette conversation a dérivé à ces propos. Tu laisses un sourire apparaître sur ton visage, avant de porter ton attention sur les gens tout autour de vous deux. Ce sont tous des étudiants, peut-être que tu t'aurais plu à faire comme eux. Prendre le temps de décider de ce que tu veux faire de ta vie, prendre le temps de peser le pour et le contre de ce qui t'attends dès demain. Étudier, aller à des fêtes d'étudiants, trouver ta perle rare parmi des garçons de ton âge. Ne pas avoir peur d'être toi-même. Juste pour ça, tu crois que les études auraient pu t'aider. Et tu n'aurais certainement pas étudié en bourses, en chiffre, ni même en manipulation d'argent. Tu ne connais pas la vraie valeur de cette dernière et tu ne sais pas compter. Ça ne sert strictement à rien tout ça. Tu n'aurais pas fait biologie non plus, tu as de la difficulté à accepter ton propre corps, tu ne te vois donc pas commencer à t'occuper de celui des autres. Peut-être en physique, comme en éducation physique. Tu aimes te dépenser, essayer de toujours te rendre plus loin d'ou tu as été. En sport, peut-être. Peut-être en natation, tu n'en sais rien. Tout ce que tu sais, c'est que tu es assez nul lorsqu'il est question d'appellation de mots ou encore, de compter autrement que sur tes doigts. - Content pour toi. - Deuxième fois qu'il t'annonce qu'il a quelqu'un dans sa vie. Est-ce vraiment nécessaire ? Tu n'en sais rien. As-tu l'air du garçon qui se cherche désespérément quelqu'un ? Tu espères bien que non, puisque ce n'est pas le but, puisque ce n'est pas ce que tu cherches. Tu es bien seul et puis, tu n'es pas prêt à te consacrer corps et âme à quelqu'un que tu ne connais pas. Mais alors là, pas du tout.  

Tu décides de parler un peu d'études. Pourquoi ? Pour trouver un sujet de conversation. Il est évident que vous ne venez pas de la même classe sociale. Il est également très simple de voir qu'il est bien mieux que toi. Uniquement de la manière de placer ses cheveux, c'est assez pour toi, assez pour comprendre qu'il doit venir d'une famille assez aisé. Peut-être à cause de ses études aussi. Tu sais bien que le tout ne veut rien dire, mais ça veut tout de même en dire long. Même si tu as des notes qui dépasses les moyennes et que tu souhaites intégrer une école de médecine, par exemple, mais que tu n'as pas un sous … Il se pourrait bien que tu ne sois pas accepté. Même chose pour les études en droit ou en enseignement. Peut-être aurais-tu été à ta place, comme enseignant ? Tu ne le sais pas, et tu ne le sauras jamais. Triste vie. - De … - Tu vois bien que tu t'es trompé à quelque part, que tu n'aurais peut-être pas dû parler de physique. Yuki doit bien avoir un cours en physique, avec les études qu'il emploies. Peut-être aurais-tu dû parler de cours de couture ? Ou de cuisine ? Est-ce qu'un cours en cuisine se donne, à l'Université ? Tu restes sans réponse quelques secondes, essayant de trouver tes mots. - Je ne vois pas pourquoi je te mentirais sur de banals cours. - Est-ce suffisant ? Peut-être pas. - Je t'apporterai mes notes de cours, tu verras que j'ai bien cours de physique et que c'est assez mortel. - Tu restes sans voix, essayant de trouver une manière de pouvoir voler les cours de quelqu'un et ce, dans un temps record. Tu ne te vois juste pas devoir justifier tout ce que tu fais, tout ce que tu dis. Mais si c'est pour lui faire plaisir, si c'est pour t'en faire un ami … Peut-être commenceras-tu à voler des sacs de cours de temps à autre, espérant trouver ce que tu veux le plus simplement possible.

Espérant arriver à changer de sujet, tu lui a annoncé vouloir partir chez toi quelques minutes. Prendre le temps de te changer de vêtement ne te ferais pas de tort. Tu as tendance à prendre soin de toi et encore plus lorsqu'il t'arrives d'aller prendre un verre. Tu ne veux pas faire honte à ton nouvel ami, tu veux que ce dernier puisse avoir une belle image de toi pour les prochaines années à venir. Tu hoches la tête à tous ses mots. Pas question de passer une chance pareil, soit que vous puissiez vous donner rendez-vous dans quelques minutes. Au fond, tu ne savais pas trop comment te débrouiller, comment tu pourrais le laisser en plan et te diriger chez toi. Pas que tu détestes où tu loges, bien au contraire, mais disons que tu ne veux pas qu'il puisse comprendre que tu n'es pas réellement le genre de garçon à rouler sur l'or. Tu veux montrer une jolie facette de toi et montrer ton logis … c'est-ce que tu peux appeler un tue-l'amour. - Je connais sans problème. On se dit à dans … quinze, vingt minutes ? - Tu ne veux pas lui dire une heure ou deux, tu ne veux pas prendre la chance qu'il puisse se trouver quelque chose d'autre à faire ce soir que de passer du temps avec toi. Tu veux l'avoir près de toi, ne serait-ce que pour cette soirée. Te sentir important et pouvoir discuter de n'importe quoi avec quelqu'un de ton âge, autour d'un verre. - Je t'emmènerai mes notes de cours en même temps, question que tu puisses arrêter de penser que je suis un vieux pédophile de soixante ans, qui se prend pour un étudiant de l'Université. -

Tu as gardé un sourire figé lorsqu'il a dit être content pour toi. Tu te mens à toi-même et tu espères que les autres vont te croire. C'est triste mais si tu étais si heureux en couple, tu ne l'aurais pas fui, elle, sa famille et la tienne. Tu essayes toujours de te convaincre qu'elle est faite pour toi, que tu l'aimes. Après tout c'est une amie et tu as de l'affection pour elle. Seulement tu n'es pas certain d'être amoureux, tu doutes et pourtant tu as déjà fait l'amour avec elle. Tu dois te marier avec elle, fonder une famille et avoir des enfants. Enfin tout ça est loin, comme elle, comme ta famille et les pressions qu'ils peuvent te mettre. Tu as de la chance c'est évident, tu ne vas pas te plaindre. Pourtant tu n'as pas nagé dans l'amour et l'affection de tes parents adoptifs. La discipline et l'obéissant étaient maître mots au sein du foyer où tu as grandis. Les rares fois où tu as voulu sortir des rails, ils te l'ont fait amèrement regretter, te menaçant même de te renvoyer d'où tu venais. Parfois tu te demandes ce que tu serais devenu si tu étais revenu à l'orphelinat. Tu ne ferais surement pas des études de médecine, peut-être que tu ferais juste du bénévolat pour aider les plus démunies. Seulement tu as préféré jouer les égoïstes, courber l'échine et profiter de la chance qui t'était offerte. Aujourd'hui tu as réussi à t'éloigner d'eux et il est clair que tu finiras par couper les ponts, qu'importe s'ils te déshéritent. Tu t'es fait une raison, tu es seul et tu seras toujours seul. Tu te souviens de parole de ta mère biologie, elle te disait de te faire des amis pour ne pas finir seul. C'est exactement ce que tu essayes de faire avec Sun. Tu as besoin d'être entouré pour lutter contre la solitude qui te colle à la peau. C'est pourtant le fardeau de tous les médecins, marié à leur travail sans aucune vie sociale.

Tu as remis en doute les paroles de Sun et alors qu'il te répond, tu peux voir qu'il a l'air clean. En tout cas, il n'est pas drogué, ça tu en es presque sûr. Sa réaction t'arrache une moue dubitative. Tu ne crois pas un mot de ce qu'il te dit et tu serais curieux de voir ses notes. C'est peut être possible qu'il suive des cours de physique, mais cela te parait improbable. Tu as le sentiment qu'il ne te dis pas la vérité. D'abord il t'a rendu l'ordonnance à l'hôpital, prétextant qu'il ne peut pas obtenir ces médicaments alors qu'il t'affirme maintenant être étudiant. Il n'a même pas un cahier à la main, ni même un sac et son discours, sur ses études, est confus. Tu ne crois pas un mot de ce qu'il dit mais…tu n'en as rien à faire.

« Non, non, ça ira. Je te crois. Et puis quelle importance…qu'est-ce que ça change…»

Tu as murmuré tes dernières paroles en haussant les épaules. En réalité qu'il soit étudiant ou pas, qu'il te ment ou pas, tu n'en moques. Il t'a dit avoir confiance en toi, mais il n'est peut-être pas prêt à te considérer comme un ami et à être honnête. Il a peut-être des choses à cacher, un passé douloureux et une vie compliquée. Au fond cela t'attire plus que cela te rebute. Tu as toujours aimé aider les gens. Ce n'est pas pour rien que tu fais médecine. Alors te jeter à corps perdu dans une relation basée sur le mensonge dans l'espoir de pouvoir aider quelqu'un, c'est tout toi. Alors tant pis s'il te ment, tu l'acceptes. Tu lui proposes même un bar et il approuve.

« Vingt minutes, c'est parfait ! »

Tu affiches un sourire franc qui s'efface quand il ajoute qu'il peut prendre ses notes de cours. Tu soupires, gêné, en te grattant la tête.

« Je ne te prends pas pour un pédophile, juste pour un dealer de drogue mais c'est pas grave. »

Tu ris à ta propre blague avant de lui frapper l'épaule amicalement. En réalité peu importe s'il fait des études ou pas, s'il est livreur de pizza, dealer de drogue, arnaqueur professionnel ou un simple étudiant paumé.

« Tu as dit que tu avais de bonnes notes mais si jamais t'as des soucis en physique, je pourrais t'aider. »

Tu ajoutes un clin d'œil avant de t'éloigner. Une fois à quelques mètres tu le salues de la main rapidement en lui lançant un "à toute de suite" Tu es alors parti en direction du métro. Tu n'habites pas loin dans une résidence universitaire. Une fois chez toi, tu t'es occupé de ton chat. Elle est plutôt affectueuse et tu as pris le temps de la câliner comme il se doit. Tu sais qu'elle va te faire la gueule si tu ne le fais pas. Tu as envoyé des messages à ta fiancée, la prévenant que tu sortais pour la soirée. Comme d'habitude elle t'a demandé où, avec qui, pour combien de temps. Tu as répondu à toutes ses questions en te changeant. Tu as troqué ta chemise de cours contre un t-shirt noir propre. Tu as gardé ton jean noir et ta veste rayée de tous les jours. Tu as vidé ton sac des cours, ne laissant que le nécessaire. Après avoir terminé la conversation avec ta fiancée et nourri ta petite protégée à quartes pattes, tu es reparti. Après deux stations de métro, tu es arrivé au bar. Tu n'as pas mis plus de vingt, mais tu ne l'as vu dehors. Tu as fait un tour dedans, mais ne le voyant pas tu t'es installé en terrasse, commandant une bière en l'attendant.

- Et toi, tu étudies en physique ? - Elle hoche la tête et tu décides de t'en prendre à elle. - Putain, t'aurais pas pu faire autre chose de ta vie que te taper le chef de l'équipe de foot ? - Tu t'empresses de passer une main sur ton visage, avant de laisser la demoiselle seule à elle-même, toujours à la recherche d'un cahier de notes. Tu vas devoir passer les quelques minutes de libre, avant d'aller rejoindre Yuki, à chercher quelqu'un qui puisse avoir ce cours. Comme si tu avais le temps de chercher quelque chose d'aussi insignifiant. - Tu étudies en physique, mais tu ne prends aucune note … T'es con ou quoi ? - Tu viens de passer les dernières minutes à faire le tour, ne trouvant personne qui puisse avoir ces foutues notes. Tu es prêt à abandonner lorsqu'une jeune fille te bouscules, faisant tomber ses cahiers … Ainsi que des notes de cours de physique. Tu sais que Yuki t'as mentionné que ce n'était pas important, que tu n'avais rien à lui prouver et que tes notes n'étaient pas nécessaire. Pourtant, tu dois le lui prouver, tu dois trouver une manière de te faire comprendre et surtout, qu'il puisse te croire. Tu es tellement emmêlé dans tes mensonges et dans ce qui te semble vrai, que tu dois trouver une manière de pouvoir lui faire comprendre que tu es étudiant à l'Université. De toute manière, tu ne serais trouver une autre manière de pouvoir le lui prouver.

Lorsqu'il t'as fait mention qu'il te prenais pour un dealer de drogues, tu n'as pas été le premier à rigoler. Tu es même resté quelques secondes sans bouger, la bouche grande ouverte, avant de rigoler une seconde, pas plus. Tu te sens mal de lui mentir de la sorte, mais tu n'as pas le choix. Ce n'est pas juste ton emploi qui est mis en jeu si jamais tu parles trop, mais peut-être ta tête aussi. T'as pas l'impression que le ''patron'' te laissera te faire des tonnes d'amis de ton âge et devenir un peu plus ''jem'enfoutisme'' de tout. Et si c'est le cas, tu devras te montrer plus souvent, sortir et tu seras moins disponible pour faire tes livraisons, pour faire ton emploi. Et ça, tu ne veux pas et tu sais bien que ton ''patron'' ne serait pas du même avis. Tu avais donc laissé Yuki prendre de l'avance, et sans te retourner  vers lui, tu étais parti à la quête des cours de physique. Maintenant avec un cahier de notes en main, et que ce dernier t'es coûté quelques billets pour pouvoir l'emprunter, tu es aux anges. Au diable les coeurs en haut de page, les fleurs qui entourent certaines explications et les gros : I LOVE JAY dans la marge. Tu devras faire avec, tu n'as malheureusement pas trouvé mieux.

Passer chez toi n'a duré que quelques secondes. Pas le temps de te diriger vers le motel le plus proche pour prendre une douche, tu as préféré te vêtir autrement et te rendre au point de rendez-vous ensuite. Tu t'es servi dans l'armoire de ton meilleur ami, décidant de lui voler une chemise de couleur sombre. Ouverte sur un t-shirt blanc et un jean de couleur noir, tu peux passer pour un simple étudiant facilement. Et c'est exactement ce que tu veux. Tu ne veux pas attirer l'attention sur toi, tu ne veux pas devenir l'attraction numéro un. Et surtout, devoir t'expliquer devant Yuki. Si ce dernier te prends pour un dealer de drogues, tu dois lui montrer le contraire. Faire de toi quelqu'un d'autre, parler de tes cours comme si tu étais étudiant depuis des années. Peut-être même te trouver un petit travail ? Serveur dans un café, ça pourrait certainement passer. Peut-être même pourrais-tu t'inventer une sœur qui vit trop loin de chez toi ? Mariée, mère de trois enfants en bas âge ? Son mari la trompe avec sa meilleure amie, elle est au courant de l'histoire, mais ne veux pas divorcer à cause de l'argent ? Sans papier, elle attends avec impatience ton retour pour que tu puisses la sortir de la misère. Elle est du Canada, de Vancouver, tiens. Mais tout ça … c'est certainement trop. Tu devrais peut-être lui dire que tu étudies quelques cours seulement, que tu passes le restant de ton temps ailleurs, ce qui pourrait expliquer le fait que vous ne vous êtes pas croisés avant. De toute manière, t'aurais t-il remarqué avant ? Tu es venu à lui à l'hôpital pour une allergie, mais si ce n'était pas le cas, aurait-il été capable de savoir qui tu étais ? Dans quel cours tu pouvais te trouver ? C'est trop, vraiment trop.

Tu t'avances vers le bar, celui que Yuki voulait que tu puisses le rejoindre. Tu sais que tu as du retard et tu t'en veux. Toi, tu ne voulais que quelques notes de cours pour pouvoir appuyer tes dires. Tu espères que ton nouvel ami ne puisse pas croire que tu ne viendras pas, toi qui lui a donné une heure pour te rejoindre. Tu lui as donné vingt minutes, espérant avoir assez de temps, pas question de remettre le tout à demain. Maintenant, tu te dis que tu aurais pu lui donner quelques heures, qu'ainsi tu aurais pris le temps de tout supprimer dans le cahier, et peut-être même ajouter quelques petites touches pour que le cahier puisse faire un peu plus masculin. - Je vois que tu ne m'as pas attendu. - Tu marques le tout avec un sourire, avant de prendre place devant lui. Tu ne lui en veut pas, c'est vrai que tu as dépassé l'heure prévue. De toute manière, tu aurais fait pareil et tu le sais. Trop souvent, les gens t'ont posé des lapins, t'ont menti … bref … - Content que tu sois là. - Tu as marqué tes lèvres d'un sourire dans sa direction, avant de te mettre à rire, légèrement. - Pas que je pensais que tu ne viendrais pas mais … enfin si. Je pensais que tu m'avais donné ce ''rendez-vous'' pour avoir quelques minutes de paix, parce que je parlais trop. - Tu soupires, avant de porter une main dans tes cheveux, commandant par la même occasion une bière. Tu veux faire comme lui, tu prends la même chose. Tu n'es pas un expert en alcool, tu prends trop souvent ce que le type à tes côtés a dans son verre et tu finis par accepter presque tout ce qui te passes sous le nez ensuite. Comme la dernière fois où tu as pris de l'alcool, la dernière fois où tu t'es retrouvé à quatre pattes devant chez toi, pleurant comme un bébé. - Désolé pour l'attente, j'ai eu … quelques problèmes. La circulation et j'ai dû attendre GD pour voir si c'était possible de … - Tu t'arrêtes quelques secondes, te disant que ça, c'était de trop. Pas la peine de mêler ton meilleur ami à cette discussion. De plus, tu ne l'as même pas vu. Il est vrai que tu aurais aimé lui demander pour l'emprunt que tu lui as fait, la chemise que tu as sur le dos, mais trop pressé, tu es parti sans même lui laisser un mot. Nous sommes vendredi après tout, il doit avoir autre chose à faire de son côté. - C'est mon chien. J'ai … un chien. Enfin bref, désolé du retard. J'espère que tu ne pensais pas que j'allais te laisser seul à cette table ? -  

Tu as commandé une bière plus pour ne pas attendre à une table vide. Tu n'as pas envie de te faire observer bizarrement ou de te faire prendre la table. Tu ne pourrais pas refuser à un groupe l'endroit que tu as choisi. Tu t'es installé dans à une table un peu excentré de la foule, sur une estrade le long d'un mur. Tu sais que les banquettes sont prisées et en plus tu as une vue stratégie sur la porte d'entrée que tu surveilles. Tu n'es pas certain que Sun va venir. Vu ce que tu lui as balancé avant de partir, tu n'es pas sûr qu'il veuille encore te voir et prendre un verre avec toi. Tu as bien remarqué qu'il a eu un temps de réaction avant de rire de ta réplique. Tu n'es pas convaincu de la signification de cette hésitation. Au fond tu as compris qu'il te ment et pourtant tu l'acceptes. Tu n'es pas non plus toujours honnête préférant mentir sur certains points de ta vie. Par exemple tu ne parles jamais de ton adoption, ni de tes problèmes. Tu fais toujours comme si tout allait bien et c'est bien mieux comme ça. Tu ne veux pas avoir de questions indiscrètes sur ta vie alors tu racontes ce qui t'arrange. Tu ne peux donc pas en vouloir aux gens qui font pareil, qui es-tu pour juger de la vie des autres ? Tu n'as pas touché à ta bière, préférant attendre pour savoir s'il va venir. Tu lui donnes une demi-heure, s'il n'est toujours pas là, tu videras ton verre et tu iras déprimé chez toi, te plongeant dans tes cours pour oublier.


Tu esquisses un léger sourire quand tu le vois passer la porte. Tu reprends vite une attitude plus neutre et tu lui fais signe. A sa réflexion tu réponds par un sourire gêné. Lui est souriant, il rit étant ravi que tu sois venu. Tu le laisses s'installer alors qu'il t'explique qu'il n'était pas sûr que tu viendrais. Tu pouffes un peu de rire avant d'ajouter.

« Je t'avoue que je n'étais pas sûr que tu viendrais non plus. Je veux dire…enfin je suis content que tu sois là. Je t'ai quand même attendu avant de boire.»

Tu indiques son verre encore intact en signe de bonne foi. Tu n'as pas à te justifier, mais tu veux lui montrer que tu n'es pas sans gêne. Tu n'aimes pas boire seul, tu ne bois pas souvent d'ailleurs. Ce n'est pas ton activité favorite. Tu apprécies sortir de temps en temps pour te changer les idées, pour te vider la tête et oublier un peu le rythme effréné de ta vie. Cependant tu apprécies tout autant passer une soirée tranquille chez toi pour te reposer. En général tu finis souvent par t'endormir sur le canapé pour le plus grand plaisir de ton chat. Tu observes sa mimique et la commande qu'il passe. Tu ne sais pas pourquoi, mais il dégage quelque chose qui te trouble. C'est bien plus que son visage et ses traits qui te rappelle toujours un vieil ami. C'est son regard, l'étincelle qu'il a parfois lorsqu'il sourit qui te donne des frissons. Tu as l'impression d'avoir déjà vu ce regard et ton ventre se serre face au mélange de sentiments que cela fait naitre en toi.

Lorsqu'il s'excuse pour le retard, tu le rassures en secouant la tête, signe que ce n'est pas grave du tout. Tu l'écoutes cependant sans l'interrompre. Il mentionne un surnom avant d'interrompre, comme cherchant ses mots. Lorsqu'il termine en avouant que GD est son chien, tu esquisses un sourire. Naïvement tu crois qu'il a sorti son chien et que celui-ci a mis un peu de temps à faire son tour. Tu lui souris pour la rassurer sur sa dernière question.

« Je t'avoue que je ne savais pas trop, après ce que je t'ai dit. Je suis désolé pour ça…Je ne voulais pas être impoli. » Dis-tu en rougissant un peu. « Tu as un chien alors ?! Il est comment ? Tu as des photos ? Moi j'ai un chat, enfin une chatte, elle est très câline. Tu veux la voir ? »

Tu as rebondit sur le sujet des animaux, pensant que la discussion est peut-être plus facile que celle des études. Tu es ravi de pouvoir papoter de rien de très important. Tu veux laisser loin derrière toi les cours, l'université et tous les soucis de la vie. Tu n'es clairement pas là pour faire un état des lieux de sa vie. Tu veux juste en apprendre un peu plus, ce qu'il aime, ce qu'il écoute comme musique, ce qui le fait rire. Tu as juste envie de passer un bon moment avec quelqu'un, peu importe si tu ne le connais pas. Après tout il faut bien commencer quelque part pour devenir ami. Quand son verre arrive, tu lèves le tien pour lui proposer de trinquer.

« A la tienne ! »

C'est vrai, tu ne peux pas dire le contraire, il t'as bien attendu avant de commencer sa soirée et cette simple petite attention te fais sourire bien malgré toi. Même ton meilleur ami ne t'aurais pas attendu. Il serait peut-être même parti sans demander son reste, ne restant même pas dans les parages pour voir si tu serais arrivé avec un peu de retard. Tu l'aimes bien GD, mais enfin. Bref. Tu as surtout hâte qu'il rencontre quelqu'un pour les bonnes valeurs et qu'il puisse arrêter de se prendre la tête avec de parfaites inconnues. Qui ne deviennent pas si inconnues par la suite, vu ce qui se passe lorsque tu n'es pas là. Tu fermes les yeux quelques secondes, te sentant privilégié par autant d'attention. C'est rare pour toi, que quelqu'un puisse t'attendre de la sorte. C'est vrai que tu exagères peut-être un peu, mais tu n'es pas celui qui t'attires les regards pour les bonnes valeurs. Tu passes plus ton temps à chercher quelqu'un à qui parler, d'avoir une conversation qui tourne autrement que par la drogue et lorsque c'est le cas, c'est souvent une conversation qui tourne par l'alcool. Tu n'as pas fait d'études, tu n'as donc pas d'amis d'école. Tu ne travailles pas vraiment, tu n'as donc pas d'amis de travail. Tu ne sors pas dans les clubs, les discothèques, les bars achalandés et les restaurants où tu pourrais rencontrer des gens de ton âge. Ou un peu plus vieux … Bref, ce n'est pas toi qui sort pour te faire de nouveaux amis. Tu as toujours mis les gens dans un cercle à part, ne voulant pas les faire entrer dans ta vie. Tu sais et ce, depuis des années, que tu mourras jeune. Tu ne veux pas t'attacher à la Terre entière et comprendre ensuite que ton heure est venue. On ne rencontre pas des personnes comme toi d'âge mûre, avec des tonnes d'expériences enrichissantes. Tu n'as donc pas grand-chose à raconter aux gens que tu côtoies.  

Tu préfères donc lui mentionner la raison de ton retard. Tu as pris ton temps pour choisir quelque chose de présentable et lorsque tu as pensé à emprunter quelque chose à ton ami, ce dernier n'était pas disponible. La seule chose que tu ne souhaites pas, c'est parler de lui à Yuki. Pas tout de suite, pas maintenant. Tu as trop de mauvais souvenirs pour l'instant en tête, allant même te demander si la chemise que tu portes sur le dos, ne peut pas avoir servis à quelque chose avec une de ces inconnues qu'il aime tant. Tu regrettes ton choix, tu aurais peut-être mieux fait de venir avec ton sweat tout à l'heure. Au moins, tu serais certain de savoir où ce dernier a traîné. Et à quoi il a bien pu servir. Tu croises les bras sur la table lorsque tu fais mention de ton chien, inventant un animal à poil pour te sortir d'affaire. Tu ne sais pas trop où ce mensonge va se terminer. Tu sais seulement que tu ne veux pas commencer à parler de tes fréquentations amicales et surtout, qu'il puisse te demander ce que ce dernier peut bien faire de ses dix doigts. - Impoli pour ? - Tu marques une pause, levant un sourcil bien haut. Tu essaies de te souvenir de ce qu'il a bien pu te dire tout à l'heure et la seule chose qui te vient à l'esprit, est l'histoire de la drogue. Tout bas, tu espères qu'il puisse te parler de quelque chose d'autre, tu ne veux pas commencer à devoir te justifier sur quelque chose que tu fais. Tu es même entrain de te demander s'il ne te connaît pas, s'il n'a pas été engagé par un de tes ''supérieurs'' pour voir comment tu te débrouilles sur le terrain. Ça serait cruel, très cruel même. Lentement, tu es entrain de t'attacher à ce garçon. Lentement, il t'aide à passer par-dessus des problèmes de la journée. Ça ne fait que trois fois que tu le vois, que deux fois que tu as une conversation avec lui et pourtant, tu es déjà entrain de t'attacher à lui. Il est gentil, tu le trouves merveilleux et surtout, probablement bourré d'anecdotes. - J'ai pas de pho … - Tu le laisse terminer sa phrase, espérant pouvoir noyer le chien dans une piscine de paroles. T'as pas l'intention de commencer à harceler les gens autour de toi, de manière à savoir si quelqu'un possède une photo d'un chien. Tu as même laissé les notes de cours sur le comptoir qui te sers de table de cuisine chez toi, c'est assez compliqué comme ça.  

Tu hoches la tête pour la question du chat. T'en as rien à faire de voir une photo de chat, mais si cette photo peut te sauver d'une histoire complètement folle avec un faux chien, tu vas accepter et même en tomber amoureux. Peut-être même lui écrire un livre, qu'est-ce que tu en sait  ! Tu lèves ton verre à ton nouvel ami, avant de lui afficher un sourire franc. Tu as réellement envie que ça puisse fonctionner entre vous deux, tu es prêt à faire des efforts pour qu'il puisse rester un minimum avec toi. Tu ne saurais comment l'expliquer, mais tu as confiance en lui et ce, dès la première minute où tu as posé ton regard sur lui, dans cette salle d'attente, avec une folle à tes côtés. Tu as cru comprendre que tu allais le revoir à nouveau et peut-être même lier une amitié avec ce dernier.

- Alors … ça fait longtemps que tu vis dans le coin ? - Plus d'une heure vient de passer à cette table et tu en es à ton troisième verre. Tu commences légèrement à sourire pour un rien, à rire lorsque ce n'est pas le temps. Peut-être devrais-tu commencer à lâcher l'alcool ? - Je t'en offre un autre ? -   

Tu as rougi lorsqu'il a souri et tu as même baissé la tête lorsqu'il a demandé à quelle impolitesse tu faisais référence. Tu ne sais pas laquelle lui mentionner, le fait que tu doutes qu'il soit étudiant à cause de ton discours ou de sa tenue, que tu le prennes pour un sans papier ou un dealer de drogue. Tu lui as dit tellement d'absurdités que tu ne sais pas pour laquelle t'excuse. Tu hausses les épaules sans le regarder, fixant le verre que tu n'as pas commencé. Au fond tu t'en moques de savoir s'il te dit la vérité ou pas. Au final toi aussi tu mens sur bon nombre de sujets. Tu as beau essayer de te faire des amis, tu n'es pas toujours honnête avec les gens. La seule chose que tu cris haut et fort c'est que tu as une petite amie qui t'attend. C'est vrai mais c'est surtout une excuse pour que personne ne te drague. Tu es soulagé qu'il n'insiste pas pour savoir de quoi tu t'excuses. Tu t'engouffres dans la conversation sur les animaux, trouvant l'opportunité de discuter un peu. Tu fais la moue lorsqu'il avoue ne pas avoir de photo. C'est assez rare qu'un propriétaire ne prenne pas au moins une ou deux photos. Malgré tout, cette fois tu ne soupçonnes pas de mauvaise foi de sa part. Il fait peut être partie de ceux qui ne sont pas fan des photos ou qui n'en trouve pas l'utilité.
Il va te prendre pour un gaga en voyant la galerie que tu tiens sur ton chat. En effet toi tu prends souvent des photos d'elle, que tu envoies à ta fiancée ou simplement pour toi. Tu esquisses un sourire radieux quand il accepte de les voir. Tu espères que ce sujet de conversation sera une bonne ouverture pour la suite. Tu lui montres donc plusieurs photos de la chatte rousse qui anime ta vie. Tu lui racontes le caractère précieux et un peu possessive. Sur certaines photos, tu apparais, c'est souvent celle-là que tu partages avec ta fiancée. Tu rougis passant un peu plus vite celle-ci. Finalement la conversation va bon train, il faut dire que tu pourrais parler indéfiniment de Miss, c'est comme ça que s'appelle ton chat.

Voilà plus d'une heure que tu as trinqué gaiement avec lui, tu as bu au même rythme que lui. Tu n'as pas envie de paraitre alcoolique ou au contraire prude. Tu n'es pas saoul, mais tu es clairement plus détendu après ces trois bières. Tu as le rire et le sourire facile. Lorsqu'il te demande si ça fait longtemps que tu es ici, ta langue se délire doucement.

« Pas si longtemps. Je suis arrivé il y a six mois pour les études, enfin ça tu sais dis-tu en riant légèrement. En réalité je suis coréen, je participe à programme d'échange ici. Et toi alors t'as pas l'air anglais…Euh je veux dire, tu vois ce que je veux dire. Tu vis ici depuis longtemps ? »

Tu as peur qu'il prenne mal ta réplique. C'est assez restrictif de penser qu'il n'est pas anglais parce qu'il est typé asiatique. En même temps tu mettais ta main à couper qu'il a lui aussi des origines coréens. Si les occidentaux ne font pas la différence entre les Chinois, les Japonais, les Coréens, les Vietnamiens ect, ce n'est pas ton cas. Il ne pourra pas te faire croire qu'il est Thaïlandais, mais peut-être qu'il est né en Angleterre et qu'il a simplement des parents d'origines coréennes.

« Je ne dirais pas non. C'est moi qui paie le prochain alors ! »

Tu as dit cela avec enthousiasme tout en lançant ton bras en direction du bar pour appeler le serveur. Tu as vu que c'était comme ça que faisait la plupart des gens. Seulement tu n'as pas vraiment fait attention et tu as frappé quelqu'un qui passait. La fille que tu viens de légèrement bousculer a crié de surprise et son petit ami à côté t'a fusillé du regard. Tu es tellement gêné que tu n'as pas osé dire un mot, restant les yeux écarquillés relevé vers eux.

« Quel abruti, tu pourrais au moins t'excuser ! Quoi tu ne parles pas anglais ?! C'est la meilleure, ça vient ici et ça ne sait même pas prononcer les mots de base. »

« Je ne…Pardon, je n'ai pas fait attention. »

Tu es tellement dérouté par l'attaque verbale de cet anglais que tu as commencé en coréen avant de reprendre en anglais. Une fois tes excuses faites, tu as piqué un fard vers ton verre, espérant que l'incident est clos. Tu n'as pas réellement envie d'attirer l'attention et surtout pas de cette façon. Tu as levé un regard désolé vers Sun, espérant qu'il puisse commander à ta place car tu ne vas pas te risquer à faire une gaffe à nouveau.

Tu aimerais être comme les autres, pouvoir raconter ta vie simplement et pouvoir en rire librement. Pourtant, tu collectionnes tranquillement les mensonges, faisant de ta vie quelque chose que même toi, tu ne voudrais pas. Tu as déjà mentionné être parti en guerre, être un adepte des sports extrêmes, que ta mère est morte noyée, que tu as dû battre un ours à mains nues … Maintenant, tu es dans la peau d'un banal étudiant ayant volé des notes de cours à une jeune femme, propriétaire d'un chien s'appelant GD et surtout, travaillant pour … travaillant au … au quoi déjà ? Est-ce que tu lui as déjà dis que tu travaillais à quelque part ou tu devras lui inventer quelque chose ? Tu ne sais plus, tu en as marre. Tu portes ton verre à tes lèvres, avant de sourire de plus belle. Tu n'es pas saoul, tu es simplement entrain de compter le nombre de points noirs que la table peut posséder. Si elle en possède, bien entendu.

Tu n'es pas saoul …. Disons que tu devrais arrêter de boire immédiatement. Tes dernières paroles ont été compréhensives, mais tu ne te rappelles même pu de la question que tu lui as posé. Tout ce que tu fais, c'est le regarder et le détailler du regard. Tu as de la difficulté à comprendre pourquoi un homme comme lui, peut bien passer sa soirée avec quelqu'un comme toi. T'es assez simple et peut-être trop bordélique pour avoir un ami comme lui dans ta vie. Lentement, tu déposes ton menton dans la paume de ta main, écoutant son discours, sans toutefois comprendre ce qu'il te mentionne. Tu sais qu'il te parle de la ville et de son départ pour cette dernière mais sans plus. Lorsqu'il te repose la même question, tu ne fais qu'hausser les épaules, te disant que cette réponse doit être plus que suffisante. Quoi lui dire, sinon ? Que tu es celui qui est parti en vitesse de chez lui, espérant ne pas avoir les flics collés au derrière. Que tu es celui qui a fui la Corée du Sud pour ne pas avoir plus de problèmes que tu en as déjà, ne voulant plus jamais y retourner. Même pas en visite, même pas pour revoir des gens avec qui, à jamais, ta vie est liée. Pas question de parler de toi, de cette partie de ta vie. Tu es Sunhi, le gars sans réellement d'histoire avant aujourd'hui, avant d'avoir rencontré quelqu'un et de raconté n'importe quoi, les premiers mots qui te viennent à l'esprit. Pour certaines personnes, tu es le petit ami d'une demoiselle raffolant des histoires d'horreur et étudiante en dessin. Pour d'autres, tu es le gamin inaccessible qui ne fait qu'à sa tête et qui envoie promener le monde entier. Tellement de possibilité, tellement d'histoires possible avec seulement quelques années de vie.  

Tu t'empresses de parler alcool à nouveau, ayant peur que ton nouvel ami ne décide de partir, vue la non réceptivité que tu as. Tu n'as pas envie de parler de toi, de ta vie, de ton passé et encore moins de ton présent. Ils ne sont pas beaucoup à savoir ce que tu fais de tes soirées et de la moitié de tes nuits et pourtant, tu trouves que c'est bien suffisant. Pas la peine de mentir autour de toi pour la drogue, sauf à de parfait inconnu. Un peu comme le garçon assis devant toi. Lentement, tu passes ta main sur son bras, lui demandant s'il est d'accord pour un autre verre. Tu espères que c'est le cas, tu n'as pas envie de comprendre que tu le répugne, qu'il a envie de se creuser un trou et disparaître loin de toi. Ton sourire reviens immédiatement lorsqu'il accepte. Tu es certain de ce que tu ressens, c'est réellement la plus belle rencontre que tu as fait de toute ta vie. Aurevoir ton meilleur ami, tu as besoin de voir quelqu'un d'autre un peu. Tu ne peux faire une croix sur GD, tu le sais. Après tout ce que vous avez vécu ensemble, c'est impossible pour tout de tout fuir et de faire comme si ce dernier n'existait pas. Il restera avec toi à jamais, tu le sais, tu lui dois tellement tout. C'est bien grâce à lui que tu peux prendre un verre ce soir. Sans lui, tu serais, depuis longtemps, mort, laissé dans un coin sombre et oublié de tous.  

Est-ce trop tard pour mentionner à la Terre entière que tu viens de te faire un nouvel ami ? Tu as peur de trop t'avancer, de mentionner quelque chose que tu ne devrais pas et qu'au final, qu'il puisse mal le prendre. L'appeler ''ami'' et que ce n'est pas le cas, te faire fusiller du regard et peut-être même recevoir le verre d'alcool au visage, celui qui s'apprête à commander pour toi. Un pour toi, un pour lui. Deux nouveaux verres devant vous, pour allonger la soirée. Mais les verres ne verront jamais le jour, vu que Yuki décide de s'en prendre à une demoiselle qui passait tout près. Tu n'as pas l'impression qu'il l'a réellement attaqué mais tu restes tout de même sur tes gardes, fronçant les sourcils lorsque son petit ami décide de s'en prendre à ton ami. - Ohhhh du calme. Tu es laid et très méchant et je ne m'en prend pas à toi … Reste tranquille, les singes ne parlent pas l'anglais. D'où as-tu appris les mots de base ? - Tu hausses un sourcil, bien décidé à défendre Yuki par la parole. Par les poings, c'est autre chose, tu as un meilleur ami pour te venir en aide. - On reste poli, si on est pas joli. - Tu aurais dû arrêter à deux verres, ne pas respirer ou regarder le troisième. Et encore moins le boire … Tu te retournes soudainement vers un serveur qui ne se trouve pas si loin de votre table, avant de lui faire signe. - Deux verres, même chose ici … et un dictionnaire du savoir-vivre pour monsieur … - Tu as pointé le mec désagréable tout près de vous deux, avant de te mettre à rire. Prenant un ton hautain, tu t'adresses au fouteur de trouble et ce, en Coréen. - Il n'a peut-être pas tout les mots sur le bout de la langue mais lui au moins, il a assez de respect pour pas déranger les autres … -   

Tu te sens plutôt à l'aise avec lui. Tu es quelqu'un de plutôt sociale. Tu ne parais pas timide ou réservé. Tu parles ouvertement de ton chat et tu réponds à sa question sans gêne. Tu n'as pas honte de tes origines, de toute façon elles se voient comme le nez au milieu de la figure. Ton anglais est correct mais ton accent ne permet aucune équivoque. Égale à toi-même tu es bavard et tu lui retournes la question sans penser à mal. Tu comprends que c'est déplacé alors quand il hausse les épaules en gardant le silence. Tu l'observes en te demandant pourquoi il refuse de parler. Est-ce qu'il a un passé compliqué et qu'il ne souhaite pas s'étendre la dessus ? Est-ce qu'il est réellement un dealer de drogue ou pire un meurtrier recherché. Il ne circulerait pas aussi librement si c'était le cas. En le détaillant ton propre passé te revient au visage et tu serres les dents. Il te rappelle ton ami à l'orphelinat, son nez et ses yeux se superposent à son image, te laissant un gout amer en bouche. Tu ne veux pas penser à ton passé, à ton pays natale ou à ta fiancée. Tu as beau parler librement, souvent tu ne dis pas toute la vérité et tu omets volontairement certains détails. Tout le monde fait ça et ce n'est pas un mal. Enfin c'est ce que tu penses, mais visiblement lui n'a pas envie de parler du tout. Son refus te met un instant mal à l'aise, jusqu'à ce qu'il te caresse le bras. Tu blanchis un peu et ce contact t'arrache un frisson. Tu répliques un sourire à son rictus, incapable de faire autre chose. Pour éviter qu'il ne voit ton trouble, tu acceptes le verre qu'il propose. Tu lèves ce même bras pour interpeller le serveur et là c'est le drame.

Si jusque-là tu étais souriant et loquasse, d'un coup tu rougis, baissant la tête en t'excusant à demi-mot. Tu n'aimes pas les conflits, surtout lorsque tu en es l'auteur. Décidément tu deviens réellement maladroit lorsque tu es gêné. Bizarrement ce garçon a un effet sur toi que tu ne comprends pas bien. Est-ce que c'est sa ressemblance qui te perturbe ou autre chose ? Pourquoi est-ce que tu es avec lui ? Tu es certain qu'il t'a menti, qu'il n'est pas étudiant et pourtant tu t'en moques. Tu veux apprendre à le connaitre et malgré son refus tu n'es pas prêt à abandonner. Tu es souvent attiré par les gens à problème, ce n'est pas nouveau. C'est exactement ce qui t'attire chez lui, le mystère qui l'entoure, son regard doux et son sourire charmeur. C'est d'ailleurs vers lui que tu te tournes après t'être excusé. Tu espères par ce geste faire comprendre au couple à côté que la conversation est terminée. A moins que tu cherches un soutien, c'est surement un peu des deux. Tu entre-ouvres la bouche quand Sun se met à prendre sa défense. Tu blanchis à nouveau alors qu'il agresse à son tour verbalement l'homme, déjà passablement énervé. Tu n'es pas certain que cela soit la bonne méthode. L'électricité dans l'air se fait sentir et tu en frisonnes. Il l'insulte de singe, de laid et qu'il ferait mieux de rester poli. Il surenchérie sur le savoir-vivre et tu ne sais plus ou te mettre. Tu n'aimes pas provoquer les gens, ni par la parole, ni par les gestes. Déjà à l'orphelinat tu évites les brutes et tout au long de ta vie tu as soigneusement évité les bagarres. Lorsqu'il termine en parlant en coréen, tu es certain que l'anglais n'a rien compris. Par la même occasion tu découvres qu'il parle ta langue natale. Tu esquisses un sourire rapide, signe que tu es d'accord avec ces paroles.

« Pour qui tu te prends espèce de bridé. Tu pales de politesse mais laisse-moi rire. La moindre des choses c'est de parler anglais quand on est en Angleterre, sinon tu n'avais qu'à rester dans ton pays de merde ! »

L'homme n'a visiblement pas apprécié de se faire insulter. Son amie a beau lui tenir le bras, il s'approche de la table un air menaçant sur le visage. Tu sens que cette conversation va mal tourner. Instinctivement tu t'es donc levé pour t'interposer. Tu as peur que l'homme s'en prenne physiquement à Sun.

«  Ecoutez, on est désolé, on ne voul…. »

Ce que tu redoutes, à juste titre, arrive, puisque la droite de l'homme qui s'est enclenché n'a pas atterrie sur Sun mais sur ta joue. Tu as accusé le coup en lâchant un râle sec. Tu as même vacillé en reculant pour t'adosser la table. Ta main est venue se poser à l'endroit du coup. Sous la surprise tu t'es mordu la langue. C'est ce que tu soupçonnes en sentant le gout du sang dans ta bouche. Toujours avec ta main contre ta joue, tu as relevé ton regard vers l'homme. Tu as croisé son regard haineux et tu comprends qu'il n'a pas l'intention d'en rester là. Sa voix se fait entendre à nouveau.

« Alors c'est ça un couple de pédale ! Y en a un qui ouvre sa grande bouche et l'autre prend les coups. Vous êtes pathétiques ! »

Ce n'est pas exactement ce que tu cherchais. Passer du temps avec lui, affirmatif. Créer une zizanie sans nom, pas vraiment. Même pas du tout. Tu voulais apprendre à le connaître et te voilà sur le bord de ta chaise, à insulter un inconnu. Oui, il avait provoqué verbalement ton nouvel ami, mais pas au point que tu puisses t'en à lui prendre de la sorte. Tu aurais dû te lever, changer de place ou tout simplement, laisser Yuki se débrouiller seul et ensuite, parler dans le dos de cet abrutis. Comme tout le monde fait, comme tu t'amuses souvent à faire, lorsque tu es seul. Pourtant, tu voulais pouvoir te montrer fort vers ton nouvel ami, prenant sa défense. L'aider à avancer et … pour ne pas mentir, l'alcool n'aide en rien dans ton cas. Il t'en faut peu pour que tu puisses te rouler par terre et mentionner des mots incompréhensibles. Et c'est environ ce que tu as décidé de faire, te rouler à terre en moins. Pour l'instant, tout du moins.

- Et tu penses qu'il a fait quoi, espèce de sous-merde ? Il s'est excusé, t'as qu'à aller brouter ton herbe un peu plus loin et pas faire chier. - Tu as fini par te lever, suite à tes mots. Le poing du singe, tu ne l'as pas vu venir, ce n'est que lorsque tu as vu Yuki reculer, s'adossant à la table derrière lui, que tu as compris que vous étiez en mauvaise posture et que surtout, l'abruti avait osé poser ses sales pattes sur ton ami. Le suivis de ses insultes te font tiquer, et froncer les sourcils. Alors, c'était ça le problème. Un singe homophobe et sans cervelle, ils étaient gâtés. - Je me souviens très bien d'un garçon qui ne disait pas la même chose lorsque j'étais à genoux devant lui, la semaine passée … - Tu as relevé les yeux devant votre agresseur, avant de lui sauter à la gorge. Tu ne t'es jamais vraiment battu, mais tant pis. Tu es meilleur avec les paroles qu'avec les poings, mais tant pis aussi. Tu ne veux que lui faire comprendre qu'il s'en est pris au ''mauvais couple de gay'' dans le bar. De toute façon, ce n'est pas réellement toi qui dirige ton corps et tes envies, mais bien le troisième verres que tu as pris il y a peu.  

Tu as donc sauté sur le type, sur celui que tu connais vaguement. Enfin, ce n'est pas exactement son faux sourire que tu te rappelles, mais bien ses paroles dégoûtantes et le son de sa voix. Celui de son râle et de … enfin bref. Tu as serré les poings avant de passer par-dessus la table, t'écrasant lamentablement sur le sol, aux pieds de Yuki. Tandis que votre ennemi se moque librement de ta prestation, tu t'empresses de prendre ton verre vide sur ta table, avant de le lui écraser, directement au visage. Tu n'as peut-être pas tapé très fort, mais assez pour le faire reculer, assez pour l'avoir marqué sur le nez. Tu recules, portant une main sur ton cœur, avant de commencer à pleurer. T'as jamais été fort pour le corps à corps et encore ce soir, tu le montre devant tout le monde. Tu t'empresses de reculer un peu, lâchant le verre. Ce dernier tombe sans faire de bruits, avant d'éclater en morceaux entre vous tous. Tu as relevé la tête rapidement, mais pas assez vite avant de comprendre que tu devenu une proie facile aux yeux de l'homophobe. Fuir et te mettre à courir ? Non, même si tu es doublement doué dans ce style de jeu, tu as préféré aller te cacher derrière la petite amie de l'abrutis, espérant qu'elle puisse te servir de bouclier. T'es un lâche, c'est vrai mais peu importe. Tu ne veux que te coucher en boule dans un coin et attendre que le serveur du bar vous mette dehors à coups de pieds au derrière.  

Tu ne sais pas comment cette soirée a pu virer aussi mal. La journée a été longue et tu espérais pouvoir te détendre en bonne compagnie. C'était plutôt bien partie. Après deux verres, tu es un peu plus joyeux. Tu as le sourire facile et le cœur est plus léger. Seulement celui-ci s'est emballé au contact de la main de Sun sur ton bras. Après tout est allé très vite. Tu as bousculé quelqu'un, tu t'es excusé, tu t'es fait insulté et Sun s'est mis traiter ton agresseur de tous les noms. Il ne s'est pas arrêté, il s'est levé et tu savais exactement comment tout cela allait finir, par la violence. Tu ne pouvais pas rester indifférent et tu t'es interposé sans réfléchir.

Le coup de poing que tu as pris à le mérite de te remettre les idées en place. Tu te masses la joue alors que tu as le regard tourné vers le sol. Tu as honte, honte d'être à l'origine d'autant d'histoire, honte d'être pris pour un homosexuel en plein rendez-vous, honte d'être aussi faible. Tu n'es pas du genre bagarreur et tu ne comptes pas répliquer à l'attaque. Les paroles de Sun te font cependant réagir. Tu relèves la tête vers lui les yeux ronds. Est-ce que tu as bien entendu ? Est-ce qu'il s'est déjà réellement retrouvé à genoux devant un homme ? Est-ce qu'il est homosexuel ? Il a déjà eu un comportement étrange à l'hôpital, tenant un discours confus. En soi cela ne te dérange pas qu'il soit attiré par les hommes, les femmes ou les deux. Enfin bizarrement cela réveille en toi une certaine gêne que tu ne comprends pas et cela te met mal à l'aise. Seulement tu n'as pas le temps de penser à cela puisqu'il tente une approche ratée. Lorsqu'il est à tes pieds tu t'es penché sur lui, espérant qu'il ne soit pas fait mal. Encore une fois tu n'as pas le temps de faire plus. Tu t'es à peine penché en tendant la main, que Sun a répliqué au rire moqueur de cet anglais malotrue. Tu as lâché un léger hoquet de surprise face à autant de violence.

L'homme a accusé le coup en grognant mais avant qu'il n'est pu répondre, Sun a eu une réaction surprenante. Tu ne sais pas vraiment s'il regrette son geste ou si c'est la suite de son plan. Il a lâché son arme, s'est mis à pleurer et a pris en otage la fille qui n'avait d'œil que pour son amant. Est-ce que c'est du cinéma ou est-ce que c'est la première fois qu'il frappe quelqu'un ? Tu n'en sais rien et tout défile tellement vite que tu n'as pas le temps de comprendre l'ensemble de la situation. La jeune femme n'a pas dû prendre cette approche d'un bon œil. Pendant que son petit ami rage en vociférant des insultes, celle-ci a mis un coup de coude dans les côtes de Sun en hurlant.

« Ne m'approche pas, sale malade ! »

Son petit ami n'a pas attendu pour lancer à nouveau son poing vers la joue de Sun. Toi tu es resté sans voix. Ta seule réaction a été de te jeter sur cet homme, essayant d'arrêter sa prochaine attaque. Tu es parvenu seulement à l'énerver encore plus et à te faire jeter à terre. Heureusement tu n'es pas tombé dans les morceaux de verre et ta tête n'a pas cogné le sol. Tu ne peux plus aider Sun, en proie aux poings de son agresseur. Tu t'es pourtant levé en hurlant.

« Arrêtez ! Espèce de chien ! »

« Stop ! »

Une voix a couvert la tienne, celle du barman qui est intervenu pour arrêter le massacre. L'homme maitrisé et calmé par les menaces du barman, la situation redevient sous contrôle. Tu t'es empressé de t'approcher de Sun pour voir si tout va bien. L'employé vous ordonnez de sortir avant qu'il n'appelle la police. Il n'en a pas fallu plus pour que tu entraines Sun vers la sortie par le bras. Le barman adresse la même menace au couple en leur indiquant la porte arrière. Il veut surement éviter un conflit devant le bar, mais ce n'est plus ton problème. Une fois dehors tu es resté près de Sun, ne sachant pas trop s'il est en mesure de tenir debout ou de marcher seul. Tu veux constater l'étendue des dégâts et tu approches ta main de son visage pour l'examiner.

Tu ne la pas frappé si fort. Enfin, tu crois. T'en es pas si certain finalement. Tu veux revenir en arrière, à cet après-midi, lorsque Yuki t'as proposé d'aller prendre un verre dans un bar. Tu veux revenir en arrière, retourner à ce moment et lui mentionner que tu veux bien, mais dans un restaurant. À l'autre bout de la ville. Perdu, dans un petit monde, rien que vous deux. Et quelqu'un pour vous apporter des bières aussi, flemme de devoir s'y rendre seul. Pourquoi avoir déclenché une guerre ? Tu n'en sais rien. C'est probablement l'alcool qui commence à parler pour toi, qui te fais agir comme si tu étais un imbécile. Un crétin. Un enfant. Tu ne t'es jamais battu de ta vie et pourtant, tu n'as pas attendu avant de te jeter sur l'homme devant toi, lorsque son poing s'est retrouvé sur la joue de ton nouvel ami. Pour le défendre mais également pour lui montrer qu'il pouvait être en sécurité avec toi. C'est n'importe quoi ... t'as jamais été capable de rester sur tes deux jambes lorsqu'il est question de bagarre. Tu fuis habituellement, t'arrangeant pour que personne ne puisse te suivre et surtout, te traiter de lâche. Tu sais que tu en es un, que tu ne changeras jamais et pourtant, tu ne veux pas l'entendre de la bouche des autres. Tu ne veux pas l'entendre de la bouche des autres, même si c'est arrivé trop souvent depuis les dernières années.

Caché derrière la compagne de votre agresseur, tu espères être en mesure de rester à cet endroit le plus longtemps possible. Tu ne veux pas te retrouver les quatre fers en l'air. Pas comme ça, devant tout le monde. Ce qui te déplais le plus, c'est de voir Yuki et que ce dernier doit assister à tout ça. Tu voudrais te montrer fort devant lui, tel un guerrier. Et à la place, tu es celui qui s'est fait recaler parce qu'il n'arrivait pas à aligner plus de deux mots sans en trembler d'effroi. Tu reçois un coup de coude dans l'estomac, te faisant grimacer, avant de recevoir un magnifique coup de poing au visage. Est-ce à ce moment que tu dois mentionner à ton agresseur que tu ne te souviendras pas de grand-chose demain matin ? Même son visage, tu n'es pas certain de pouvoir t'en souvenir … sauf de sa voix. Du son que cette dernière te fais. Tu frémis de dégoût, avant de te laisser porter par Yuki, ce dernier te tenant fermement par un bras. Tu te laisses bercer vers l'extérieur, ne répliquant pas. Ce n'est que lorsque vous arrivez sur le trottoir, que tu repousses légèrement Yuki d'une main. De manière à ce que ce dernier ne pose pas ses doigts sur ta joue qui te fais atrocement mal. Tu commences à comprendre pourquoi GD te défends sans cesse, ne voulant pas que tu te blesses. - Laisse-moi aller le chercher, je vais le tuer. - Tu fais un pas vers la droite, avant de te rattraper à Yuki, ne te sentant pas très à l'aise sur tes jambes. - Va le chercher, je vais le tuer. -

Depuis que tu es arrivé à Londres, tu ne t'es pas retrouvé dans ce genre de situations. Tu n'es pas quelqu'un de violent, ni brutale. Tu as toujours évité les conflits, même à l'orphelina tu préférais être seul. Si quelqu'un voulait le jouer que tu convoités, tu le cédais sans opposer de réticence. Lorsque tu as été adopté, il en a été de même, tu as bêtement suivie les règles qu'on t'imposait, évitant de faire des vagues. La seule chose que tu as toujours refusé c'est de pratiquer un sport un combat. Tu n'aimes pas faire mal aux autres et l'optique même d'apprendre à se défendre te dérange. Tu n'es pas du genre à te mettre dans des situations dangereuses. Et si jamais tu te fais agressé pour te faire dépouiller, tu préfères tout donner plutôt que chercher à attaquer des agresseurs. Aujourd'hui ne fait pas de différence. Tu n'as pas porté de coups contrairement à Sun. Il a même répliqué par la parole. Finalement il n'a pas eu le dessus et heureusement que le barman est intervenu et vous a fait sortir. Tu n'es pas fier de la tournure de la soirée. Tu t'inquiètes pour Sun, qui a pris plus de coups que toi. Tu veux estimer les dégâts mais il se dégage et tu te mords la joue discrètement. Tu te sens coupable de ce qui arrive. Bien que Sun est cherché l'embrouille, le premier fautif c'est toi. Tu n'as pas fait attention en levant le bras. C'est le contact de la main de Sun qui t'a fait réagir sans faire attention à ton entourage. Tu observes sa joue et tu es soulagé te constater qu'il n'a rien de casser, ni le nez, ni la mâchoire. Il n'a pas craché de sang, tu espères dont qu'il n'a pas de dents cassés. Lorsqu'il reprend la parole, tu fais les yeux ronds alors qu'il s'apprête à aller chercher votre agresseur.

« Attends, tu…»

Il semble frêle sur ses jambes et se rattrape à toi. Tu mets en cause l'alcool qui coule dans son sang et l'adrénaline de la bagarre. Tu lui attrapes le bras pour le soutenir convenablement et tu t'approches du mur pour qu'il puisse y prendre appuie.

« Tu ne vas pas le tuer, t'es pas en état…et il n'en veut pas la peine. »

Tu l'observes quelques secondes en silence. Si précédemment tu étais joyeux, cette altercation t'a fait redescendre. Tu ne sais pas s'il est saoul ou sous le coup de la colère. Quoi qu'il en soit, tu ne peux pas le laisser là. Tu te sentirais mal de l'abandonner alors qu'il vient de prendre ta défense. Toi qui voulait passer une bonne soirée, celle-ci vient d'être écourté. Tu n'as pas envie d'aller dans un autre bar, au risque de recroiser ce type. Tu aurais voulu que les choses se déroulent différemment. Tu aurais préféré continuer à boire et à discuter avec lui. A présent, il semble que le mieux à faire est de le raccompagner chez lui, ou au moins jusqu'au métro. Tu n'es pas certain qu'il soit en état de conduire. Cela ne serait pas prudent de le laisser au volant, si jamais il a une voiture. Il n'a pas répondu à ta précédente question, tu comprends facilement qu'il veut jouer les forts qui n'a pas mal. Toi-même tu ne veux pas qu'il pense que tu as mal. Tu aimerais te masser la joue pour faire passer la douleur mais tu préfères rester en soutien pour lui.

« Viens je te raccompagne, il faut que tu mettes de la glace sur ta joue si tu ne veux pas que ça gonfle. »