See you again (Dae)

Tu es allongé sur ton lit, le regard planté dans le plafond. Tu n'es pas sous les couvertes pour dormir, ce n'est pas l'heure. Non tu es bien étendu sur le dos les bras écartés, perdu dans tes pensées. Tu n'as pas la force de bouger, ni l'envie. Depuis qu'il s'est fait une place dans ton cœur, il ne veut plus en sortir. Dae occupe toutes tes pensées. C'était déjà le cas avant que tu ne couches avec lui, depuis c'est juste pire. Tu n'arrives pas à comprendre les palpitations dans le bas de ton ventre. Tu fermes les yeux et son image te hante alors tu retournes à la contemplation du plafond. Lorsque tu l'imagines c'est pire que tout. Tu veux le revoir, tu veux le sentir près de toi. Tu as besoin de sentir sa tête appuyée sur ton bras, le poids de sa présence à côté de toi. Tu as lentement tourné la tête d'un côté en essayant de faire apparaitre son image à tes côtés. Tu sais que c'est irrationnel, que tu te fais du mal pour rien, pourtant le simple fait depenser qu'il puisse être à côté de toi, te fait sourire. Tu serres doucement les dents réalisant que tu rêves. Il n'est pas là et tu ne sais pas où il est rendu. Tu as compris que c'était une relation impossible. Pourtant il te manque, tu souffres en silence, son absence fait un bruit sourd dans ta poitrine. Tu n'arrives pas à libérer ton cœur de l'étau dans lequel il est pris. Tu sais qu'il t'attire, est-ce que c'est de l'amour pour autant ? Tu l'ignores, tu ne connais rien de lui, à part ce qu'il a bien voulu te montrer. Tu ne t'expliques pas le besoin irrépressible que tu as de le voir, juste l'apercevoir te suffirait.

Tu ne supportes pas être dans cet état, c'est comme si tu vivais ton premier chagrin d'amour alors que tu n'es pas sûr de l'aimer. Personne ne t'a appris ce qu'était l'amour. Si au moins il y avait un mode d'emploi ou un test pour permettre de cocher des affirmations. Est-ce qu'il occupe toutes vos pensées, du matin jusqu'au soir ? Check. Est-ce que vous le cherchez des yeux constamment n'import ou ? Check. Est-ce que vous souriez en pensant aux moments passés avec lui ? Check. Est-ce que vous avez envie d'être toujours près de lui ? Check. Si cette liste existait, est ce qu'il a une chose que tu ne cocherais pas ? Probablement pas. A moins qu'il est des questions du genre : Est-ce que vous lui en voulez de vous avoir foutu à la porte ? Double check. Tu soupires en reposant tes yeux sur le plafond. Tu n'es pas capable d'arrêter le cours de tes réflexions. Est-ce que tu l'aimes, peut-être, surement, bordel oui mais pourquoi ? Tu n'as pas voulu tomber sous son charme. Tu t'es toujours senti bien en étant seul, alors pourquoi est-ce qu'il a débarqué dans ta vie et a tout chamboulé. Tu n'es même plus capable de faire un service correct au bar tellement il est présent dans ta tête.

Allongé sur ton lit, tu soupires en fermant les yeux. Tant pis si ça fait mal, mais tu veux voir apparaitre son image sur le fond noir de tes paupières. Tu frissonnes alors que les courbes de son visage se dessinent devant toi. Tu revois ce sourire que tu aimes tant. Tu entends ce rire qu'il a lâché lorsque tu avais les mains sur lui, cherchant maladroitement à lui donner du plaisir. Ces souvenirs sont douloureux, car le présent n'est pas à la hauteur du passé, c'est surement ça qu'on appelle la nostalgie. Tu te sens mal en repensant à tout cela. Bien sûr tu gardes un souvenir fantastique de ce qu'il a fait découvrir, seulement le tout est teinté de colère et de regrets. Tu as le cœur lourd. Si le manque est synonyme d'absence, le chagrin lui est un trop plein, trop de souvenirs, trop d'émotions qui s'entassent et débordent sous forme de larmes silencieuses. C'est fou comme tu peux être bizarre parfois, souffrant de son absence et à la fois des souvenirs qu'il t'a laissés. Pourtant il t'a blessé et pas seulement physiquement. Tu lui en as voulu pendant des jours, essayant de le détester. Tu as voulu le haïr pourtant tu as compris que tu en es incapable. Cela te met encore plus en colère, mais lorsque tu es seul tu t'accordes à repenser à cette soirée, te remémorant les bons souvenirs plutôt que les pires.

Seulement voilà, c'est du passé et tu es conscient que tu ne le reverras plus jamais. Tu souffres rien que d'y penser. Tu serres les dents, mais tu finis par te lever du lit. Tu dois aller bosser, ta journée t'attend et tu n'as pas le droit de rester à te morfondre sur ton lit. Tu es donc sorti, monté sur ton vélo et tu t'es rendu à l'argent qui t'embauche. Tu dois pointer et tu dois surtout prendre le nécessaire pour tes livraisons, tablette tactile qui te permet de suivre les commandes et la caisse de transport que tu accroches à ton vélo. Pendant que la secrétaire te parle, tu as synchronisé la tablette pour voir les livraisons de la journée. En général tu fais beaucoup de livraisons de colis, celle-ci sont commandés en avant ou le jour même. Au cours de la journée tu as des notifications, t'indiquant les livraisons qui viennent s'ajouter à la liste d'attendre. C'est surtout aux heures de repas que tu es le plus de notifications, à peu près une toutes les quarts d'heures. Enfin pour l'instant ta première destination est à l'autre bout de la ville tu es déjà fatigué rien que t'y penser. Tu as soupiré lorsque la secrétaire t'a souhaité une bonne journée. Si d'habitude tu es amicale, aujourd'hui tu n'es pas d'humeur. Tu n'as pas envie d'être hypocrite en lui lâchant un sourire et une bonne journée. Tu sais d'avance que la tienne ne sera pas bonne, comme depuis des jours...depuis ce fameux soir ou tu t'es retrouvé à rentrer en taxis sans chemise sous ta veste. Tu n'es plus que l'ombre de toi même et tu n'as pas envie de faire d'efforts ni pour elle, ni pour personne. Tu sais que tu risques gros en boudant tout le monde. Vanessa, au bar, t'a déjà fait la remarque . Tu es presque sûr qu'elle serait capable d'en parler au patron. Tu ne veux pas risquer ton boulot, heureusement être coursier te dégage de politesse mal placé.

Tu as fait ta journée, livrant plusieurs colis et des repas à des clients devenus des habitués. Tu as presque fini, mais une livraison vient de s'ajouter à la liste. Tu ne connais pas l'endroit, ce qui est surprenant car tu as fait le tour de la ville au moins trois fois. Le nom de l'établissement te dire quelque chose : Firemeat. Tu es surement déjà passé devant, mais tu n'as jamais mis les pieds à l'intérieur. Tu t'es mis en route et rapidement tu as rejoint le point d'enlèvement du colis. L'établissement doit être en bar frivole en soirée, à cette heure de la journée les portes viennent tout juste d'ouvrir au public.

Tu as déposé ton vélo contre le mur, vérifiant sur la tablette la fin de la journée. Tu n'as pas ouvert le détail de l'intervention que tu dois faire, en réalité tu n'as pas envie de savoir où tu dois te rendre. La seule chose qui t'intéresse c'est le nombre d'intervention que tu dois faire avant la fin de ta journée et visiblement celle-ci est la dernière. Tu as donc pénétré dans l'établissement. Il ne t'a pas fallu longtemps pour comprendre quel genre de bar s'était. Tu n'en as que faire, tu as simplement envie de réceptionner le colis que tu dois livrer. Tu t'es avancé vers la première personne que tu as. Sa tenue te met un peu mal à l'aise, mais tu t'es présenté comme étant le livreur. La jeune femme t'a demandé t'attendre, ce que tu as fait, restant près de la porte, refusant de faire un pas de plus en voyant l'équipe de danseuses et celle de la salle de mettre en place pour l'ouverture proche.

- T’as qu’à me suivre mon mignon. - Lui dit-elle avec un grand sourire, avant de lui attraper le bras, serrant ce dernier contre elle, de manière à ce qu’il ne puisse pas se sauver. Elle désire le garder auprès d’elle, c’est ainsi que les gens l’aime. Elle n’a peut-être pas beaucoup d’expérience avec la clientèle mais elle connaît les bases et comment s’en servir. Si le patron aurait pu lui donner une note, il lui aurait mis un A + pour l’effort. Peut-être pas pour le service, mais toujours pour l’effort. Elle passe devant des employées, toujours avec le sourire aux lèvres, s’avançant prudemment avec son protégé, ne disant pas d’autres mots. Elle veut bien paraître, elle espère pouvoir faire l’affaire pendant encore un temps, elle a besoin de son emploi. Pour faire vivre sa fille, pour faire vivre son fils. Elle a deux enfants, père manquant, parti avec la gardienne presque mineur de leur plus jeune. Elle ne lui en veux pas … Enfin, peut-être un peu. Il ne s’agissait pas d’une gardienne pour enfant, mais d’un gardien. Enfin, pas totalement. C’était le frère de la petite gardienne. Bon d’accord, c’était le frères de la petite gardienne, qui était en réalité leur voisin et qu’il était bien âgé de vingt-quatre ans et des poussières. Mais ça, elle n’allait jamais l’accepter. Elle préfère se voiler la face avec des mensonges se disant qu’ainsi, lorsque leurs enfants pourront être en âge de comprendre, elle pourra leur faire avaler n’importe quoi. Mais jusque là, elle préfère garder le silence, sachant qu’elle ne pourrait trouver mieux comme travail. Elle ne parle presqu’à personne mais elle n’est pas là pour faire de grandes discussions. Elle est là pour mériter son salaire et faire semblant d’agir comme une gentille fille. Toujours. Ou pas, c’est selon le client.

Elle pousse le coursier devant une porte à demi-fermée, qu’elle ouvre après avoir tapé deux petits coups sur cette dernière, laissant le jeune homme là avant de lui voler un baiser sur la joue. C’est comme une sorte de pourboire car elle sait bien que ce n’est pas son patron qui le lui en donnera un. Elle s’imagine même recevoir un sourire de la part de l’homme qu’elle vient de laisser devant la grotte des problèmes, se disant qu’elle aussi, elle pourrait se trouver quelqu’un comme ça. Il a l’air gentil, il a l’air bien. Pourquoi se trouve t-elle toujours avec les mauvais gars ? Encore hier, son dernier client lui avait laissé une jolie marque. Gênée, elle avait préféré ne pas en glisser mot à son patron. Question d’avoir la paix par se dernier, ayant peur de perdre son emploi par la suite. Ça, elle ne peut se le permettre. C’est la peur qui parle pour elle, elle en tremble presqu’à chaque fois qu’elle s’imagine devoir entrer seule dans le bureau qu’elle vient de quitter sur la pointe des pieds. Elle n’a jamais vu quelqu’un sortir de là avec un sourire. Jamais.

- Si t’es pas contente, c’est pas mon fichu calvaire. - Tu parles en Coréen, tu jures en Coréen aussi. T’en as assez de devoir lui expliquer que tu ne veux rien savoir d’ouvrir ce fichu testament. C’est pas pour elle, combien de fois devras-tu le lui faire comprendre ? Elle est sensiblement comme votre mère, bouchée des deux oreilles. Tu es dos à la porte, tu as uniquement entendu les deux petits coups donnés sur celle-ci. Tu sais qui est derrière toi, même si ce n’est pas toi qui a demandé à le voir. T’as l’impression que ça a pris trop de temps avant qu’il ne vienne te voir … pour prendre cette fichue lettre et partir. Tu n’aimes pas faire affaire avec ce genre de compagnie, préférant rendre toi même tes colis mais aujourd’hui est une exception, tu n’as pas le choix. Trop de travail, tu dois remplacer la danseuse du soir, cette dernière se portant pâle. Tu es également pris avec ta soeur, au téléphone, depuis plus d’une heure. Elle ne cesse de t’appeler, de te harceler pour le testament de votre défunte mère et tu commences à avoir envie de la pousser devant un train. Pas ta mère … Elle, c’est déjà fait.

Sans te retourner, tu fais un bref signe de la main à l’employé qui se trouve derrière toi, voulant lui faire comprendre que tu en as que pour quelques secondes encore, et qu’au pire des cas, l’enveloppe se trouve sur ton bureau. Cette dernière, possédant en lettres carrés l’adresse du THE HOT BIRD, inscrite à l’avant, est bien visible par l’employé. Tu as fait exprès pour tout mettre en évidence, ne voulant pas t’éterniser avec un inconnu. T’en as rien à faire qu’il commence sa journée ou qu’il l’a termine. Tu veux te retrouver seul dans tes affaires quelques instants, avant de terminer ta journée et retourner chez toi. C’est ça, ton programme pour ce soir, rien d’autre. Tu as mal à la tête depuis ce matin, tu as de la difficulté à aligner deux pensées depuis quelques jours. - Tu sais quoi ? Va te faire foutre. - Tu fermes rapidement la communication, tu es persuadé qu’utiliser le Coréen pour parler à ta soeur est un plus pour toi, vu qu’ici, vous êtes peu à comprendre cette langue et ainsi, tu peux avoir au moins une conversation privée lorsque ton bureau est ouvert ou que quelqu’un s’y trouve, à l’intérieur. Tu as même pensé un jour à apprendre le Coréen à Arielle, te disant qu’elle pouvait bien en avoir besoin. Et que ceci pouvait peut-être lui donner un petit air un peu plus féminin. Après le lui avoir proposé, elle t’avait envoyé paître dans ta langue maternelle. Finalement, cette fille renfermait toutes sortes de surprises. - Non mais qu’elle pute … - C’est en te retournant, que ton coeur manqua un battement. Quelques secondes, pas plus. - En parlant de pute … - Tu le regarde de la tête aux pieds, avant de soupirer. - Tu veux quoi ? T’as pas encore compris que je voulais rien savoir de toi ? Faut que tu viennes me harceler jusqu’ici ? Comptes-toi chanceux que j’ai pas appelé la police l’autre soir pour violence. Tu serais pas ici mais en taule. -

La jeune femme que tu as abordé ne s'est pas contentée d'aller chercher le responsable, non elle t'a pris le bras et t'a entrainé un peu plus profond dans cet établissement de luxe. Tu n'es pas du genre à mettre les pieds dans ce genre de lieux et tu es clairement mal à l'aise. Tu aurais voulu te dégager et la suivre avec un pas de recul, mais elle ne t'a pas laissé le choix. Visiblement c'est le style de la maison d'être intime avec les clients. Tu ne veux même pas savoir ce que font les danseuses en extra pour arrondir les salaires. Tu as gardé les sourcils froncés, te laissant traiter en silence. En arrivant devant le bureau tu comprends qu'il s'agit de celui d'un responsable, tu ignores si c'est le patron ou simplement un manager. En réalité tu n'en as rien à faire, tu es pressé de récupérer le colis et quitter ce lieu de débauche. Lorsque la jeune femme t'a embrassé la joue tu t'es raidi en l'observant partir. Elle a clairement une tenue provocatrice et tu crois voir une marque suspecte. Un frisson te parcourt le corps en te demandant comment elle s'est fait ça, seule en tombant dans l'escalier ou de façon beaucoup moins banale. Tu n'as pas le temps de te perdre dans tes pensées qu'une voix résonne, une voix en coréen, une voix que tu reconnais immédiatement.

Ton corps a été secoué d'un tremblement, de tes mains à tes lèvres, tu t'es senti d'un coup faible en comprenant qui était à l'intérieur. Tu t'es retourné lentement pour le voir de dos. Celui qui occupe toutes tes pensées depuis des jours est juste en face de toi, s'engueulant au téléphone. Tous tes souvenirs sont revenus en bloc. Si ce matin tu arrivais à te rappeler les bons souvenirs et à occulter le reste, sa voix froide t'a ramené à des moments que tu aurais préféré oublier. Tu t'es mordu l'intérieur de la joue en te souvenant du contact froid du marbre sur ton visage lorsqu'il ne t'a pas laissé le choix. Tu l'entends encore clairement te traiter de noms d'oiseaux pour que tu quittes son appartement. Tu es resté sur le pas de la porte sans savoir quoi faire. Tu as envie de refuser la livraison et de partir. Si depuis des jours tu espérais le revoir, à présent tu n'es pas sûr de supporter son regard sur toi. Tu le revois dans une tenue beaucoup plus légère et ton cœur commence déjà à s'emballer rien que d'y penser.

Il t'a fait signe d'entrer sans se retourner et tu l'as fait. Tu es ici pour le travail. Tu ne peux pas te permettre de partir sans récupérer son foutu pli, que tu vas devoir livrer dieu sait où. Tu n'as même pas regardé et tu espères juste que ça ne sera pas à l'autre bout de la ville. Tu as les jambes tremblements depuis quelques secondes et tu ne sais pas si c'est à cause de ta rancœur ou d'autres choses. Il ne t'a pas porté attention tout de suite et tu n'as pas fait un bruit, l'écoutant insulter la personne à l'autre bout du téléphone. Tu ne lui as jamais demandé où il travaille et tu découvres que tu aurais préféré ne pas savoir. Finalement cet endroit lui corresponds bien, tu n'es même pas étonné qu'il soit dans un milieu aussi vulgaire. Tu le découvres sous un nouveau jour et cela te donne froid dans le dos lorsqu'il raccroche violemment. Il insulte encore son interlocuteur tout en se tournant vers toi. En croisant son regard tu as retenu un frisson en serrant les dents. Il est encore plus beau que dans tes souvenirs. Sa tenue lui va comme un gant, élégant et gracieux, seulement tu sais que ce corps est encore plus beau sans rien, haletant de plaisir sous tes doigts. Seulement cette pensée n'a pas le temps de traverser ton esprit qu'il t'a insulté sans même un bonjour, soupirant même.

Ton regard est devenu froid et tu as froncé les sourcils. Il pense sérieusement que tu viens le harceler, lui quémander un peu d'attention ou autre chose. Il continue en sortant absurdité sur absurdité. Tu secoues la tête en affichant ton plus beau sourire, narquois et ironique.

« Pfff, tu te prends vraiment pour le nombril du monde toi ! Je suis là pour le colis, abruti. »

Tu gardes un air suffisant sur le visage et un regard provocateur. Tu aimerais être capable d'être plus intelligent que lui et ne pas répliquer. Seulement ce n'est pas le cas, ta fierté d'homme mal placé t'oblige à ne pas te laisser faire. Il a profité de toi dans tous les sens du termes et tu n'es pas prêt de le laisser recommencer. Tu reprends donc, toujours en coréen, préférant éviter que son personnel ne puisse entre ce que tu viens de lui et ce que tu vas lui dire.

« T'attends quoi ?! va y appelles la police. Je suis sûr qu'ils seront ravis d'apprendre ce qui s'est passé chez toi. Il seront surement friand de savoir la violence dont tu peux faire preuve. »

Tu as toujours une marque assez visiblement sur la lèvre, ainsi que son suçon dont tu as pris conscient qu'en arrivant chez toi. Tu n'essayes même pas de le cacher, de toute façon vue l'endroit à part une écharpe ou un pull à col rouler, rien ne pouvait t'aider et vu la saison, tu n'allais clairement pas sortir cet attirail. Alors oui tu le provoques et tu es sûr qu'il comprend très bien ce que tu sous entends. Tu étais consentant mais c'était ta parole contre la sienne et tu es sûr qu'il n'appréciait pas que tu racontes qu'il a été violent et brutale. Tu pourrais même en ajouter un peu. Tu lui affiches toujours un sourire un peu figé avant de lâcher. Au fond tu es resté correct, tu ne l'as pas insulté de pute ou de chienne, comme il l'a fait encore aujourd'hui.

« Il me faudra une signature, si tu veux que je livre ton colis. »

- Je me demande bien qui est le plus abruti entre nous deux. Celui qui donne ou celui qui croyait l’autre amoureux. - T’as envie d’un verre, n’importe lequel, et c’est urgent. Tu pourrais crier à n’importe quel employé de t’apporter une bouteille et au diable le verre, tu prendras directement dans la bouteille. Tu sais bien que Manfield n’est pas si grand, que les chances que tu puisses le recroiser un jour était grande, ayant ton bar à quelques coins de rues de son propre bar. Mais de là à le voir ici, dans ton bureau, son regard croisant le tiens … Peut-être plus deux bouteilles. Oui, tu vas avoir besoin de deux bouteilles, si ce n’est pas trois, uniquement pour faire descendre la boule qui vient de se créer dans le fond de ton estomac. Tu ne peux rien faire d’autre qu’écouter ce qu’il a à te dire, espérant qu’il puisse être bref et repartir ensuite. T’as envie d’annuler le colis, lui dire qu’il se trompe d’endroit, qu’il se trompe d’adresse, qu’il n’est pas question qu’il puisse rester une minute de plus dans cette pièce. Dois-tu appeler la sécurité et le mettre sur la liste noire ? Il reprend en Coréen, et tu lèves les yeux en l’air. - Il y en a une dans le lot qui le sait déjà, la violence que je suis capable d’avoir sur elle … Et elle ne sait jamais plaint. ELLE. - Tu as accentué sur le dernier mot, espérant lui faire comprendre que tu le pointais du doigt ainsi.

Finalement, ta soeur est adorable. C’est une joie de vivre et tu l’adores … quand même pas à ce point là mais quand même plus que le garçon devant toi. L’enfant, devant toi. C’est ainsi que tu le vois depuis le début, même après avoir passé une partie de la nuit collé à lui. Tu ne vois pas pourquoi tu devrais te forcer avec lui, pourquoi tu devrais lui porter respect. Il n’est rien, pas même quelqu’un que tu veux garder près de toi. Avant, tu aurais aimé être son ami, espérant pouvoir t’approcher suffisamment pour lui faire baisser sa garde. Mais maintenant que c’est chose faîte et même avant de devenir ami avec lui … À quoi bon se forcer et faire semblant ? Probablement parce que t’as envie de le connaître et de savoir ce qui se passe dans sa tête. Mais tout ça, tu préfères le garder pour toi, il n’est pas question que tu lui en parle. T’as pas l’intention de tomber dans une sphère infernal et comprendre ensuite que tu ne peux pas t’en tirer, que tu es pris avec tout ça. T’as jamais été le genre de gars à vouloir revoir des aventures, à vouloir avoir des nouvelles d’anciennes conquêtes. Toutefois, t’es heureux de voir qu’il se porte bien, qu’il est toujours en vie et près à répliquer sur tes paroles. Il en l’air en forme, ça te fais sourire un peu. - Et tu vas devoir livrer le colis, si tu souhaites être payé. - Tu marques une pause, avant de prendre un stylo sur ton bureau, portant ce dernier à tes lèvres. - J’imagine que t’as besoin de cette livraison pour manger ce soir, n’est-ce pas ? - Tu penches la tête un peu vers la gauche, mine boudeuse. Tu es entrain de te moquer de lui et tout ça, tu t’en fou. T’as pas eu besoin de faire des recherches sur lui pour comprendre qui il était. Y’a personne qui autoriserait sa tête à faire des heures pareilles. Soit il a bien besoin de deux travail pour arriver à la fin du mois, soit il est fou. Tu mises sur la deuxième option, avec un petit mélange de la première. Puisque tu y es bien obligé, malgré tout. - Au passage, tu me dois quelques verres, je ne fais pas dans la charité. T’as jamais payé ta part … - Ton stylo, tu l’as mis dans ta poche de pantalon, à l’arrière, avant de sourire à pleines dents. - Ne me cherche pas Shin. Me voir en colère, ça n’a jamais fait de bien à personne. Et oui, prend ça pour des menaces. Je ne veux pas te voir dans mon bar. - T’as repris ton air sérieux, il n’est pas question qu’il reste ici. Tu sais aussi que si jamais il refuse de faire la livraison, que t’as qu’un appel à faire pour lui faire perdre son emploi, lui donnant ainsi de mauvaises références s’il a l’intention de se trouver quelque chose d’autre ensuite.. C’est simple, rapide et tellement cruel. Tellement toi.

Tu as levé les yeux au ciel à sa réplique sur l'amour. L'autre soir aussi il t'a attaqué sur le sujet. Tu n'avais pas plus réfuté. De toute façon quoi que tu dises il s'est déjà fait son idée. Depuis le début il lit en toi comme dans un livre ouvert et même si tu ne l'avoues pas, tu es conscient d'avoir des sentiments pour lui. Tu refuses seulement de l'admettre, ayant trop peur de ce que cela implique. Tu ne veux pas laisser aller ton cœur à ces stupidités. Tu es constamment entrain de lutter avec toi-même et pourtant il n'est pas sorti de ta tête ces derniers jours. Tu n'as pas arrêté de penser à lui, imaginant comment tu pourrais le recroiser, comment pourrait se passer les retrouvailles. Tu ne t'étais pas fait des films à l'eau de rose, tu savais que tu aurais du mal à lui pardonner de t'avoir mis dehors, de t'avoir utilisé et jeté. Tu étais conscient qu'il n'allait pas être tendre vu comme il a réagi avec une de ses anciennes conquêtes. Finalement tout ce que tu as imaginé est pire que ce qui se passe là. C'est vrai que tu aimerais avoir des mots plus doux avec lui, mais ils ne sortent pas. Pourtant même si le ton est monté, les insultes ne volent pas, ni les coups. Tu as même reprit un ton plus détaché, refusant d'entrer plus dans son jeu.


« Ouais je me suis fourvoyé et je ne referais pas cette erreur…»

Tu n'as rien d'autres à dire sur le sujet. Tu regrettes pourtant déjà tes mots car en réalité la seule chose que réclame ton cœur c'est son corps contre toi. Il parle d'amour comme s'il savait ce que cela signifiait. Tu ne sais rien de ses expériences, mais ton instinct te dit qu'il parle de choses qu'il ne connait pas non plus. Tu aurais voulu t'adoucir, mais ta raison est plus forte et ton instinct de protection est encore plus attisé par ses paroles brutales. Est-ce que c'est toi qu'il appelle Elle ? Est-ce que c'est la danseuse qui t'a accompagné ici ? Est-ce qu'il serait capable de faire ce genre de choses ? Tu frémis rien qu'à cette pensée et ton sourire disparait. Tu aurais souhaité pouvoir continuer à le narguer, mais il t'a enlevé l'envie, tu as donc terminé en étant un peu plus professionnel. A son sourire, tu as serré les dents, tu ne sais pas s'il est heureux de te revoir ou simplement s'il prend plaisir à te blesser toujours un peu plus.


Il continue à te chercher, appuyant là où ça fait mal en émettant ton besoin d'argent. Tu as le nez qui se retrousse un peu sous un spasme de colère qui passe sur ton visage. Tu aimerais pouvoir lui jeter son coli à la gueule et partir, refusant d'être son coursier même pour deux millions. Seulement tu sais que si tu fais ça, c'est ton boulot que tu vas perdre et tu en as besoin. Tu ne roules pas sur l'or et tu as besoin de ce salaire. Ce n'est pas que tu es dépensier, au contraire tu fais des économies en plus de payer les études de ta sœur. Alors oui, contrairement à lui, tu dois travailler. Seulement tu n'as pas envie de te justifier devant lui. Tu soupires en répliquant d'un ton neutre

« Tu ne sais rien de moi….»

Il a beau te faire une mine limite provocatrice, tu ne réagis pas, soupirant simplement. Tu lui as tendu la tablette en espérant qu'il puisse apposer sa signature et te donner le colis. Sauf qu'il n'en avait pas fini avec toi. Il a repris, te rappelant que tu lui dois un coup à boire. Tu ne sais pas réellement s'il est sérieux, est-ce qu'il veut réellement prendre un autre verre avec toi ? Tu n'es pas certain de ça, tu penses que c'est juste une manière de te rabaisser encore.

Tu n'as pas eu le temps de répliquer qu'il t'a menacé, t'avertissant qu'il pouvait être le pire des enfoirés, enfin c'est ce que tu comprends. Tu t'es retenu de lui dire qu'il ne pouvait pas faire pire que l'autre soir. Ces mots étaient au bord de tes lèvres, mais tu n'as rien dit, parce qu'il a terminé en ajoutant qu'il te ne voulait pas ici. Son sourire t'a perturbé, mais tu es plus troublé parce qu'il vient de t'avouer inconsciemment. Tu comprends que c'est son bar, son établissement et qu'il a tous les pouvoirs en ce lieu. Tu frémis rien qu'en l'imaginant gérer tout ça. Son air sérieux t'a fait froid dans le dos, mais tu as décidé d'afficher un sourire qui se veut tendre.

« J'ai pas envie d'être ici non plus rassure toi, et t'as raison t'es plus beau quand tu gémis…»

Tu as élargi ton sourire. C'est vrai que tu es un peu provocateur, mais tu n'as pas pu t'en empêcher. Tu sais que tu joues avec le feu. D'ordinaire tu n'es pas si téméraire, mais face à lui ton instinct de protection te dicte de nouvelles attitudes. Tu sais que tu vas le regretter, mais à cet instant les mots sont sortis tout seul. Tout ça pour ne pas lui dire qu'il était beau avec son air autoritaire et son nez froncé. Tu n'allais quand même pas lui avouer que malgré toutes les saloperies qu'il te dit, il t'attire toujours. Ta conscience le déteste autant que ton cœur l'aime et tu n'arrives pas à donner raison à l'un ou l'autre. Tu lui as agité la tablette sous le nez en reprenant.

« T'a qu'à signe là et tu n'auras plus à voir ma gueule. Il me semble que je dois qu'UN verre mais je t'enverrais une bouteille si tu y tiens vraiment….»

Tu as plongé ton regard dans le sien. Tu n'es pas certain d'avoir envie de partir. En réalité à cet instant tu n'as qu'une envie, t'approcher pour lui arracher un baiser. Ses lèvres t'appellent mais tu n'as pas fait un pas, te contentant de le dévisager, appréciant les traits tendus de son visage. La dernière fois ce n'était pas pour les même raison qu'il avait l'air mécontent.

Tu as envie de lui dire que ce n’est pas la première erreur qu’il a commise depuis que tu le connais, à commencer par le faire de te parler. Uniquement cette petite chose. Ce n’est pas grand chose, ce n’est pas grandiose et pourtant, c’est assez pour avoir des complications avec toi et avec tout le reste. Le simple fait de t’avoir parlé, t’avais ouvert une voie: flirter. Et tu avais réussi à avoir ce que tu voulais. Lorsque tu le regardes, tu as seulement l’impression de le revoir ce soir là, le soir où tu as pu respirer son odeur beaucoup plus proche que tu n'aurais pu le penser. Ça te fais frissonner, tu espères pouvoir te sortir cette image de la tête. - C’est une erreur de débutant, une erreur d’enfant. - Tu as parlé tranquillement, très lentement, voulant qu’il puisse comprendre chaque mot. Toi et l’amour ? C’est compliqué. Ça n’a jamais été inexistant, mais cela fait longtemps que tu as mis une croix sur tout ça. C’est pas pour toi, tout ce qui est romantique, mignon et agréable. Ça te donnes la nausée et des problèmes d’estomac. Tu ne veux pas dépendre de quelqu’un, être dans l’obligation de rentrer tout les soirs ou de t’expliquer avec quelqu’un. Tu as ta routine, tes choses à toi. Tu as tes habitudes, des envies et tes besoins. Tu ne te vois pas dormir avec quelqu’un, faire l’amour …. Coucher avec la même personne, non plus. Ce n’est pas ton genre, ce n’est pas ce que tu souhaites. Tu as tout de même une réputation à garder dans le milieu et dans ton bar. De toute façon, qui pourrait bien aimer un patron comme toi ? Tu détiens tout de même une part dans ce bar, dans des trafics assez illégals. Même si tu rechercherais l’amour, tu ignores si ce dernier peut exister à quelque part.

- J’en sais assez pour me faire une idée de toi et je peux pas dire que j’apprécie. - Ton ton est revenu sec, t’as besoin qu’il puisse comprendre que tu n’es pas intéressé par lui. Enfin, c’est ce que tu essaies de te faire croire aussi. C’est pas de l’amour, loin de là, c’est de l’attirance. T’es pas amoureux. Enfin, tu croises les doigts dans ta tête pour que ce ne soit pas ça. Tu ne peux pas tomber amoureux, surtout pas de lui. Il n’est pas de ton milieu, pas de ton clan. Tu ne veux pas, t’en as pas besoin. Ce n’est pas fait pour toi. Tu sais que dès qu’il quittera ton bureau, tu pourras respirer normalement. T’as pas besoin de lui. Pas besoin qu’il puisse te parler de la sorte, de te sourire tendrement aussi. Sait-il qu’il est entrain de creuser ta tombe ? Tu arrêtes de parler une seconde, tu poses un sourire sur ton visage à nouveau, avant de soupirer calmement, espérant qu’il puisse t’avoir entendu.

Il te parle d'erreur de débutant et tu grimaces. Tu as presque envie de lui tirer la langue, de lui faire un doigt d'honneur et de partir. Seulement tu n'as pas envie de lui donner raison. Pourtant au fond tu es bien un enfant, un adolescent face à lui, qui ne sait pas comment réagir, ni sur quel pied danser. Lui il a l'air à l'aise, dans son élément, alors que toi tu peines à garder une attitude professionnelle. Tu n'as rien répliqué comme lorsqu'il te dit que le peu qu'il connait de toi ne l'enchante pas. Tu es réellement blessé à ses mots. Jamais l'avis des autres n'a eu d'impact sur ta personne. Tu as connu des connards finis qui t'ont traité d'abruti stupide. Cela ne t'a jamais fait ni chaud, ni froid. Alors pourquoi ses paroles te vexent autant. Tu n'es pas certain de vouloir connaitre la réponse. Tu aimerais ne jamais l'avoir rencontré et retrouver ton quotidien morose ou ton seul souci était d'envoyer un chèque à sa sœur dans les temps. Tu as trouvé ça amusant au départ de le rencontrer, le revoir et entrer dans son univers. Tu t'es presque senti une autre personne lorsque tu étais avec lui. Au fond c'est un peu le cas, il t'a fait découvrir une partie de toi que tu ne soupçonnais même pas. Aujourd'hui tu es juste fatigué que ton cœur le réclame, qu'il ne quitte pas ta tête, d'autant plus lorsqu'il t'envoie des insanités au visage. L'homme que tu as rencontré au Hot Bird te parait loin dans ta mémoire, la douceur de ses baisers te manquent. Pourtant tu gardes un souvenir vif du contact de ses mains sur toi. Tu ne pourras jamais oublier ce qu'il t'a fait vivre et l'avoir en face te perturbe. Tu essayes de garder un air détaché, plaisantant toi aussi, lui servant des sourires mielleux, mais tu comprends que tu ne joues pas sur le même tableau. Il fait ça depuis des années et avec une facilité qui te fait froid dans le dos.

Il te rit au nez et réplique sans hésitation, te rappelant ta position inconfortable, te mentionnant l'innocence que tu as perdue en braillant son nom. Tu serres les dents et une voile de colère s'installe sur ton visage. Il a réussi à te prendre à ton propre jeu. En réalité c'est bien lui qui joue avec toi depuis le début et tu te laisses faire comme la pauvre biche que tu es. Il ne t'a jamais promis monts et merveilles. Il a toujours été clair avec toi, il voulait une aventure d'un soir, seulement tu as espéré. Tu as cru qu'il pouvait peut être…..quoi….tu te gifles mentalement. Tu refuses de l'admettre mais c'est bien vrai. Tu as pensé qu'il pourrait être plus qu'un amant d'un soir, peut être un partenaire régulier, un petit ami secret, un amour interdit. Tu te fais violence pour arrêter de penser à tout ça. Tu n'as jamais voulu tomber amoureux, d'ailleurs ce n'est pas le cas. Ton cœur le désire ardemment pour les plaisirs qu'il peut te donner, rien d'autres. Tu essayes de te convaincre que tu pourras trouver cela avec quelqu'un d'autres, mais à ça, ton sang ne fait qu'un tour.

Il te fait un clin d'œil et tu grimaces de dégout. A cet instant tu le détestes autant que tu l'as aimé le soir où tu t'es livré à lui. Tu n'as qu'une envie c'est de tourner les talons et partir. Ton ventre est noué par la rage et autre chose, cette chose que tu n'arrives toujours pas définir, que tu refuses de nommer. Si précédemment tu étais prêt à jouer, à présent tu t'es raidi face à lui, la tablette tremblante mais plus pour les mêmes raisons.

A tes dernières paroles, il a encore répliqué de façon méchante, te rabaissant à la classe moyen. Il n'a pas tort et tu ne peux pas le nier. Tu n'avais jamais bu un whisky de cette qualité avant de le rencontrer. Il est clair que même si tu achètes la bouteille la plus chère du minimarket de Manfield, cela n'aurait pas le même gout.

« T'es vraiment toujours un connard avec tout le monde ? Ou c'est juste une attitude spéciale pour tes ex-conquêtes ? »

Tu as le regard blasé et tu sais que tu ne fais pas le poids face à lui. Tu as beau essayer aussi force que tu peux. Tu ne dois pas être aussi méchant que lui, même après tout ce qu'il vient de te sortir. Tu es juste en colère. Tu ne dois pas céder et te rabaisser à son niveau. Ce n'est pas l'envie qui manque. Tu aurais aimé lui dire qu'il a, lui aussi, perdu son souffle en remplissant son loft de ton prénom. Tu voudrais lui dire que l'argent ne fait pas le bonheur et n'achète pas l'amour des gens, c'est surement pour ça qu'il se contente que des corps chauds d'inconnus qu'il jette, car personne ne doit pouvoir le supporter. Tu aurais voulu être blessant….Seulement ton travail est en jeu à cet instant. Tu sais que si tu viens à l'insulter copieusement, il pourrait bien appeler à ton boulot et te faire virer. Tu sais qu'il serait capable. Tu ne le connais pas beaucoup, mais assez pour avoir compris que l'argent n'est pas un souci pour lui et qu'il ne comprend pas que cela soit un problème pour toi. Tu as les lèvres tremblantes à deux doigts de lui balancer ces quatre vérités, sauf qu'il n'en a pas fini. Il te sourit à nouveau en plaçant l'enveloppe dans sa poche arrière, te mettant au défi de venir la chercher. A présent c'est trop.

« T'es vraiment un enfoiré Dae ! Tu crois que tu peux parler aux gens comme ça. Et quoi ! Tout ton bar se laisse traiter de la sorte ?! T'es vraiment sérieux, tu te crois puissant parce que tu as de l'argent. Tes billets n'ont pas acheté mon cul la première fois, c'est pas maintenant que ça va commencer. »

Tu as lâché ça d'une traite. Son pli il peut le garder et fait l'avion avec. Tu n'en as rien à faire de perdre cette livraison, de perdre ton boulot et d'être dans la merde. Il est allé trop loin depuis le début. Tu n'es pas un chien qu'on peut traiter, rabaisser et qui revient la queue entre les jambes. Tu refuses d'entrer dans son jeu. Tu sais qu'il meurt d'envie que tu t'approches et tu en as autant envie que lui. Ses lèvres t'appellent, mais tu aurais préféré qu'elles restent sceller pour éviter qu'il sorte des âneries. Tu secoues la tête, voulant clairement lui faire comprendre que tu ne vas pas venir chercher ce qu'il demande. Tu ne répondras plus à ces demandes, même si tu dois le regretter et faire passer ton chagrin dans trois bouteilles bon marché.

« Ton cul n'est pas jaloux que la merde qui sort de ta bouche, pfff tu me écœure. »

Et c'est vrai, tu as le coeur au bord des lèvres, battant si fort que tu es sur qu'il peut l'entendre. Tu lui as tourné le dos, refusant de rester sous son joue plus longtemps. Tu n'as qu'une envie c'est de sortir de cet endroit, quitter les lieux, trouver le premier bar que tu croiseras et te saouler jusqu'à oublier tout ce que tu viens de lui dire, tout ce qui s'est passé avec lui, espérant pouvoir noyer son image avec assez d'alcool.

- Si moi je suis un connard, toi t’es uniquement jaloux. - Jaloux de quoi ? Jaloux de qui ? T’en sais rien, mais il est jaloux voilà. Ça, t’en es certain. Peut-être de ton train de vie. Peut-être de ton assurance aussi. Peut-être du fait que tu ne dois pas parcourir la ville au complet pour apporter quelques papiers banals du point A au point B en vitesse, en espérant avoir un pourboire à la fin de cette livraison. Ce que tu ne lui donneras pas. Tu n’en a jamais donné à quelqu’un et ce n’est pas ce soir que … Tu lui en a déjà donné, tu viens de t’en rappeler. Au comptoir de son bar, lorsque tu es parti, pensant qu’il ne serait pas assez stupide pour tomber dans le panneau, avant de comprendre que c’était tout le contraire et avoir un rendez-vous avec lui, quelques temps plus tard. Tu as alors passé une de tes plus belles nuits mais ça, impossible pour toi de le lui dire, tu préfères garder le tout pour toi et en silence. - Mon attitude de merde, je la donne uniquement à ceux qui la mérite. Je pense que tu peux t’abonner. -

- Non j’avoue, ça a pas fonctionné la première fois. Mais avoue que tu regrettes de ne pas avoir choisi l’argent, après tout ce qui passe entre nous deux ? Tu pourrais nager en pleins bonheur, à la place de devoir t’engueuler avec moi pour garder ton emploi. Tu sais comme moi que sans ma signature, t’es fini. - C’est du chantage et tu en es fier. Tu pourrais peut-être lui demander n’importe quoi en échange de quelques lettres sur sa tablette et le simple fait d’y penser, te plait. Tu souris, tu rigoles un peu. T’imagines les pires scénarios possible, surtout si Shin est prêt de toi. Ce n’est pas pour rien qu’il te rend complètement fou.

Tu fronces les sourcils une seconde, avant d’éclater de rire. - Oula Cendrillon se rebelle ? Tu sais que tu es encore plus craquant lorsque tu perds patience ? - Tu as toujours l’enveloppe dans la poche de ton pantalon, tu n’as pas envie de la lui remettre. T’as envie de jouer avec lui, qu’il puisse te supplier de la lui donner, de te promettre n’importe quoi, uniquement pour qu’il puisse terminer sa journée de travail et comprendre qu’il ne perdra pas son titre ce soir. Peut-être demain par contre. Maintenant, tu sais où le trouver. Peut-être que tu deviendras un habitué de l’entreprise qui l’a engagé. C’est possible, vu l’employé que tu as devant toi. Tu en viens même à te demander si ce n’est pas possible de le choisir lui, lorsque tu appelleras, s’il n’est pas seul à travailler aux mêmes heures. T’as pas envie de croiser Marcel ou Rachel. Lui, et seulement lui. Lui et c’est parfait. - C’est la dernière fois que je te le dis … Ferme la porte derrière toi et viens chercher le colis, si ce dernier est si important pour toi. Et tu sais oh combien je déteste devoir me répéter, comment je change lorsque ma patience frôle la crise. Je suis certain que tu t’en rappelles … - Tu as fini par t’avancer un peu, finissant par déposer tes deux mains à plat sur le bureau, espérant qu’il puisse finir par se retourner et te faire face. T’étais sérieux tout à l’heure, mais il n’est pas seulement craquant lorsqu’il perd patience. Tu peux dire que tu le trouves de ton goût et que tu pris en silence pour qu’il puisse t’écouter et fermer cette fichue porte. - Laisse la déverrouiller si tu ne veux que le colis. Verrouille là si t’as l’intention de passer aux choses sérieuses, et que tu arrêtes de jouer. - De la manière que tu es placé, tu peux voir exactement sa décision, si jamais il décide de fermer cette porte.

Toi jaloux, tu as un hoquet de surprise. Il pense sincèrement que tu envies sa vie ou son argent peut être. Non clairement si tu as refusé les deux millions qui te proposait c'est parce que tu sais que l'argent ne fait pas le bonheur. Ce n'est pas ce que tu dis à ta mère lorsqu'elle t'appelle. Tu le dis que tu veux acheter une maison, les mettre à l'abri du besoin, eux, ta sœur et toi. En réalité c'est vrai que tu aimerais pouvoir vivre une vie différente, ne pas être obligé de travailler en te ruinant la santé, en supportant des clients imbu d'eux même, comme lui par exemple. Alors oui dans un sens tu es peux être jaloux, mais pour rien au monde ne voudrait de son argent. Tu as déjà du mal à demander de l'aider à ton meilleur ami lorsque les mois sont durs alors que tu ne risques pas d'accepter les billets d'un inconnu. Tu ne veux pas être redevable envers qui que ce soit. Il a repris en te proposant un abonnement sa "bonne" humeur, à ces mots tu as lâché, toujours en coréen.

« En plus tu voudrais que je paye pour ça, t'es plus con que je ne le pensais ! »

Tu n'as pas envie de son personnel puisse entendre cette conversation. Tu aurais cru qu'il te fasse sortir bien avant. Après tout c'est son bar et il aurais pu te mettre dehors à coup de pied au cul. Pourtant tu es toujours là, même après les insultes que tu lui as dites. Soit il aime ça, soit ça l'amuse, surement un mélange des deux. Toi tu ne trouves pas ça drôle. Tu as failli commencer à partir lorsqu'il a commencé une tirade. Il essaye encore te faire sortir de tes gonds et il faut être honnête il y arrive avec une facilité déconcentrante. Tu aurais aimé être plus mature que lui, mais tu tombes dans son jeu, encore une fois. Tu as l'impression que quoi que tu fasses, il trouvera toujours un moyen de t'enchainer à lui. A moins que ce sois toi qui l'accepte. Cette pensée t'arrache un grognement de rage, ce qui accompagne la fin de sa tirade. Non tu ne râles pas pour l'argent que tu n'as pas pris, ni pour cette signature qui te réclame mais bon contre toi-même d'être aussi con. Tu devrais partir pourtant tu n'as pas encore passer le pas de la porte, bon signe ou pas tu ne sais pas encore.

«  Tu crois vraiment que le chantage va fonctionner. Ce n'est pas la première fois que tu essuies un refus de ma part avec cette méthode. C'est bizarre, tu sais ce qu'on dit sur la folie, c'est de refaire la même en espérant un résultat différent. »

Tu t'es légèrement tourné en pouffant de rire. Oui tu es à bout, il t'énerve et pourtant en croisant son regard tu vacilles. Il va te rendre dingue, si ce n'est pas déjà fait. Tu l'étais peut être déjà avant de le connaitre, il a juste révélé cette partie de toi, celle-là et d'autres. Un frisson te parcourt lorsqu'il t'appelle Cendrillon et continue en te disant que tu es charmant. Tu fermes les yeux en inspirant lentement. A cet instant tu aimerais t'avancer et lui mettre une gifle, non une droite, comme la dernière fois. Seulement tu sais qu'il pourrait t'attirer plus de problèmes et pas seulement te faire perdre ton travail. Tu ne souhaites pas répondre à sa provocation alors tu t'es a nouveau retourné, prêt à partir. C'est peut-être ce qui l'a fait continuer. Son ton est devenu autoritaire, comme ce fameux soir ou il t'a fait taire. Il te fait sa proposition, non il t'ordonne de venir chercher ton du comme si tu étais un chien.

Tu t'es tourné pour le fusiller du regard et tu l'as vu s'approcher. Tu n'es pas certain d'être capable de ne pas lui mettre ta main dans la gueule s'il s'approche trop. Tu n'as pas peur de lui mais bien de tes réactions. Si tu sentais ses lèvres sur toi, tu pourrais surement abandonner toute raison et venir lui quémander un peu d'amour. Tant pis s'il fait semblant de t'aimer, tu feras semblant de le croire. C'est une façon de te voiler la face pourtant tu refuses d'être sa chose. Il joue trop avec toi, te rappelant encore combien il peut être violent. Si seulement c'était que physique, peut être que tu pourrais encaisser, t'es fait un bois solide. Seulement c'est ta santé mentale qui prend un coup en sa présence. Tu perds ta raison, ta logique et ton calme. Tu t'es retourné à nouveau mais tu n'as pas bougé, hésitant sur la conduite à adopter. Il ajoute deux options à sa proposition, te sous-entendant que tu pourrais bien redécouvrir son corps ici même. Tu es fébrile à cette idée mais ta colère est encore trop présente. Pourtant tu as fait quelques pas, laissant la porte ouverte.


Si depuis tout à l'heure il joue avec toi, c'est à ton tour et tu comptes bien clôturer la partie. Tu as réuni tout le courage donc tu es capable. Rendu à quelques mètres de lui, tu as envie de te jeter contre ses lèvres. Pourtant tu l'as regardé quelques secondes sans rien dire, voulant grave ce visage une dernière fois. Tu lui as souri, tendrement, enfin autant que tu peux. A cet instant, tu n'es pas certain de parvenir à mettre ton plan à exécution, tu es trop proche pour garder le contrôle. Tu as murmuré lentement

«  T'es vraiment trop beau pour être aussi con quel gâchis…»

Ton sourire a disparu alors que ta main est venu rencontrer sa joue pour le gifler. Tu ne l'as pas frappé pour laisser une marque mais simplement pour le remettre à sa place. La claque a fait du bruit, plus qu'elle n'a du faire mal, en même temps tu as lâché.

«  Je ne suis pas une tes chiennes Dae ! Va te faire foutre ! »

Tu as profité de sa surprise pour lui prendre la lettre qu'il avait dans sa poche arrière. Tu t'es un peu reculé avec un sourire victorieux. Tu l'as agité un instant, mais quand tu as vu le nom du bar ou tu travailles, tu comprends alors que cette lettre t'es destiné, enfin c'est ce que tu penses. Tu n'as pas réfléchi une seconde avant de l'ouvrir. Tu n'as pas pris le temps de savoir s'il y avait un mot à l'intérieur, car dès que tu as vu de l'argent tu as froncé les sourcils.

«  T'as encore cru que tu allais pouvoir m'acheter ? C'est pourquoi la chemise que t'a ruiné ? »

Tu lui jettes l'argent au visage en jetant la lettre à traverse la pièce. Tu n'en reviens pas. Tu ne sais pas si tu es heureux de voir qu'il comptait te recontacter ou déçu de voir que c'était encore et toujours pour de l'argent. Tu lui en veux de ne pas t'avoir dit ça plutôt. Tu le détestes de t'avoir parler comme ça tout du long alors qu'en réalité il voulait te revoir. Tu te hais d'être entré dans son jeu, de l'avoir giflé et de tourner les talons à présent. C'est trop pour toi, tu sais que si tu restes dans cette pièce, tu vas craquer, Qu'importe ce qu'il t'a dit, ta colère a été balayé par le plaisir de voir qu'il a peut-être pensé à toi. Encore une fois ton cœur s'est emballé, s'imaginant mille et une chose. Tu sais que tu dois le fuir si tu veux te préserver, tu espères juste qu'il ne va pas te suivre, qu'il ne pas te toucher, qu'il ne va pas…..Tu as claqué la porte en priant au contraire pour qu'il te rattrape.

Sale petit con. Tu aimerais pouvoir le traiter de tout les noms possible mais tu sais que ce n’est pas possible pour toi, qu’il ne comprendrait certainement pas la moitié de tes dires. Plusieurs insultes te viennent en tête mais se sont des mots que ton père t’as appris et tu ignores même si ces derniers peuvent avoir une signification pour quelqu’un qui n’est pas du milieu. Ces injures, tu les a souvent reçu au visage lorsque tu étais jeune, te renforçant pour la suite de ta ‘’carrière’’. Ton père t’as souvent dit que tu ferais mieux de le remercier pour tout ce qu’il avait réussis à l’apprendre au lieu de te plaindre. Toi, tu as toujours dis le contraire, ne voulant pas continuer sur cette voie. T’as souvent pleuré pour ses commentaires blessants et ses gestes un peu trop poussés pour un jeune enfant, comme tu étais. C’est en vieillissant que tu as fini par comprendre qu’il avait raison. C’était pour te renforcer, pour ne pas paniquer au premier refus que tu pourrais avoir. Que tu pourrais facilement être blessé et attaqué sans problème par ton prochain, si ce dernier décidait de s’en prendre à toi. Au fond, t’es reconnaissant. Certainement pas de tout ce que tu as pu endurer, mais de certaines parties. Tu es juste bien heureux de savoir que ce dernier n’est plus là pour te le rappeler comme il pouvait le faire les derniers jours, avant de perdre la vie.

- C’est pas la première fois et pourtant … Le premier refus c’est vite transformé en acceptation. Si je suis fou, toi, t’es quoi au juste ? - Tu fronces les sourcils, espérant qu’il puisse répondre à ta question. Tu y ajoutes une petite grimace, avant de poursuivre. - Un dépendant affectif ? - Tu lèves les yeux en l’air avant d’hocher la tête de gauche à droite. - Le pire dans tout ça, c’est que tu ne fais même pas pitié. Tu savais parfaitement à quoi t’attendre, je t’avais rien promis. - Tu restes un instant comme ça, avant de commencer à poser tes yeux sur tes effets personnels sur ton bureau. En vrai, tu te moques de tout ce que ton bureau peut contenir, tu veux uniquement arrêter de le regarder, arrêter de lui parler, arrêter de penser à lui. Il te rend malade, tu es entrain de perdre toute notion du temps devant lui. Ce n’est pas pour rien que tu as décidé de mettre de l’espace entre vous deux, espérant qu’il puisse te juger assez pour baisser les bras et lâcher prise. Tu ne veux pas qu’il s’accroche à toi, que vous deveniez inséparables. T’as pas les moyens pour ça, t’es encore trop fragile. Pas émotionnellement, mais bien pour ton emplois.

Tu as fini par être plus direct avec lui. Depuis le début, tu sais qu’il louche sur tes lèvres et tu peux très bien entendre ses pensées jusqu’à toi. Tu sais bien que si jamais tu t’approches, il finira par te sauter dessus et ce n’est pas ce que tu veux. Surtout pas avec ta porte grande ouverte. Alors, tu lui donne le choix de faire ce qu’il souhaite. Mais il laisse la porte ouverte et s’avance vers toi. Ton sourire ne t’as pas quitté, surtout lorsqu’il essaie de te faire un compliment. Tu as même fini par faire semblant de rire, voulant lui montrer que le tout ne t'atteint pas. En vrai, y’a presque rien qui t’atteint. Enfin, comme tout le monde, tu as tes limites mais ces dernières sont tout de même assez élevées. Sa main sur ta joue, tu t’es laissé faire, fermant les yeux sous l’impact, avant de reposer ton regard dans le sien, amusé. C’est ainsi qu’il veut jouer avec toi ? Tout ça, ça ne faisait pas parti de ta proposition. Est-il devenu un homme violent depuis la dernière fois que tu l’as vu ? Ou bien, a-t-il toujours eu cet aspect de lui un peu étrange et perdu ? C’est bien lui qui t’as frappé chez toi, la dernière fois que tu l’as vu. Et encore ce soir, il agit de la même manière avec toi.

L’enveloppe termine entre ses mains, tu ne t’empresses même pas pour aller la lui prendre. À quoi bon, de toute manière. Le nom du bar où il travaille est inscrit en grosses lettres sur cette dernière. Il doit bien se douter que l’enveloppe est pour lui, qui connais-tu dans ce cas, à ce bar ? Pas grand monde … Il finit par l’ouvrir, son expression a complètement changé. L’argent revole dans ton visage, que quelques petites coupures de rien du tout, avant que l’enveloppe ne traverse la pièce également, sous un Shin offusqué et frustré. - Non mais t’as rien compris. - Et il claque la porte derrière lui. Tu as encore la joue en feu de sa gifle, le coeur au bord des lèvres à cause de sa proximité et des problèmes pleins la tête. Pourtant, tu n’as rien amassé dans ton bureau, laissant l’argent par terre, avant de traverser la pièce, ouvrir la porte et le chercher des yeux. Shin a décidé de partir, comme bien des gens, après avoir passé quelques minutes à ton bureau. Ce n’est jamais bon signe lorsqu’un employé doit te rencontrer quelques temps entre tes 4 murs. Tu essaies que ça se passe toujours de la même manière. Que chacun d’entre eux puisse avoir assez de reproches pour ne plus jamais remettre les pieds dans ton bureau. Soudainement, tu l’aperçois au loin et tu décides d’aller le rejoindre, ne voulant pas le laisser passer. Rendu à sa hauteur, tu l’attrape par le bras, espérant qu’il puisse te laisser faire. Ce n’est qu’à côté, tu veux uniquement lui parler mais tu sais que si jamais tu le fais devant tout le monde, il va se sentir attaqué et tu ne pourras clairement pas lui parler directement devant les autres. T’as pas envie que tes employés puissent s’en mêler aussi et même si le fait de parler en Coréen peut bien te sauver les fesses de temps en temps, tu sais que certaines personnes peut comprendre certains mots et ça, tu ne le veux pas.

Tu l’as donc entraîné vers l’extérieur du bar, tout en lui marmonnant certains mots. - Tu peux réellement être con quand tu commences toi. C’était pas pour toi, c’était pour Vanessa, pour qu’elle puisse faire livrer quelques bouteilles d’alcool de meilleures qualitées. Penses-tu réellement que je suis assez con pour te donner de l’argent ? De toute manière, y’en avait trop pour te racheter ta chemise, crois moi. - Tu arrives à l’extérieur, hoches positivement la tête à l’un de tes employés qui s’occupe de l’entrée, avant de le contourner et te rendre vers l’arrière de ton bar. Ici, vous serez tranquille, tu pourras lui parler calmement. Tu le lâches rendu à destination, avant de le pousser gentiment contre le mur de ta possession, son dos heurtant ce dernier sans douleur, avec douceur. Et c’est à ce moment là que tu décides de l’embrasser, pressant tes lèvres contre les siennes en urgence, venant te coller immédiatement à lui.

Dès que tu as fermé la porte tu l'as regretté. Tu n'aurais pas dû le giflé, tu n'aurais pas du prendre cette lettre qui t'était destiné. Tu regrettes tes gestes, tes paroles. Si seulement en te voyant entrer dans son bureau, il t'avait traité comme quelqu'un de normal. Au lieu de ça, il a attaqué en te comparant à une pute. Tu as essayé d'être calme, répliquant malgré tout. Tu n'as jamais été du genre à te laisser faire. Tu n'es pas quelqu'un qui va chercher les ennuis mais quand ces derniers arrivent, tu es prêt à les recevoir. Tu as souvent remis des clients à leur place, par quelques mots ou en les trainant dehors. Tu t'es rarement battu et les fois ou c'est arrivé, tu t'en souviens encore. Tu n'as jamais été l'élément déclencheur d'une bagarre, sauf avec lui. Il te fait perdre tes moyens, ta patience et ton sang-froid. Tu n'étais pas comme ça avant de faire l'amour avec lui. Non c'est arrivé après, quand il t'a traité comme un chien et tu as l'impression que depuis c'est ce que tu es pour lui, un vulgaire jouet qu'il prend plaisir à faire couiner. Tu ne t'es pas arrêté après avoir claqué la porte, tu veux sortir, tu as besoin de prendre l'air. Comme si l'air qui était à l'intérieur n'était pas suffisant. Tu as l'impression d'étouffer. Ton cœur bat si fort que tu ne sais pas si c'est à cause de la rage ou de la peine. Tu n'as jamais aimé les relations compliquées. Tu évites les gens justement pour ne pas à avoir à subir ce genre de situations. Tu n'es qu'un abruti depuis que le connait. Il a raison dans ces dernières paroles, celle qui t'ont poussé à le gifler. Oui tu es surement atteint d'une dépendance malaise à lui et tu n'es pas capable de comprendre quand et comment tu es devenu accro. Est-ce que c'est la première fois que tu l'as vu ? Lorsqu'il t'a souri le premier soir ? Ou quand ses lèvres ont rencontré les tiennes ?
Oui c'est surement là que ton cœur a basculé, quand tu as senti son souffle sur toi pour la première fois. Pourtant tu savais à quoi t'attendre, tu t'es juste menti à toi-même alors que lui a toujours été honnête. C'est pour ça que tu fuis, tu te mens encore. Tu ne veux plus le revoir et pourtant tu espères qu'il va te rattraper. Seulement comment vas-tu réagir si c'est le cas….

Tu n'as pas pris le temps d'écouter ce qu'il avait à te dire à propose de cette lettre. Tu ne veux pas savoir si l'argent était pour toi. Tu le penses et cela te blesse. Tu aurais aimé que l'enveloppe contienne autre chose, peut-être un carton d'invitation chez lui, ou juste son numéro. Non mais tu rêves, tu es sûr à présent qu'il s'amuse simplement avec toi. Il aime le pouvoir qu'il a sur toi et toi tu ne veux plus céder à ses attentes. Tu le détestes autant que tu te détestes. Tu l'aimes plus que tu ne t'aimes et ça tu refuses toujours de l'admettre. Lorsque tu sens une main sur toi, tu te retournes en fronçant les sourcils. Si c'est un de ces gros bras pour te sortir tu risques de ne pas te laisser faire. Tu comptes bien rejoindre la sortie et sans aide. Seulement lorsque tu vois que c'est lui, tu t'arrêtes net.

Tu n'as pas le temps de réagit qu'il t'entraine à sa suite. Tu t'es laissé faire, l'observant du coin de l'œil alors qu'il t'explique le fin mot de l'histoire sur l'enveloppe que tu devais livrer. Tu fais des yeux ronds alors qu'il justifie ce colis. Il pense réellement que tu vas croire sa version. C'est vrai, tu te fais des films, encore une fois tu t'es imaginé plus important que ça. Réaliser que ce n'est pas le cas te rend triste et c'est avec une pointe de rancœur que tu lâches.

« Pff, c'est ça ouais. Comme si Vanessa avec les épaules de faire les achats. »

Tu as envie d'ajouter que tu le penses réellement con mais peut-être pas autant que toi. Tu aurais préféré qu'il te dise que c'était une compensation, qu'il était réellement désolé de son comportement, pas que pour ta chemise. Mais tu sais que tu n'entendras pas ses mots. Il s'est déjà excuse, une fois, une seule fois, pour ce qu'il t'a fait contre son comptoir. Tu sais que ça a dû lui couter ce soir là. D'ailleurs en y repensant tu ne sais pas vraiment ce qui a tourné au vinaigre pour que tu termines à la porte. Tu n'auras probablement jamais de réponses. Enfin tu n'as pas repris la parole alors qu'il ne t'a pas lâché, saluant un employé alors que tu as détourné le regard. Tu ne veux pas savoir qui travaille ici. Tu ne veux surtout pas qu'ils puissent te reconnaitre dans Manfield et surtout pas t'associer à lui. Dès que vous êtes dans l'arrière-boutique, il t'a collé doucement au mur et tu as tremblé. C'est alors qu'il t'a embrassé.

Dés que ses lèvres sont entrées en contact avec les tiennes, tu as senti ton cœur défaillir. Tu as soupiré de plaisir entre ses lèvres, entre ouvrant la bouche pour lui rendre son baiser. Tu es incapable de le repousser et il sait. Encore une fois tu es trop faible pour te protéger. Si jusque-là tu avais de la répartie, celle-ci vient de s'envoler au profil de la merveilleuse chaleur qui monte en toi en le sentant près de toi. Il t'a tellement manqué que tu n'as pas empêché tes mains de venir se poser sur ses hanches, remontant dans son dos pour finir à la naissance de ses cheveux. Tu as prolongé ce baiser, voulant profiter si celui ci est le dernier. Tu ne sais plus à quoi t'attendre de sa part, alors ce qu'il te donne à cet instant tu le prends, plutôt deux fois qu'une. Malgré tout après quelques secondes de silence, entre coupé de ton souffle mélangeait au sien, tu as reculé la tête, restant proche de lui. Tu as les yeux plongé dans son regard.

« Je suis désolé pour….»

Tu as posé ton regard sur sa joue un instant en y déposant ta main. Tu as rêvé de ces retrouvailles mais tu t'en veux de la tournure qu'elles ont pris. Il n'a pas arrêté de t'insulter et toi de le frapper. Cette relation n'a rien de viable, l'un comme l'autre vous vous protégez à votre manière. Enfin c'est ton cas, dans ce bureau précédemment, tu as tout fait pour te détacher de lui, espérant qu'il pourrait te sortir de la tête si tu te montrais assez méchant. Tu as conscience que cela ne servait à rien, c'était juste stupide de ta part. Et maintenant que tu es rendu dans l'arrière du bar avec lui, tu aimerais comprendre pourquoi il a fait pareil avec toi, pourquoi est-ce qu'il te traite comme ça.

« Dae…Pourquoi tu joues avec moi comme ça ? Est-ce que je suis pour toi ? »

- Tu te prends vraiment pour le nombril du monde ? Je t’ai dit que j’allais acheter le bar où tu travaille, arrête de penser que j’essaie de te payer d’une quelconque façon … - Tu as toujours ta main sur son bras, tu l’entraînes toujours vers l’arrière, après avoir utiliser une partie des mêmes paroles que les siennes, lorsqu’il était arrivé à ton bureau, lorsque tu avais pensé qu’il ne serait que de passage. Hors, tu es entrain de l’entraîner vers l’arrière du bar, en espérant qu’il puisse arrêter de parler et te suivre. C’est pas tout le monde qui a accès à ce côté du bar, qui peut se compter chanceux de l’avoir vu. Tu as les employés, et c’est tout. Tu as déjà passé le pas avec de tes employés, certes, mais jamais à ton bar. C’est quelque chose d’important pour toi, tu ne veux pas mélanger ces deux problèmes ensemble. De toute façon, si jamais tu finis par te retrouver collé à un de tes employé, cette personne perd immédiatement le droit de continuer à travailler pour toi. C’est une close que tu aimerais ajouter au bar du contrat d’embauche, mais ton meilleur ami, le co-propriétaire, ne l’a jamais voulu. Pourtant, comme ça, ça pourrait empêcher de gros problèmes et ce, assez fréquemment.

Tu as fini par arriver avec lui à l’endroit désiré et sans un mot, tu l’as poussé contre le mur. T’as besoin de lui faire comprendre qu’il n’a aucun droit d’agir de la sorte qu’ici, c’est ton monde à toi, pas le sien. C’est ton bar, tes avoirs et pas ceux d’un enfant qui se croit tout permis avec ses paroles, uniquement parce qu’il est sur une livraison. Ou plutôt, un enfant qui veut sa livraison. Tu as l’impression qu’il est là pour obtenir un morceau de sucre et c’est exactement ce que tu as l’intention de lui donner en l’embrassant. Tu l’entends soupirer calmement avant de te rendre ton baiser et de déposer ses mains sur tes hanches, les ramenant vers tes cheveux. Tu ne sais plus trop comment agir avec lui, tu as envie de le prendre dans tes bras aussi mais tu préfères déposer tes mains sur le côté de sa tête, sur le mur derrière lui, pour pouvoir prolonger le baiser. Il arrête de t’embrasser, il se recule un peu. Toi, tu plonges ton regard dans le sien, avant de lever les épaules, lorsqu’il pose ses doigts sur ta joue. - Dis toi que je m’étais trompé sur toi et sur ce côté de ta personnalité. Je ne pensais pas que c’est ce côté que t’aimais … - Tu parles de la gifle toi aussi, avant de poser un sourire sur tes lèvres, un sourire assez provocateur. - Ne vient pas me dire que tu ne joues pas toi non plus, avec tout ce que tu m’as dit tout à l’heure, avec tes sourires en coin. - Un pose un regard sur son cou une seconde, avant de te mettre à rigoler un peu, déposant le bout de tes doigts à un endroit en particulier. - Je ne pensais pas que tu marquais aussi facilement. C’est bien de le savoir … -

Tu frémis lorsqu'il te dit qu'il va racheter le Hot Bird. Il t'en a parlé le soir de votre rencontre. Tu as cru qu'il l'avait mentionné simplement pour te faire râler. Visiblement tu t'es trompé et cela fait bien partie de ses plans. Tu savais qu'il avait de l'argent, mais pas autant pour acheter un établissement sur un coup de tête. En réalité tu ne sais pas si c'est à cause de toi, cette fois ci tu mets fin à tes films. Il avait peut-être cette idée depuis un moment, voulant étendre son investissement sur Manfield. C'est surement pour ça qu'il est venu la première fois, pour visiter les lieux, se faire une idée du potentiel et il est tombé sur toi par hasard. Cependant savoir qu'il pourrait devenir ton patron ne t'enchante pas. L'idée de démissionner te traverse même l'esprit. Tu ne veux pas être obligés de suivre ses ordres au risque de perdre ton travail et bizarre, tu as la nette impression qu'il est bien capable de jouer à ce jeu-là. Il doit déjà le faire ici dans ce bar limite réglo. Tu es tellement surpris que tu n'as pas répondu, te laissant entrainer là où le désir.

Dans l'arrière-boutique ou il t'a fait entrer, il n'y a personne mais tu es certain que des employés peuvent arriver. Si pour l'instant vous êtes seuls, tu sais que cela peut vite changer, à l'abri des regards tu as accepté son premier baiser. Tu as même approfondi celui-ci. Tu as tellement espéré pouvoir sentir ses lèvres à nouveau, que tu as fermé les yeux, voulant graver les sensations dans ta mémoire de façon indélébile. Tu n'as jamais été proche de quelqu'un comme ça. Tu as eu une seule petite amie lorsque tu étais adolescent et encore cela n'avait pas duré longtemps, quelques semaines. Tu n'as jamais embrassé personne avec autant de passion que lui. Il est le premier qui te fait vibrer. Ce contact réveille en toi tous les bon souvenirs de ta première fois avec lui. Tu te souviens facilement de ces caresses sur toi et tu perds doucement la raison alors qu'il t'embrasse sans ménagement. Tu n'as pas remarqué ses mains collées au mur encadrant ta tête, sauf quand tu t'es un peu reculé pour reprendre la parole. Tu t'excuses pour la gifle et accessoirement pour ce que tu lui as dit. Il te sourit en te taquinant encore une fois. Tu fronces les sourcils en répliquant rapide

« Hey je suis pas comme ça ok ! »

Il a continué à te provoquer avec ce sourire dont il a le secret et tu as baissé la tête. C'est vrai que tu joues avec lui. En réalité tu joues avec les cartes qui te donnent mais ça tu ne vas pas lui dire. Tu voudrais pouvoir être plus fort que ça. Être capable de lui résister, d'avoir eu le courage de quitter son bureau plutôt, qu'importe la livraison. Seulement tu ne l'as pas fait, pour la simple et bonne raison que tu as crevé d'envie de le revoir et même dans ces circonstances, tu as été heureux de pouvoir l'observer, détaille son corps et ses lèvres. Oui tu es devenu accro, comme il l'a dit précédemment et ça te rend nerveux de voir à quel point tu es capable de descendre aussi bas à cause de lui. Tu n'es pas quelqu'un de violent de nature, ni qui aime souffrir et tu es tout l'inverse dès qu'il est dans la pièce. Comme si tu prenais plaisir à torturer ton cœur en entrant dans le moindre jeu qu'il te présente.

Tu n'as pas le temps de répondre à sa tirade. Tu aurais voulu lui dire qu'il te fait perdre la tête à te prendre pour une chèvre. Seulement il a baissé son regard dans ton cou et tu comprends qu'il parle du suçon qu'il t'a fait. Tu lui en veux encore un peu pour ça. Depuis que tu l'as, tu n'as pas arrêté de l'observer. Lorsque tu sortais de la douche passant tes doigts dessus, seul face à ton miroir. Chaque fois que tes yeux se posent sur ton cou, tu es mélangé entre honte et allégresse. Tu n'aimes pas qu'il t'ait marqué comme un gibier à la vue de tous. Vanessa t'a assailli de questions à ce sujet et tu l'as tellement envoyé chier qu'elle te fait encore la gueule. A part le regard des autres qui te dérangent sur ce point, alors que tu es seul, tu as souvent sourit en observant cette marque. Pourtant face à lui tu ne veux pas lui laisser penser qu'il peut recommencer, de cette façon ou d'une autre. Il a déposé ses doigts sur toi et tu gémis

« Arrêtes, c'est pas drôle. Pourquoi tu m'as marqué comme ta chose….»

Peut-être parce que tu t'es laissé faire, peut-être parce qu'au fond tu es sa chose depuis qu'il a posé ses doigts sur toi. Encore à cet instant tu as soupiré, entre plaisir et regret. Il te fait perdre la carte, dès qu'il te touche, dès qu'il t'embrasse, dès qu'il s'approche de toi. Tu n'as pas besoin de beaucoup plus pour ton envie commencer à monter doucement mais surement. Ses paroles te font frémir encore plus. Tu as envie de lui aussi. Tu ne peux pas nier que son corps t'appelle mais pas ici, pas après toutes les saloperies que vous vous êtes dit. Tu as l'impression que c'est malsain et au fond c'est le cas. Le pire c'est que tu es prêt à accepter, surtout lorsqu'il te colle à lui, réduisant l'espace entre vous au néant.

- T’es pas comme ça ? T’en es certain ? - Tu marques ton visage d’un grand sourire avant de soupirer. Tout ça, t’en sais rien, tu apprends tranquillement à le connaître. Tu sais seulement qu’il n’est pas aussi fragile qu’il ne le laisse paraître, avec ses grands airs et son regard d’ange. Ça, tu l’as vite compris. Tu te rappelles de certaines choses qu’il t’as dite avant, après et même dans ton bureau. Lorsque son ton devient beaucoup plus direct, tu peux percevoir une petite lueur dans ses yeux et tu ignores si c’est quelque chose de bien ou de mal. Ou tout simplement entre les deux. Tu ne sais pas trop quoi penser de lui et de ses agissements. Ça ne t’inquiètes pas, tout au contraire, mais tu essaies simplement de comprendre où le tout peut te mener. - Tu sais que mentir est un vilain défaut. - Tu n’es pas entrain de perdre patience, tu es uniquement entrain de le tester. Tu veux savoir ce qu’il pense de tout ça, tu veux comprendre son attitude envers toi. C’est pas tout le monde qui reviendrait en rampant après ce que tu lui a fait et pourtant, c’est bien ce qu’il fait, lui. Tu en es à penser que tu as beaucoup plus de pouvoir sur lui que tu ne pourrais penser, lorsqu’il  décide de te parler de la marque que tu as laissé dans son cou. C’est beaucoup moins apparent, mais tu sais tout de même que c’est toi qui le lui a laissé. - Pourquoi est-ce que toi, tu joues encore dans ma tête ? - Tu lui a posé une question, à sa question. C’est pas ton genre de marquer tes ‘’victimes’’, tu préfères ne pas laisser de marquer, ne voulant pas être associé à elles. Et pourtant, avec lui, tu avais cru bon de le faire, uniquement dans l’espoir de faire comprendre à certaines personnes qu’il était à quelqu’un. Ou du moins, qu’il avait été à quelqu’un l’espace d’une nuit. Ou plutôt d’un début de nuit. Tu ne l’as pas gardé auprès de toi après avoir eu ce que tu voulais et tu sais la raison. T’as pas envie d’avoir quelqu’un dans ta vie, d’avoir quelqu’un sur qui tu peux dépendre. T’aimes ta liberté et puis … t’es pas amoureux. N’est-ce pas ?

Il sourit et ton cœur s'emballe de cette proximité alors que tu acquisses doucement de la tête. Tu n'es pas quelqu'un de violent, tu n'es pas du style à provoquer une bagarre, mais cela ne te pose pas de souci de répliquer si nécessaire. Tu ne sais pas s'il te croit, vu que ça fait deux fois que tu le frappes. Tu aimerais t'excuser encore une fois, mais les mots ne sortent pas. En réalité il l'a bien cherché, il t'a poussé à bouts et rien ne pouvait lui faire fermer sa gueule à part un coup bien placé. Les deux fois c'est tout ce que tu as souhaité, qu'il se taise, qu'il arrête de t'insulter et de te blesser. Si les mots des autres n'ont pas de valeurs à tes yeux, les siens te vont toujours droit au cœur. Il te taquine encore en te traitant indirectement de menteur et cette fois tu détournes le regard. Tu n'aimes pas mentir, mais cela t'arrive. Tu as été honnête, répondant toujours à ces questions sans détour, contrairement à lui. Il ne t'a pas menti pour autant, mais il ne t'a clairement pas dit tout ce qu'il ressent et toi non plus.

D'ailleurs qu'est-ce que tu ressens, une attirance folle pour lui, pas seulement pour son corps. Tu as envie d'entendre sa voix te parler, peu importe ce qu'il raconte tant que ce n'est pas des insultes sales contre toi. Il pourrait se plaindre du monde entier ou simplement lire un roman à haute voix. Tu as juste envie de l'entendre et de le voir. Tu as reporté ton regard sur lui, détaillant son visage. La personne a qui tu mens le plus c'est toi-même. Tu refuses de l'admettre, mais il a éveillé des sentiments chez toi, sentiments que tu ne comprends pas. Tu ne sais pas si c'est de l'amour. Cela y ressemble et ça te fait peur. Tu es terrifié à l'idée que ton cœur se soit éprit de lui, lui dont tu ne connais rien, à part sa classe sociale, son caractère volage, sa brutalité et sa douceur parfois. Tu ne comprends pas le comportement qu'il a avec toi. Au début il était attentionné, surement pour que tu tombes dans ses filets. Une fois cela fait, il t'a repoussé et maintenant que tu le revois, il t'a encore jeté avant de te traîner dans un coin tranquille. Il joue avec toi, il t'a marqué comme si c'était une fierté pour lui de t'avoir fait céder, d'avoir posé ses lèvres sur toi, dans ton cou pour créer une belle marque. Heureusement celle-ci disparait de jour en jour mais les contours sont encore visiblement. Elle aura beau disparaitre, le souvenir de la soirée, durant laquelle tu l'as obtenu, n'est pas prêt de s'effacer de ta mémoire.

Il n'a pas répondu et comme toujours il t'a retourné une question. Une interrogation que tu ne comprends pas bien. Tu fronces un sourcil en te perdant dans ses yeux. Est-ce qu'il sous-entend que tu es dans sa tête, qu'il n'arrête pas de penser à toi ? Tu n'en es pas certain… Il veut peut être seulement dire que tu joues avec lui, comme lui avec toi. Tu secoues la tête doucement en essayant de répondre. Tes idées ne sont pas claires sur le sujet. Tu as envie de lui expliquer que tu es sérieux avec lui. Ce n'est pas ton genre d'être volage comme lui. Tu n'es pas le style à avoir beaucoup d'amis, ni plusieurs relations. Tu es plutôt un solitaire dans l'âme et tu es très bien comme ça. Tu voudrais lui faire comprendre que tu as peur de ce qui t'arrive en ce moment, que tu ne comprends pas ce que tu ressens pour lui. Tu aimerais pouvoir trouver le courage de lui avouer qu'il te fait perdre la tête, que tu voudrais rester avec lui pour la soirée pour essayer de comprendre ce que tu ressens. Oui tu souhaiterais lui dire tout ça et pourtant rien ne sort comme ça.

« Je ne veux pas jouer…de toute façon on n'a pas la même main, je n'ai pas d'as dans ma manche. »

Tu passes ton temps à te poser trop de questions, espérant trouver un peu de logique dans ta tête. Ce qui est rarement le cas, tu dois l'avouer. C'est encore pire lorsqu'il est près de toi, tu cherches continuellement une manière de pouvoir aller chercher un sourire de sa part, une sorte d'autorisation. Tu essaies mais sans plus. Tu ne veux pas commencer à te poser des tonnes de questions, à comprendre que tu as besoin de lui. C'est pas ça, ça doit être l'inverse. Tu aimerais que ce soit l'inverse, pour ne plus te faire du mal, et du soucis.  Cela fait des jours que tu ne l'avais pas vu, mais que ton esprit était perturbé, vraiment. Tu t'étais imaginé des tonnes de scénarios et à chaque fois, ça ne se terminait pas exactement de la même manière. A chaque fois, tu regrettais quelque chose, tu avais l'impression de mal agir. Au départ, ce n'était presque rien et plus les heures passaient, plus c'était compliqué. Tu te torturais l'esprit pour rien. Un peu comme présentement tandis qu'il te parle de cartes. Tu ne sais même pas s'il comprend tout ce qui se passe dans ta tête, tout le bordel qui existe depuis des jours. Tu respires mal, tu tournes en rond. Tu étais  venu à te demander si tu ne serait pas mieux de te rendre aux urgences un soir, lorsque tu t'étais éveillé en sueur, le regard perdu, les larmes aux yeux. Et cela dure depuis des nuits.

Lorsque tu as compris qu'il était là pour le colis, tu as cru bon de lui montrer que tu voulais jouer un peu avec lui. Un peu comme au départ, au bar où il travaille, le soir où tu avais décidé d'aller lui parler. Tu ne voulais que jouer ce soir là, tu étais loin d'avoir en pensée l'idée de l'invité à sortir un autre soir. Ce n'est pas comme ça que tu agis habituellement, tu laisses tomber plus facilement. Tu n'es pas celui qui veut continuellement courir après sa proie, tu es plutôt celui qui change d'oiseau, au lieu de faire la girouette. Mais t'avais espéré quelque chose et au final, tu avais bien fait. Tu le revois encore avec son air désorienté et perdu, se posant milles et une questions. Un peu comme présentement, tandis que tu le regarde de travers, le sourire aux lèvres. Tu as passé une partie de ton temps à te coller à lui et à l'embrasser, espérant qu'il puisse comprendre qu'il pouvait se laisser aller avec toi. Tu lui a même fait mention qu'il pouvait crier autant qu'il voulait, que personne ne pourrait l'entendre et il s'est raidi. Tu comprends alors que tu as trop parlé, que tu n'as peut être pas choisi les bons mots pour t'exprimer. Tu voulais lui faire comprendre que ton nom, il pouvait le mentionner le nombre de fois qu'il le voulait, que ce n'était pas un problème. Tu ne parle pas de viol ... Tu ne serais pas capable d'agir ainsi. Tu le sais depuis des années, c'est quelque chose qui te répugne.

Il n'a pas tout de suite reprit la parole et lorsqu'il l'a fait, c'est simplement pour te dire que tu peux arrêter de paniquer. Tu arrives à te tourner légèrement vers lui. Tu le vois haussé les épaules, ajoutant simplement qu'à présent la balle est dans ton camp. Tu as serré les dents en retenant une expression de tristesse. Tu n'es pas sur le point de pleurer mais tu es réellement en train de te poser mille questions et il ne t'aide pas à y répondre. Tu aurais aimé pouvoir avoir une conversation avec lui. Tu as besoin d'entendre ce qu'il pense de tout ça. Au final qu'est-ce que tu attends, qu'il te dit que tu ne représentes rien, simplement un amant qu'il aime bien ? Ou alors tu t'attends à ce qu'il t'avoue son amour et son envie d'être avec toi ? Dans un cas comme dans l'autre tu ne saurais pas satisfait, simplement car tu ne sais pas ce que tu attends de lui.

Tu comprends qu'il va partir lorsqu'il commence à reculer en te disant d'aller te faire payer par le barman de l'établissement. Tu fronces les sourcils, tu fais un pas lorsqu'il passe la porte, tu lances dans le vent son prénom, mais il ne se retourne pas. Il disparait et tu te retrouves seul avec ta peine, ton envie et tes regrets. Tu grognes entre tes dents serré en frappant sur un comptoir à porter de main.

« Putain mais t'es trop con Shin ! »

Tu prends quelques minutes pour retrouver tes esprits, le dos et la tête appuyés sur le mur, les yeux fermés. Tu te maudis intérieur, ton cœur te fait les pires reproches au monde. Tu sais que tu devrais suivre ton instinct et te laisser porter. Tu te poses trop de questions, tu devrais simplement profiter des moments avec lui sans te soucier du reste. C'est ton cerveau qui oppose des arguments à ce comportement, prétextant que tu vaux mieux qu'un coup en passant, que tu n'es pas une pute qu'on peut utiliser. A cela ton cœur réfute et tu te retrouves pris entre tes envies et tes principes.

Tu ne veux pas aller voir son barman, tu ne veux pas remettre les pieds dans le bar, non tu n'as qu'une envie c'est de rentrer chez toi. Tant pis pour la course, tu diras que le client s'est rétracté, ce n'est pas la première fois que ça arrive et tu ne seras pas blâmé. Tu es sorti mais tes pas ne t'ont pas éloigné, ils t'ont plutôt rapproché de la porte. Tu ne veux pas rester là-dessus avec lui. Tu ne te sens pas prêt à coucher avec lui, pourtant tu as besoin de l'avoir près de toi. Tu es donc rentré à nouveau dans l'établissement, seulement tu ne t'es pas dirigé vers la salle, mais plutôt vers son bureau. La danseuse qui t'y accompagné t'a reconnu et à surement retenu les autres de s'interposer. Malgré tout un homme de la sécurité s'est interposé, te demandant ce que tu voulais. Il t'a surement vu te faire sortir par le patron précédemment. Tu ne sais pas quelle est la politique de Dae à ce sujet, mais visiblement il prend sa sécurité au sérieux. L'homme décide de t'accompagner, c'est lui qui frappe à la porte du bureau et qui t'annonce. Quand tu as pu entrer à nouveau, tu as fermé la porte, préférant pour cette fois avoir un peu d'intimité.

« Dae….est-ce que….tu as un truc de prévu ce soir ? »

Tu es resté à la porte, préférant éviter de t'approcher de trop. Tu ne veux pas qu'il se fasse des idées sur la raison de ta présence ici. Tu ne veux pas venir l'embrasser, le déshabiller et finir ce qu'il a commencé précédemment. Non tu n'as pas envie qu'il te prenne pour une girouette pourtant c'est ce que tu es. Si tu n'es pas sûr de vouloir te retrouver nu avec lui, tu es certain de vouloir aller boire un verre avec lui, histoire de passer du temps en sa compagnie. Tu ne veux pas passer la soirée à ruminer tout ça en te saoulant.

« Je pourrais peut être t'offrir un verre cette fois. Je t'en dois un…»

Tu l’as laissé dans son coin, et tu es sorti, refermant la porte derrière toi. Tu jures entre tes dents, levant les yeux au ciel, te demandant ce que tu avais bien pu faire pour mériter tout ça. Habituellement, tu avais le flair pour trouver les bonnes personnes qui pourraient te plaire et surtout, rester dans leur coin ensuite. Mais avec lui, c’est le contraire. Tu as peut-être eu ce que tu voulais mais contre toute attente, tu en veux plus. Plus de ses paroles, plus de sa présence auprès de toi. Plus de lui, plus de tout. Plus, toujours plus. Tu en es rendu à te demander si tu es normal, si tu ne cherches pas uniquement à te faire remarquer pour lui. Si c’est le cas, pourquoi ? Parce qu’il te plait, voilà tout. Tu peux bien essayer de le nier mais c’est de plus en plus évident tandis que tu laisses quelques pièces au barman pour Shin, lorsque ce dernier passera pour récupérer l’argent pour le colis. Tu attends une seconde de plus avant d’ajouter quelques billets en plus, tout haussant les épaules. Ce n’est pas grand chose pour toi mais probablement tellement pour lui. Tu veux seulement pouvoir payer sa course. Peut-être as-tu mal compris le montant initial ou bien, tu as voulu lui donner un plus gros pourboire ? Quoi qu’il en soit, tu balais ta main devant les yeux du barman pour lui montrer que c’est bon, que tu sais quel montant que tu lui as remis, avant de te diriger vers ton bureau. Et c’est là que tout dérapes.

Tu fermes la porte derrière toi, tu t’avances vers ton bureau, contourne ce dernier et t’écrases sans gêne sur ta chaise, déposant ton front sur le meuble devant toi. Tu soupires lourdement, te demandant comment tu pourras réussir à fermer l’oeil cette nuit. Comme la nuit passée, ou celle d’avant. C’est comme ça depuis que Shin a passé le pas de ton loft, depuis que tu lui as dit de partir. Tu t’en veux un peu, mais sans plus. Tu commences tranquillement à comprendre que tu ne veux que te protéger, que faire attention à toi. Tu n’as pas les moyens de tomber pour quelqu’un, de commencer à t’inquiéter pour un enfant qui ne sait même pas ce qu’il désire au fond. De toute manière, il te l’a dit tout à l’heure: vous n’avez pas la même main aux cartes, tu es beaucoup plus fort que lui. Mais si il demanderait une nouvelle pige, peut-être pourrait-il tomber sur plus de circonstances. Et avec toi à ses côtés … Tu préfères essayer de te changer les idées, espérant pouvoir l’oublier l’espace d’un instant. Depuis le temps que tu es sorti de l’arrière boutique, il a dû sortir à son tour. Tu te demandes s’il est passé voir le barman pour prendre l’argent du colis. Si c’est le cas, s’il a décidé de prendre uniquement ce que tu lui devais ou bien, s’il a décidé que tu lui devais bien plus, à cause de tout ce que tu avais essayé de lui faire. Tu as bien envie de prendre un verre maintenant et essayer d’oublier toute cette soirée. Mais tu ne veux pas quitter ton bureau et devoir parler à quelqu’un. T’as pas envie de parler à quelqu’un non plus, t’as uniquement envie de rester dans ton bureau et ne plus penser à rien. Surtout pas à lui. Tu finis par fouiller dans les tiroirs de ton bureau, espérant pouvoir trouver … et tu finis par mettre la main sur ce que tu cherches. Tu as eu une discussion avec un ami, Tae-Hyen, il y a de cela quelques jours, dans un bar que tu as connu il y a peu. Tu avais complètement oublié la marchandise qu’il t’avais vendu, tu en avais gardé une petite quantité pour pouvoir te défoncer en silence, lorsque tu en aurais besoin. Et tu crois bien que c’est le meilleur moment pour t’évader, pour essayer d’oublier le plus de choses possible.

On cogne à la porte, tu as le regard dirigé vers la porte, l’esprit un peu à l’Ouest. Ou à l’Est, tu ne sais plus, tu n’es plus certain de rien. La porte s’ouvre, on te mentionne que quelqu’un tient à te parler et tu vois Shin de l’autre côté, tout silence. Tu hoches la tête pour accepter son entré, mais tu n’oses pas lui parler. Tu ne fais que le surveiller lorsqu’il ferme la porte derrière lui. Tu ne sais pas si l’homme de l’autre côté de la porte a décidé de partir ou s’il est resté tout près, au cas où. T’espère qu’il puisse écouter tout ce qui se passe, t’as pas envie d’avoir des menaces sans que ton employé puisse agir. De toute manière, si jamais Shin décide de te menacer, tu serais le genre à en rire en ce moment. T’as pas l’esprit très clair, tu essaie plutôt de penser à autre chose.

Pourquoi te parle t-il de ce soir, puisque vous êtes déjà ce soir ? Pourquoi veut-il t’inviter à prendre un verre, sachant que tu te trouves justement dans un bar et que pour toi, tout l’alcool ici présent, tu peux l’avoir gratuitement. Pourquoi veut-il que tu l’accompagne, il se sent seul ? - Je … je ne sais pas trop. - Tu soupires tout en laissant glisser l’une de tes mains dans tes yeux. T’aurais pas dû te servir dans ce que Tae-Hyen t’avais laissé l’autre soir, tu aurais dû attendre un peu. Peut-être aurais-tu pu partager avec Shin ? - Laisse moi plutôt t’inviter, question de me faire pardonner. J’ai pas été cool tout à l’heure et je dois pas recommencer ça. - Tu poses un sourire sur tes lèvres avant que ce dernier ne puisse disparaître complètement. - On pourrait aller danser ? On pourrait aller jouer au billard ou seulement aller prendre un verre. Ou faire les trois ? T’as envie de danser avec moi ? -

Tu n'as pas remercié l'employé qui t'a amené au bureau. En réalité tu n'es pas sûr de toi lorsque tu es entré dans le bureau. Il y a quelques minutes de ça, tu viens de le repousser et maintenant tu reviens vers lui la queue entre les jambes, ce que tu t'étais promis de ne pas faire. Seulement il te l'a dit : la balle est dans ton camp et tu ne veux pas regretter ton inaction. C'est pour ça que tu es devant lui, à quelques pas de la porte, l'observant. Son regard te perturbe toujours pourtant quelque chose à l'air d'avoir changé. Il devrait être agacé de te voir encore. Ou alors il devrait être heureux que tu sois si vite de revenu. Tu ne sais pas réellement à quoi t'attendre. Il est tellement imprévisible. Tu es persuadé qu'il pourrait te mettre dehors en refusant sèchement la proposition qui traverse la barrière de tes lèvres. Tu imagines toute sort de scénarios en l'espace d'un instant, alors que tu lui as demandé ce qu'il faisait et s'il voulait prendre un verre avec toi. Au fond tu espères qu'il va te dire qu'il n'a rien prévu, qu'il n'a pas de rendez-vous ou personne à voir. Si c'est le cas, tu pourras lui dire que ce n'est pas grave, que de toute façon tu bosses ce soir. Tu ne mentirais même pas, tu dois travailler ce soir, mais si jamais il te dit oui, si jamais il accepte, tu te feras peut-être porter pâle. Cela serait bien la première fois que ça t'arrive mais tu as le sentiment que c'est ce soir ou jamais.

A sa réponse, tu comprends qu'il est loin d'être lui-même. Tu n'es pas certain mais tu as l'impression qu'il a pris quelque chose. Tu n'es pas spécialité, tu n'as jamais touché de drogue, enfin pas de drogue dure. Il t'es bien arrivé de fumer quelques joins quand tu étais adolescent, surtout pour savoir l'effet que cela avait. Il t'arrive de fumer, c'est quelque chose de rare. Tu n'achetes d'ailleurs pas de paquets, parfois dans une soirée tu demandes à un client une clope et tu t'en grilles un à l'arrière du bar. Pourtant son hésitation au début de sa phrase te fait dire qu'il a dû soulager ton refus d'une autre façon. Il n'y a aucune bouteille de visible, pas de cendrier alors ta déduction est logique. Tu es plutôt doué à ce jeu, ce n'est pas pour rien que tu aimes les thrillers dans lesquels tu peux résoudre les énigmes plus vite que la moyenne. Enfin tu ne fais aucune réflexion sur ce que tu as compris, pour le moment du moins. En réalité tu attends simplement une réponse de sa part.

Tu n'as pas envie de passer la soirée au bar en te demandant ce qu'il peut faire, ce qu'il pense ou avec qu'il peut être. Toi, jaloux, pas du tout, seulement tu as envie de passer ta soirée avec lui. Tu sais que c'est malaise, que tu vas souffrir en cours de route mais qu'importe. Tu es tendu en attendant qu'il reprenne la parole. Ce qu'il n'a toujours pas fait, comme s'il était en train de réfléchir, une main devant les yeux. Tu te demandes s'il pesse le pour et le contre ou si ta question l'ennui profondément. Tu trembles un peu lorsqu'il reprend.

Il t'invite réellement pour se faire pardonner…Tu ne comprends pas bien ce qu'il doit se faire pardonner. Si c'est son attitude entreprenante, tu ne lui en veux pas. Tu l'as laissé faire, tu as même répondu à ses baisers. Il n'est pas entièrement coupable. A moins qu'il parle de l'accueil qu'il t'a réservé un peu plutôt ? Si c'est le cas, là encore tu as tes torts. Tu as voulu lui dire mais un sourire est apparu furtivement alors qu'il a de nouveau reprit. Tu as baissé les yeux lorsqu'il t'a demandé si tu souhaitais danser avec lui. Est-ce qu'il parle réellement de bouger vos corps ensemble sur de la musique ? Est-ce que tu te fais des idées et qu'il te demande plus. Tu as bégayé toujours les yeux au sol

« Je….oui j'ai envie de passer ma soirée avec toi…»

Tu n'as pas répondu réellement à sa question et c'est bien la première fois. Tu as relevé la tête pour l'observes un instant. Sa proposition t'intéresse mais tu es plus inquiet par son état étrange depuis que tu es entré. C'est vrai que tu veux boire un verre avec lui et pourquoi pas jouer au billard et danser. Tu n'es pas le plus doué en danse, ce n'est pas ta passion. Il t'arrive de faire quelques pas en chantant lorsque tu sors de ta douche mais tu n'es clairement pas un habitué des pistes de danse. Par contre pour ce qui est du billard, tu pourrais bien le surprendre. Cependant tu veux être sûr qu'il en a envie. Son sourire n'est pas resté sur son visage comme d'habitude. En général il n'arrête pas de sourire lorsqu'il te regard. Sauf quand tu te refuses à lui ou quand tu l'énerves. C'est simple même lorsque tu l'insultais tout à l'heure, il t'affichait un sourire suffisant. Tu t'es approché doucement

« Tu es sûr que tu veux sortir avec moi, ça n'a pas l'air de t'enchanter. »

Tu n'es pas provoquant dans tes paroles, simplement honnête. Tu n'as pas envie qu'il se force, surtout si c'est pour comprendre par la suite qu'il le fait dans l'unique but de pouvoir coucher avec toi. Tu t'es avancé jusqu'au bureau pour plonger ton regard dans le sien. Tu frémis un instant et tu oses reprendre. En lui demandant tu as posé sa main sur sa joue, la caressant du bout du pouce, réellement soucieux de ses réactions, comme s'il était las et fatigué de tout ça.

« Dae…est-ce que ça va ? »

Tu le fais pour t’amuser, tu le fais pour oublier. T’as besoin de te sortir de la tête son visage apeuré et ses mots. Tu lui fais peur, c’est exactement ce qu’il t’as dit. Tu sais que tu peux être insistant et finir par déplaire à certaines personnes mais de là à lui faire peur … ce n’est pas ce que tu cherches. C’est pour cette raison que tu as décidé de le laisser aller, que tu as simplement refermé la porte derrière toi et changer de pièce. Pour oublier ses mots, pour essayer de continuer d’avancer et espérer pouvoir l’oublier. Tu ne veux pas t’attacher, ce n’est pas le but et pourtant, tu sais que c’est ce qui est entrain d’arriver sinon, tu n’aurais pas mis de l’argent dans une enveloppe, mis le nom du bar où ce dernier travaille et fait affaire avec une entreprise pour que l’enveloppe lui soit rendue. Si son nom n’était pas sur l’enveloppe plus tôt, c’est que tu t’avais laissé une chance avant de la lui envoyer, espérant pouvoir changer d’idée. Et grâce à ça, ça t’avais sauvé de certains problèmes ce soir. Tu lui avais menti, pour sauver tes fesses. Comme toujours. Comme trop souvent. Si tu voulais qu’il puisse avoir l’enveloppe entre ses mains, ce n’était que pour une et unique chose: qu’il puisse chercher à reprendre contact avec toi. Tu sais que ça l’aurait mis en colère et dans tout ses états, qu’il aurait cherché à te revoir pour te dire sa façon de penser et surtout, pour te redonner l’argent. C’est ce que tu avais pensé, croyant que c’était le meilleur moyen pour qu’il puisse revenir à toi.

Lorsqu’on frappe à la porte, tu relèves la tête, complètement perdu. Tu sais où tu te trouves, tu sais comment tu t’appelles. Ce que tu ne sais pas, c’est ce qui va se passer ensuit et tu n’aimes pas. Tu as l’habitude de tout contrôler, de savoir d’avance tes coups à jouer. Mais pas ce soir, tandis que la porte s’ouvre sur un de tes employés et que tu vois Shin en billet, attendant sagement d’entrer dans ton bureau. Tu paniques mentalement, tu ne sais pas trop quoi lui dire mais le silence est vite coupé par le son de sa voix et une invitation, que tu n’es pas certain de vouloir accepter. Tu ne veux pas dépendre de quelqu’un, tu ne veux pas commencer à lui devoir quelque chose ensuite. Tout ce que tu veux, c’est pouvoir fermer les yeux quelques minutes et pouvoir t’endormir. Tu as un certain sommeil à rattraper depuis des jours, mais tu ignores si tu arriveras à fermer l’oeil ou si tu devras entendre sa voix continuellement te dire que tu lui fais peur, dans ta tête. Tu préfères donc l’invité, espérant qu’il puisse accepter. C’est comme ça que tu fonctionnes, c’est toi qui invite pour prendre un verre. Et tout le monde sait comment le tout se termine. Par contre, tu n’es pas bloqué à autre chose, comme une partie de cartes ou de billard. Tu ne sais pas jouer au billard, tu lui as sorti le tout uniquement pour trouver quelque chose à faire. Comme pour la mention de danser, tu ne sais pas trop comment faire. T’es pas celui qui danse des slows à tout les soirs et encore moins être celui qui déclenche des applaudissements dans les grandes occasions. Les seules grandes occasions des dernières années t’ont mené vers le cimetière le plus proche. Ce n’est pas réellement là que tu peux te mettre à danser ou à rigoler pour montrer tes talents. Si talents de ce genre tu as, ce qui n’est pas le cas.

Shin s’avance vers toi, tu fermes brièvement les yeux. Tu hoches la tête pour lui démontrer que tu vas bien. - Ça va très bien, je vais bien. Donne moi ta tablette pour que je puisse au moins signer pour la livraison. - Il a la main sur ta joue et tu oses poser une pression sur cette dernière, à l’aide de ta main, voulant la sentir encore plus près de toi. Même si tu as lui fait mention de sa tablette, tu ne veux pas qu'il décide d'enlever sa main sur ta joue, tu veux la garder proche de toi, ne serait-ce que pour te garder un pied sur Terre. - Tu veux passer la soirée avec moi en ami, ou en amoureux ? - Tu as osé lever les yeux vers lui, osant lui envoyer un regard mis fermé entre un sourire et inquiétude pour sa réponse. T’as besoin de savoir ce qui se passe, tu es un peu à l’Ouest. Ou carrément si on peut te comparer à celui que tu étais tout à l’heure, lorsque tu avais tes doigts sur lui. Tu es peut-être un peu moins confiant que tout à l’heure, tu passes continuellement tes doigts sur sa main que tu n’as pas lâché.

Il ne réagit même pas à ton acceptation hésitante. D'habitude, il t'aurait surement demandé de préciser ce que tu entendais par passer une soirée avec lui. Il a le chic de te mettre malaise avec des questions remplies de sous-entendu, comme sa précédente à propos de la danse. Sauf que là, il n'a pas répliqué, il n'a même esquissé un sourire et tu trouves cela étrange. Ta déduction est peut être fausse mais il a l'air fatigué, plus de désir ardent dans les yeux, plus d'étincelles joueuses, seulement un regard presque absent. Tu ne l'as jamais vu comme ça, il t'a toujours montré une personnalité déterminée, sûr de lui et énergique. Il a parfois été las de tes refus, de tes attitudes prudes mais cela ne l'a jamais arrêté. Est-ce qu'il en a réellement marre de toi, de ton comportement de girouette ? Si c'est le cas, il ne t'aurait pas retourné l'invitation. Tu ne sais rien de sa vie, de ses nuits et de ses occupations. Il a l'air d'avoir besoin de repos, d'une bonne nuit de sommeil. Peut-être qu'il travaille trop, comme toi. Après tout, gérer ce bar ne doit pas être de tout repos, tu peux imaginer ce que c'est vu que ton boulot. Si toi tu n'as pas de personnels sous tes ordres, tu dois quand même gérer le bar, les commandes et les réserves. Tu t'es donc approché, soucieux de ce changement d'attitude. Tu penses, du moins, tu espères que ce n'est qu'un coup de mou et qu'il va retrouver la lueur que tu lui connais dans les yeux.

Il a les yeux papillonnant en t'affirmant que tout va bien, qu'il veut même signer ta tablette, confirmant ta livraison. Tu secoues la tête pour lui indiquer que ce n'est pas nécessaire. Tu ne veux pas qu'il paie pour la course que tu n'as pas fait. Tu ne veux pas qu'il se sente obligé de justifier ta présence ici. Tu n'as pas envie qu'il t'achete avec cette foutu livraison, cette lettre et cet argent que tu lui as jeté au visage. Tu n'aimes pas être redevable et tu l'es déjà trop envers lui. C'est vrai que tu as refusé ses deux millions pour une nuit, tu te saurais senti mal avec cet argent sale. Tu n'aurais pas pu expliquer cela à ta famille, à ton meilleur ami. Tu ne veux pas avoir de dettes, ni avec lui, ni avec personne. Tu veux pouvoir mener ta vie librement, comme bon te semble et sans être débiteur d'un organisme ou d'une personne.

Tu as posé ta main sur sa joue pour estimer de sa température. Il n'y avait pas tentes six explications à son état léthargique actuel. Soit une fatigue trop longtemps repoussée, soit une montrée de fièvre, soit de la drogue. Tu n'es pas certain de la raison, mais il n'a pas l'air chaud au contact. Il appuie ta main contre sa joue à l'aide de la sienne et tu esquisses un sourire tendre. Même si son attitude te fait un peu peur, tu apprécies retrouver cette tendresse, celle que tu as vu lorsque tu avais tes mains sur lui sur le sol froid de son loft. Tu n'as pas bougé, te rapprochant pour poser une fesse sur le bureau, gardant ton regard posé sur lui.

Il a repris la parole en levant enfin les yeux vers toi. Son regard t'a fait chavirer le cœur, qui s'est emballé. Il n'a pas l'air tout à faire sur de vouloir une réponse malgré le faible sourire accroché à ses lèvres. Tu lui caresses doucement la joue en souriant alors que tes joues rougissent. Tu ne veux pas être son ami, enfin si, tu veux être son ami et plus encore. Sauf que tu n'es pas prêt à être son amoureux. Pourtant c'est ce que ton cœur réclame et tu n'arrives pas à le faire changer d'idée. Tu veux tout de lui, son amitié, son amour, sa haine, sa rage, son désir, qu'importe le sentiment qu'il te donne du moment qu'il est près de toi, que tu as son attention. En réalité c'est la seule chose que tu souhaites, son regard sur toi, ses mains sur ton corps, ses lèvres sur les tiennes. Tu as peur d'aller plus loin par contre. Tu as déjà passé le pas, mais tu vas avoir besoin de temps pour recommencer ou alors de beaucoup de douceur. A moins qu'il ne réveille encore le dragon qui sommeille en toi. Tu as trop de questions dans ton esprit et de toute façon vu son état il n'a pas l'air prêt à te sauter dessus, ce qui te rassure un peu. C'est peut-être à cause de ça que tu t'es permis de lui répondre par un baiser, un tendre baiser.

«  Est-ce que ça répond à ta question ? »

Tu t'es légèrement reculé, détournant un instant les yeux, gêné par ton geste. Tu es rendu comme un adolescent qui hésite, comme lors de ta première soirée avec lui, comme si tu avais fait trois pas en arrière. C'était surement le cas, tu ne veux pas aller trop vite. Tu as déjà brulé trop d'étapes avec lui. Tu ne peux pas tout recommencer et tu ne souhaites pas. Tu veux simplement qu'il puisse comprendre que tu as besoin de temps. Il faut que tu arrives à mettre tes idées au clair, à accepter les sentiments qui t'habitent et à comprendre ce qu'il ressent lui aussi. Tu n'es pas sûr d'être prêt à vivre une relation, tu ne saurais même pas comment faire et tu as l'impression qu'il n'est pas du genre à s'acoquiner facilement. Toi-même tu n'es pas prêt à assumer ce que tu ressens, tu ne veux pas t'enchainer à lui et te rendre compte que tu ne peux plus te passer de lui. Pourtant n'est pas déjà le cas ?

«  Dae, je veux être ton ami et ton amoureux….seulement, je…je veux pas aller trop vite. C'est la première fois que ça m'arrive et je sais pas bien ce que je dois faire. »