Un bon coup (Ayleen)

Ce soir, comme souvent, t'as rien à faire, rien de mieux que de te balader. Tu aimes l'empire obscur de la nuit. Le calme qui règne, brisé simplement par le sifflement du vent ou quelques bruits nocturnes. Tu es plutôt un oiseau de nuit, tu trouves que la vérité est souvent masquée sous les feux de la lumière. Tu n'as jamais aimé les gens en journée, ils sont tous hypocrites, se cachant derrière des masques de courtoisie. Cela n'a jamais été ton cas, tu n'as jamais eu une vie normale, tu t'es retrouvé rapidement face à la noirceur de la vie et tu t'es habitué à garder la tête haute quoi qu'il arrive. Ton masque est dénué de toute gentillesse. Si certains traversent la vie en jouant les bons gars, tu n'as pas choisi la même voix. Ce n'est d'ailleurs pas une décision consciente, tu t'es retrouvé dans l'illégalité très jeune et tu as grandi dedans. Ton quotidien c'est baston et altercation. Tu n'es pas un dealer, non tu es plus un homme de main, la palette de tes talents est illimitée, surtout depuis que le gang s'installe à Manfield. Tu dois gérer certaines affaires, surveiller d'autres et résoudre les problèmes. Tu es doué pour ça, régler les soucis en moins temps qu'il n'en faut pour le dire. Tu ne fais pas dans la dentelle, c'est pour ça que tu es efficace. Tu ne te perds pas en parole inutile. Tu n'es pas diplomatie, surtout en affaire. Tu n'as pas été élevé comme certains, l'école de la rue ne t'a pas appris la grande littérature. Tu fais plutôt dans les insultes copieuses. C'est pour ça que tu apprécies la tranquillité d'une nuit de clair de lune. Tu es sur ton skateboard, sans notion de l'heure. La cocaïne dans ton sang va te faire tenir toute la nuit et le join que tu fumes t'aide à ne pas ressentir le froid ou la faim.

Tout en te baladant, tu entends des bruits que tu connais bien, des éclats de voix et du grabuge. Enfant de la rue, tu sais ce que ça signifie, un divertissement. Si la plupart des gens auraient pris peur, toi tu affiches un large sourire, frappant le sol pour accélérer la cadence et rejoins la petite fête. Tu cherches les problèmes, oui, peut-être. Dans un sens c'est plutôt les problèmes qui te trouvent et c'est souvent toi qui clôture la partie. En arrivant à proximité, tu vois une jeune femme prise avec deux hommes. A première vue ils ne ressemblent pas à des voyous, ni à des rivales. Ils ont juste l'air de mec bourrés un peu trop entreprenant. Tu fronces les sourcils, descendant de ta planche, la prenant dans une main. Tu ne t'es pas approché, observant de loin. Tu tires sur ton join en soupirant. Visiblement les rues de Manfield sont aussi dangereuses que celle de Londres. Tu soupires, ce n'est pas la première fois que tu interviens pour aider une fille. Tu es trop bon. En réalité jouer les sauveurs ne te fait ni chaud, ni froid. Ce qui t'amuse vraiment c'est de pouvoir distribuer quelques claques. Au fond tu n'es pas méchant, tu es surement un peu bizarre mais t'es pas un meurtrier sanguinaire. Ok tu as déjà laissé des gens sur le carreau, cela n'enchante pas, parfois tu perds les pédales et d'autres fois c'est juste ton boulot. Alors oui tu fais souvent peur au premier abord alors qu'en vérité, tu es juste un enfant qui n'a pas eu de chance. La vie t'a mis là et tu ne t'en plains pas. Tu ne veux pas être au-dessus des autres, tu veux juste être à la hauteur. Et ce soir, face à cette agression, tu ne peux pas t'empêcher d'intervenir.

Tu t'es avancé discrètement alors que les choses prennent une mauvaise tournure. Tu n'es pas du genre à prendre les gens en traitre alors tu as interpelé ces hommes alors que tu n'étais qu'à quelques mètres. Si d'habitude tu commences avec des insultes, là c'est ta planche qui a parlé en premier, directement dans la mâchoire d'un des agresseurs. C'est peut être exagéré, ils ne sont surement pas armé. Tant pis pour eux, tu es une arme à toi tout seul et au pire tu as une larme dans la poche de ton blouson en cuir, en plus de ton skateboard qui ne te sert pas qu'à te déplacer. Tu ne vas pas mettre longtemps à venir à bout de ces deux gars, s'ils ne s'enfuient pas avant. Tu as provoqué l'autre, sachant qu'il laissera sa victime tranquille. Elle, tu ne sais pas si elle va s'enfuir ou pas. Pas sûr que ce soit eux les plus dangereux dans cette histoire.

« Va y ! Viens t'attaque à un mec pauvre merde ! »