Earned It + Maxim

C’est la quatrième fois que tu passes le bout de ta langue sur ta lèvre inférieur, espérant qu’elle puisse l’avoir remarqué. Si c’est le cas, elle ne t’en as pas encore fait mention et tu commences à trouver le temps long. Si au moins elle aurait une main sur la table, entre vous deux, tu aurais pu essayer de la lui caresser délicatement, mais ce n’est pas le cas. Il te reste à lui jouer du pied, mais tu n’oses pas, puisqu’elle a les deux jambes placées vers l’arrière. Si tu veux la toucher, tu devras te coucher à demi sur ta chaise et ce n’est pas ce que tu souhaites. Tu écoutes donc à moitié ses paroles tandis que tu passes d’un sourire à un autre, espérant qu’elle puisse enfin te remarquer et sourire à son tour ou tout simplement, te demander de la suivre à l’arrière du bar. La chanson vient de se terminer, la danseuse termine de ramasser ses sous-vêtements traînant sur la scène avant qu’une nouvelle fille puisse prendre sa place. Toi, tu ne regardes aucunement ce qui se passe sur scène, tu sais exactement ce qui se passe en ce moment.  The Weeknd - Earned It, commence à se faire entendre, tu sais que c’est Célestre qui s’avance sur scène, tu sais par coeur chacun de ses mouvements, de ses déhanchements. Tu en as rêvé pendant des nuits durant, jusqu’à ce que tu comprennes que ça ne servait absolument à rien, que sa copine tenait une petite boutique pas très loin d’ici. Tu n’as jamais compris pourquoi Célestre s’entêtait à venir vendre son corps aux hommes désirant un peu de compagnie, puisqu’elle est aux femmes. Bref, tant que cette dernière t’apportes quelque chose, qui es-tu pour la juger ?

Tu quittes quelques secondes les courbes de la demoiselle pour te concentrer sur ce qu’elle te propose, comme conception de costumes, avant de soupirer. Tu ne comprends même pas pourquoi Arielle tenait absolument à ce que tu la rencontre. Ce qu’elle propose est fade, sans intérêt. - Écoute ma jolie, tu sais où tu te trouves présentement ? C’est pas un restaurant cinq étoiles, au cas où tu ne l’aurais pas remarqué. - Tu tournes le cahier qu’elle vient tout juste de mettre devant toi, pour que ce dernier puisse être devant elle. - Y’a trop de tissus, pas assez de peau. Je ne dirige pas une résidence de bonnes soeurs, mais un club de striptease. - Tu tapotes légèrement le cahier avec ton index, voulant lui faire comprendre ce que tu ne voulais pas, en faisant de grands gestes avec ta main ensuite, tout autour de son cahier. - Tout ça, c’est non. Tu vois vraiment cette beauté revêtir ce que tu proposes ? - Tu pointes tranquillement Célestre pendant deux secondes, tandis qu’elle se déhanche sans problème sur scène, espérant donner le meilleur spectacle de sa vie.. - Je ne comprend même pas ce que tu fais ici à moins qu’Arielle avait espoir que tu puisses me proposer quelque chose en échange d’avoir regarder tes horreurs sur papier ? - Tu croises tes bras sur la table, le regard plongé dans le sien, sourire en coin sur les lèvres. Tu essaies tranquillement de l’apprivoiser, de savoir ce qu’elle veut réellement. - J’ai plutôt l’impression d’une plaisanterie. C’est ça ? Elle t’as engagé pour que tu puisses me faire perdre patience avant que je ne décide de te sauter dessus, c’est ça ? - Tant pis si tu dois lui expliquer autrement tes paroles et ce que tu penses réellement de ce qu’elle fait ici, dans ton bar, à essayer de te vendre des looks différents pour tes danseuses. Tu ne comprends pas pourquoi Arielle souhaitait que tu puisses la rencontrer, il y a anguille sous roche. Tu as beau la regarder, et tu ne vois pas. Elle n’est pas assez bien pour venir danser dans ton bar, même pour ramasser les poubelles lorsque le bar se trouve sous clés. Elle n’est clairement pas ton genre physiquement mais dans le pire des cas, tu peux toujours faire exception, si tu ne trouves personne d’autre ce soir, pour te tenir au chaud.

Il n'a pas vraiment l'air intéressé par ce qu'elle est entrain de lui présenter. Elle en a parfaitement conscience, mais restant professionnelle, elle lui présente les tenues jusqu'aux dernières. Cette rouquine lui avait parlé d'habits sexy sans trop être tape à l'oeil. Jamais elle n'avait précisé que c'était pour habiller des danseuses nues. Au premier coup d'oeil, ses habits n'étaient pas nécessairement trop décalés de ce qu'on s'imaginerait, mais sûrement se serait-elle permise un peu plus de folie. En fait, elle aurait juste refusé le contrat pour être honnête. Juste le fait de parler avec cet homme tout en voyant les filles en arrière plan, ça la rendait mal à l'aise. Il faut dire qu'elle était très pudique, donc ce n'était pas vraiment un endroit où elle aurait aimé mettre les pieds, même si les circonstances étaient particulières. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour le travail... Elle s'attendait à ce que l'homme refuse poliment ou bien lui dise qu'il la rappellerait. Elle n'était pas naïve au point de croire qu'il allait accepter sa collection. Elle voyait bien que ce n'était pas du tout le genre de la maison. Par contre, ses réponses furent pour le moins surprenante. Si elle s'était attendue à un homme professionnel puisqu'il était en affaires, ce n'était pas du tout le cas. Il commence à lui demander si elle sait où elle se trouve. Elle reste bouche bée une seconde avant de lui répondre, ne s'attendant pas à se faire attaquer de la sorte. "Eum oui. Un club de danseuses nues...." Dans le genre moins recommandable comme endroit, il n'y a pas mieux en fait. Il critique ensuite ses vêtements, mais ça semble moins abrupte. Il parle du fait qu'il y a trop de tissus. Elle est bien d'accord et elle hoche la tête de haut en bas. Elle le savait déjà il faut dire. "Je suis désolée, on ne m'avait pas spécifié le genre d'endroit assez spécifiquement j'ai l'impression." Sa voix est douce et à peine audible. Elle est loin d'être à l'aise pour le moment. Elle a l'impression de se faire prendre en défaut et ça lui plait pas. Au lieu de se mettre en colère comme la plupart des gens, elle rougit. Et oui...

Ce n'est que lorsqu'il parle de plaisanterie ou bien d'horreurs sur papier que ses yeux balaient quelques gouttes d'eau. La honte, tout simplement. D'être dans cet endroit et surtout, de se faire juger par ce genre de personne. Jamais elle ne jugerait les gens qui décident de danser pour vivre, mais elle n'aime pas vraiment le comportement de ce Dae. "Je ne vous retiens pas plus longtemps..." Elle commence à ramasser ses papiers, mais elle tremble. C'est donc plus difficile que prévu et elle s'arrête un instant pour prendre une grande respiration avant de continuer de manière plus assurée. Elle n'est pas réellement insultée, juste qu'elle préfère quitter avant de créer des ennuis ou bien insulter plus l'homme devant elle. Elle ne sait pas trop quel genre de personne c'est, mais clairement, elle en sait assez pour savoir qu'il n'aime pas les règles et surtout pas les règles de politesse.

- J’ai l’impression que même si on t’aurais expliqué de fond en comble toute l’histoire, t’aurais rien compris quand même. -  Ce n’est peut-être qu’une simple impression, mais la demoiselle devant toi, tu ne pourrais la laisser seule avec ton chien, de peur de ne plus retrouver ce dernier. Et dire que tu t’en fais pour le chien et que tu n’aimes même pas ce dernier. Tu la regarde sur toutes les coutures, tu ne sais pas réellement comment la décrire, comment tu pourrais la classer. Elle a l’air jeune et chic. Mais tellement idiote et superficielle. Peut-être dans la classe moyenne niveau argent et scolarité et la pire classe au niveau social et humain. Tu n’en sais rien et t’as pas réellement envie de la connaître. Le genre ‘’maîtresse d’école coincée’’, ça ne t’as jamais attiré. Enfin, tu as bien eu ta passe lorsque tu étais à l’école mais depuis que tu as vieillis, c’est quelque chose qui t’attires beaucoup moins. La demoiselle commence à rassembler ses trucs et toi, tout en soupirant d’agacement, tu colles la paume de ta main sur quelques unes de ses feuilles, de manière à ce que ces dernières puissent rester en place, sur la table. - Voyons ma jolie, on ne fait que commencer à se connaître. Laisse moi au moins te payer un verre. - C’est avec un sourire aux lèvres que tu hoches la tête vers l’un de tes employés, espérant qu’il puisse comprendre de vous apporter deux verres de son meilleur vin. Ou de la bière. Vodka. Wisky. CHampagne. Bref, quelque chose de bien mais de ne pas trop cher, vu que tu ne veux pas dépenser trop d’argent pour elle. Déjà que tu ne veux rien savoir de sa collection de robe de matante, tu ne veux pas commencer à lui payer des verres à ne plus finir et qu’elle puisse boire sur ton bras. - T’as surement un joli prénom pour fonctionner avec ce joli visage, han ? -

La main qui tenait ses feuilles quelques instants auparavant, à quitté ces dernières pour aller rejoindre la main de la jeune femme. Tu n’as que déposer tes doigts sur sa main, faisant délicatement des cercles. Ton sourire ne t’as pas quitté, t’espères que ce dernier peut jouer en ta faveur. - Si tu veux réellement que j’achète quelques uns de tes modèles, je crois qu’on peut toujours s’arranger entre nous deux. Je pourrais te faire découvrir ce que la Corée fait de mieux. - Tu sais que ton bar sera calme dans quelques minutes, tu ignores seulement si tu devrais l’inviter dans ton bureau ou t’arranger pour lui faire visiter l’arrière de ton emprise. - On pourrait certainement s’entendre pour cinquante-cinquante ? Tu me montres quel morceau de vêtement tu veux que je puisse t’acheter et je te mentionne ce que je veux pour que ton rêve devienne réaliter. Et si tu essaies tes morceaux de tissus devant moi, je pourrai toujours t’en acheter deux fois plus. - Tu ignores exactement ce que tu ferais avec ce style vestimentaire, tellement tu le trouves affreux. Peut-être une sorte de punition à remettre à celles qui n’écoute rien et qui ne font qu’à leur tête. Tu désobéis ? Tu dois porter cette horreur cinq minutes. Traumatisme assuré.