Fraternité immuable ( with Sunhi )

A sa réflexion en voyant les billets tu as froncé les sourcils avant de sourire et de rire. Il ne rate jamais une occasion pour essayer de te mettre en colère. Tu as parfois l'impression qu'il s'amuse à tester tes limites. Il les a découverts quelqu'unes, en de rare occasion. Tu t'es énerve souvent c'est vrai, seulement tu n'es pas toujours réellement en colère. La plupart du temps tu t'emportes, c'est ton tempérament de feu qui parle, comme lorsque tu lui mentionnes le sale gout qu'il doit avoir dans la bouche. Tu ne veux pas être blessant, pourtant c'est le cas et tu le comprends lorsqu'il te réplique en désespoir de cause que tu n'es qu'un chien. Tu fais une moue faussement vexé quand il te dit que tu as l'odeur d'un mort. C'est vrai que cette odeur te colle à la peau. Tu n'as jamais voulu ça, tu n'as jamais rêvé de cette vie-là. Elle te convient, du moins tu ne peux pas avoir mieux. Tu t'estimes heureux de la chance que tu as. Tu fais ce qui te plait, quand ça te chante. Tu as certes des ordres à suivre, mais tu t'arranges toujours pour les exécuter à ta guise. Et lorsque cela ne te plait pas, tu ne te gênes pas pour le faire savoir. Toi, grande gueule, c'est peu dire et tu profites allégrement du statut privilégier que tu as.

Tu n'écoutes pas ses insultes. Tu sais que tu l'as touché avec tes mots. Sous ses airs durs, tu sais bien qu'il est encore un gamin fragile et rêveur. Il a appris la dure réalité de la vie à cause de toi et tu t'en veux encore de l'avoir entrainé la dedans. Tu aurais dû le pousser sur les bancs de l'école au lieu de l'enrôler dans le gang. Tu ne l'as pas forcé à te suivre. Tu ne l'as pas menacé en lui mettant un couteau sous la gorge. Il a fait ses propres choix, peut-être un peu trop influençait par les tiens. Tu sais qu'il a toujours voulu se débrouiller seul, prouver qu'il est quelqu'un, qu'il est adulte et responsable. Seulement tu ne lui as jamais laissé l'occasion de faire ses preuves. Même au sein du gang il a un statut particulier car tu veilles au grain. Il n'a jamais été traiter comme les pauvres recrues. Il n'a pas été envoyer au casse pique comme de la chair à canon. Tu as essayé de lui éviter les désagréments de la violence, tu as pris sur toi et a travaillé deux fois plus dur pour essayer de le garder à l'abri. Ce n'est pas étonnant qu'il est pris une autre voie que la tienne pour s'affirmer et subvenir à ses besoins. Peut-être que tu l'avais moins protéger….Enfin ce qui est fait et fait.

Alors qu'il te balance qu'il voudrait être comme toi, tu secoues la tête en reniflant. Tu ne veux surtout pas qu'il devienne comme toi. Il te ressemble déjà trop, grande gueule et insolant. Non tu ne veux pas qu'il se mette à boire, à fumer et à se droguer. Même si tu le pousses à se dévergonder, tu préfères qu'il garde l'illusion de l'amour. Tu as l'impression que si cette barrière tombe, tu le perdras. C'est ce que tu redoutes le plus. Dans cette vie merdique tu peux tout encaisser tant que tu sais qu'il va bien, qu'il est en sécurité et que son cul est à l'abri. Tu vois bien que tes réactions l'énervent. Il hausse la voix et te reproche de ne jamais l'écouter. Tu serres les dents en fermant les poings. C'est vrai que parfois tu te moques de son avis, comme quand tu l'as sorti de ce bureau il y a quelques minutes. Il t'arrive de te comporter comme un père pour lui, ou un grand frère un peu trop protecteur. Tu devrais réellement le laisser se débrouiller seul, il verrait alors que la vie est plus pute que ce qu'il pense. Cependant tu ne veux pas le voir souffrir plus que nécessaire. La vie n'est déjà pas rose alors tu t'efforces de la rendre un minimum agréable.

Il te fait une crise d'ado et encore tu sais qu'il est capable de bien pire. Il refuse de monter avec toi, boudant en enfonçant ses mains dans son sweat. Il n'a même pas ramassé une liasse, signe d'orgueil ou de défi, les deux peut être. Tu l'observes en te demandant la réaction à avoir. Il ne mérite pas une gifle. Il est certes en train d'en faire qu'à sa tête mais ce n'est pas la première fois et surement pas la dernière. Tu n'es pas là pour l'éduquer, quoi que…Dans un sens c'est un peu ce que tu as fait, vous avez grandi ensemble et les quelques années que tu as en plus t'on fait prendre le rôle du grand. Il faut dire que quand tu l'as rencontré, tu étais déjà à la rue et tu avais déjà compris comment t'en sortir.

Il murmure pour lui, mais tu comprends qu'il parle de tatouage, de rentrer tard, d'être responsable, d'être quelqu'un, important et respecté. Encore des reproches, encore des regrets. Tu as l'impression qu'il n'a que ça à la bouche depuis quelques temps. Peut-être qu'il a réellement grandi, peut-être que tu dois vraiment le laisser voler de ses propres ailes. Alors qu'il se retourne vers toi et élève la voix, tu restes stoïque. Tu soupires quand il te dit que tu n'es pas obligé de protéger ses fesses et qu'il n'est pas un gamin.

« Alors c'est ça que tu me reproches d'essayer de te préserver ! Et quoi ?! Tu veux venir te battre avec moi ? Tu veux vraiment trainer toute la nuit pour dealer, en éviter les filcs et les rivaux qui veulent ta peau. C'est ça que tu veux ? »

Tu as toi aussi un peu élevé la voix au cours de ta tirade. Tu ne sais pas bien ce qu'il cherche à te faire comprendre. Il a bien du comprendre que son rôle de dealer était tranquille. Tu t'arranges pour lui éviter les mauvais coups et avec sa gueule d'ange il peut facilement travailler le jour, transportant le matos sans se faire remarquer. S'il veut réellement se cailler les miches dans les hall des bâtiments tout la nuit pour attendre le client tu peux t'arranger. Seulement tu sais qu'il n'est pas prêt à se défendre contre un rival de passage ou un client mécontent. Tu n'as pas envie de risquer son cul sur le terrain, tu aimes le savoir sur les routes plutôt qu'en poste. C'est vrai que tu t'es toujours arrangé pour lui éviter le sale boulot, peut être que tu devrais commencer à le mettre dans le bain, il a l'âge à présent, seulement ce n'est pas la vie que tu lui souhaites. C'est surement pour ça que tu refuses de le laisser reprendre des risques. Cette fois c'est lui qui ne t'écoute pas et qui part.

« Hey espèce d'ingrat, te casse pas comme ça ! Tu dis que je t'écoute jamais mais je suis là, t'as qu'à me parler putain ! »

Tu sais qu'il ne va pas s'arrêter. Il est comme toi, une vraie tête de mule. Tu descends pour ramasser les liasses qu'il a laissé. Il ne faut pas déconner, tu ne vas pas laisser là. Une fois rangées, tu as passé le casque sur ton bras et tu as démarré. Tu ne comptes pas le laisser s'en tirer comme ça. Tu as bien l'intention de te planter devant lui, même s'il ne veut pas te parler, même s'il t'en met une droite, même s'il te déteste. Tu ne comptes pas le lâcher. Tu n'es pas super doué pour les excuses, c'est bien simple, tu n'en fais jamais. Sinon il faudrait que tu t'excuses d'être venu au monde et ça tu t'y refuses. Tu n'as pas choisi de naitre, tu ne vas certainement pas choisi comment mourir alors jusque-là, tu choisis de vivre comme bon te semble.

« Pfff stupide gamin. »

Tu as murmuré ses mots pour toi couvert par le bruit du moteur. Tu as démarré au ralenti, le suivant en roulant au pas. Tu n'as pas besoin de regarder la route, de toute façon, à cette allure tu ne risques pas grand-chose. Bon tu es quand même obligé de poser les pieds par terre pour ne pas tomber. L'engin sur lequel tu es n'est pas fait pour rouler à bas allure, mais tu le fais quand même, restant à sa hauteur en l'observant

« Hey P'tit dragon ! Fait pas la gueule ok ! J'ai compris que….je suis sur ton dos parce que j'inquiète pour toi. Tu sais comme moi que ce monde est pourri jusqu'à la moelle et dangereux. J'veux pas qui t'arrive des bricoles…»

Tu as esquissé un sourire, espérant par cette tirade te faire pardonner. Tu n'es pas du genre à demander pardon, par contre tu vas bien essayer de te faire pardonner à ta façon. Quand il t'a parlé tatouage, tu ne sais pas s'il fait référence à l'emblème du gang ou quelque chose de personnel. Tu souhaites qu'il ne marque pas sur sa peau son appartenance au gang, tu ne veux pas qu'il fasse comme toi. Jusque-là personne n'a rien dit sur ce détail, tu as fait fermer quelques bouches à ce propos. Seulement si c'est son souhait, tu n'as pas le droit de lui refuser.

« Tu sais je connais un bon tatoueur ensuite on fait ce que tu veux, on peut piquer des glaces comme on faisait quand on était gosse…»

C'est exactement ça que tu veux. Lorsqu'il te parle de sa vie, tu soupires d'aise. C'est exactement ça. Tu veux pouvoir partir un matin et ne revenir que le lendemain, sentant encore l'adrénaline couler dans tes veines. Tu veux pouvoir courir un marathon, les sirènes des voitures de police te suivant au trot. Tu veux pouvoir te cacher dans la cours d'inconnu, attendant que le danger puisse s'éclipser. Tu veux … tu veux … - Oui, pourquoi pas ? - C'est tout ça que tu veux. Tu veux prouver que tu es quelqu'un toi aussi, avoir le même travail que les recrues, pouvoir en former aussi. Mais non, t'es bon qu'à lui suivre et rester en retrait, au cas où quelque chose pourrait arriver. Et tu dois rentrer avant la tombée de la nuit, à chaque soir. Pas la peine de dépasser le couvre feu, t'es encore qu'un stupide gamin. Un enfant stupide.

Tu as continué de marcher, gardant tes mains dans tes poches. Tu ne veux paraître fragile mais tout ses mots, ça te brises le cœur. Toi qui avais pensé pouvoir devenir son bras droit après toutes ces années, tu vois que tu es encore dans le faux. Tu vas devoir, un jour ou l'autre, apprendre à arrêter de vivre dans le dénis. Tu ne veux pas lui parler, même si lui, désormais, est prêt à le faire. Tu veux seulement partir et ne plus jamais le revoir. Enfin, pour le restant de la journée. Tu sais bien que dès que tu auras fini de tourner en rond, c'est vers lui que tu retourneras, la queue entre les jambes. Tu ne peux faire autre chose, tu ne connais rien d'autre. Tu aurais aimé être quelqu'un d'autre, être capable de lui tenir tête et pouvoir cracher sur ses paroles mais tu ne sais pas faire. Tu préfères agir comme si tout allait bien, comme si tu pouvais vivre comme ça. De toute manière, c'est un peu la vie que tu as décidé de faire. T'as lâchement mis la merde dans plusieurs familles d'accueil, jusqu'à ce que tout le monde puisse te mettre de côté, ne voulant plus rien savoir de toi. T'as passé trop de temps à l’orphelinat, allant jusqu'à l'impossibilité de te perdre dans les couloirs de l'établissement, connaissant le parcours par cœur. Et t'As fuis … Comme un lâche, tu t'es caché. T'as changé de vie, espérant que cette dernière puisse être plus facile pour toi, ne voulant plus déranger personne. Et au final ? Tu es là à t'entêter avec GD, voulant un peu plus de lousse, qu'il puisse te laisser respirer.  

Tu entends la moto démarrée, tu ne peux t'empêcher de lever les yeux vers le ciel et ce, dans un silence total. Tu sais bien qu'il allait te suivre et pourtant, tu as tout de même espéré un peu qu'il puisse te laisser tranquille et R-E-S-P-I-R-E-R. Au fond, c'est juste ça que tu souhaites. Si tu as quitté toutes les familles que tu avais faite, ce n'était pas pour te retrouver un pseudo-père sur le dos, h24. Il y a longtemps que vous auriez dû avoir cette discussion tout les deux et pourtant, ce n'est que maintenant que tu t'autorises à bien vouloir lui faire face. Ou du moins, à lui tourner le dos, puisque tu es entrain de marcher, espérant pouvoir lui faire comprendre que tu as besoin de te retrouver seul un peu, de passer quelques heures seul pour pouvoir comprendre, pour pouvoir souffler un peu. Depuis des semaines tu te poses des questions, t'as besoin de te poser et pouvoir réfléchir à ton avenir. À ce que tu fais encore là. À ce que tu es entrain de rater de la vie.  

Petit dragon … Vraiment ? Tu n'as rien dit à ce sujet, ne voulant pas partir en guerre. T'as pas envie de te mettre à chialer, espérant lui faire comprendre quelque chose qu'il ne pourra certainement pas. Toi qui venais tout juste de lui dire que tu n'étais pas un gamin, t'as bien envie de le frapper, maintenant, voulant le faire enrager encore plus, espérant que cette fois-ci, il puisse te comprendre. Ses derniers mots te font arrêter de marcher, tu te tournes brusquement vers lui, levant un index dans sa direction. - On est plus des gosses et je suis encore moins le tiens. Y'a pas de ''P'tit Dragon'', t'es pas mon père, sale ordure. - Tu te retournes, continuant de marcher, encore plus en rogne que tout à l'heure. - Si tu penses qu'un simple tatouage va réussir à faire baisser ma colère, tu peux t'enfoncer tout ce que tu veux … et bien profond. Je suis pas à acheter et encore moins par toi. Ton argent sale, j'en veux pas. Je veux faire ma vie, pas dépendre de tes conneries. -

Tu as bifurqué dans une rue, pressant le pas un peu, escaladant une petite clôture, te retrouvant sur le terrain d'une famille inconnue. Tu veux pouvoir passer tes pas sur le terrain d'inconnu, voulant passer dans les jardins arrière des domiciles, ne voulant pas que GD puisse te suivre. Avec sa moto, tu sais qu'il ne pourra pas te suivre et savoir exactement où tu te trouves. À moins qu'il ne décide de lâcher sa bécane pour escalader une clôture et venir te rejoindre. Pour ta part, tu as continué ta marche un peu, avant de resauter une clôture, te retrouvant dans une petite rue complètement déserte. T'as besoin de respirer et c'est ce que tu fais une seconde, avant de t'essuyer le dessous des yeux, reprenant ta marche en silence. Tu aimerais pouvoir être comme les jeunes de ton âge, ne pas dépendre d'un groupe pour pouvoir survivre, attendant gentiment que la vie puisse en avoir fini avec toi. Tu te promet de ne pas pleurer pour ces histoires, pour ne pas rentrer ce soir, pour ne pas faire plaisir à GD. Pas question que tu puisses acheter le bijou que tu as vu, il y a un moment, rassemblant toutes tes économies pour l'acheter. Pour une fois que tu aurais été capable de pouvoir acheter quelque chose d'une façon plus ou moins honnête, avec ta propre argent … Pour une fois que tu avais trouvé quelque chose qui aurait pu plaire à GD. Tu l'aurais tellement vu avec cette bague au doigt, une façon de le remercier pour tout ce qu'il fait pour toi depuis des années. Maintenant, il peut très bien sécher, t'as pas l'intention de la lui acheter. Ni ça, ni rien.

Tu n'en reviens pas de sa réponse. Alors c'est vraiment ce qu'il souhaite, être confronté à la violence de la rue. Il veut réellement faire ses preuves, jouer des poings, vociférer des insultes, lutter pour se faire respecter. Tu te rends compte que tu l'as trop protégé et cela va lui faire défaut maintenant. Vous n'avez pas été épargné par la vie. Vous avez grandi dans la misère, sans manger à votre faim. Vous avez dû voler plus d'une fois pour vous nourrir. Tu te souviens encore de la première fois ou tu l'as vu voler dans un magasin. A cette époque il n'était pas doué, aujourd'hui tu sais que c'est surement le meilleur pickpocket du gang. Il sait jouer de sa gueule d'ange et détrousser les plus riches. Tu l'admires pour ça. Toi tu sais montrer un casse et être discret, mais ce n'est pas ton fort. Tu es plus efficace lorsqu'il s'agit d'utiliser la force. Lui sait manipuler les gens, comme il le fait souvent avec toi. Il sait s'y prendre avec toi, quand il veut quelque chose ou quand il veut t'énerver.

Tu as compris qu'il veut aller sur le terrain et tu ne comptes pas l'en dissuadé. Tu te rends compte qu'il veut juste trouver sa place, tu l'as trop longtemps gardé dans ton ombre. Pourtant tu ne peux pas t'empêcher de l'appeler P'tit dragon, dans ta tête ce n'est pas négatif. Tu sais qu'il est capable d'être plus qu'un dragon, malgré son visage d'enfant, tu sais qu'il est rempli de ressources et tu t'en veux un peu de ne pas lui avoir fait confiance avant.

Lorsqu'il te répond, ce n'est pas tellement son geste qui te gêne mais plus les paroles qu'il te balance. Tu t'en foutes qu'il t'insulte, ce n'est pas la première fois, c'est même courant entre vous. Non ce qui te met hors de toi, c'est sa mention du mot "père", t'as jamais voulu te poster avec ce rôle. Tu n'as jamais essayé d'être un père pour lui. Enfin il n'y a que la vérité qui blesse et tu la prends en plein visage. Toi qui déteste ta famille, ta mère alcoolique, violente, ton bâtard de père que tu ne connais pas. Tu n'as jamais eu de cellule famille, le seul qui peut représenter un proche c'est lui.

Tu n'as pas le temps de répondre qu'il reprend. Tu soupires, te rendant compte que cette fois ci il est vraiment énervé. En même temps c'est surement justifié, tu as encore essayé de l'acheter comme quand il était adolescent. Une lueur de regret traverse ton visage que tu caches facilement en lui jetant un regard noir.

« Si tu m'veux pas sur le dos, te comporte pas comme un gamin !! »

Toi aussi tu t'es mis à crier. Tu as passé une sale nuit et la journée vient de prendre un tournant merdique. Tu ne veux pas t'engueuler avec lui, pourtant, comme souvent, tu ne trouves pas les mots. Tu n'es pas le meilleur lorsqu'il s'agit de discuter. Tu as bien compris qu'il veut être traité comme un grand, cependant tu ne peux pas le voir autrement que comme ton petit frère. En le voyant partir tu serres les dents, en repliant méchamment.



Tu t'emportes, tu es même descendu de ta moto, mais il est déjà parti. Tu serres les dents en comprenant que tu es allé trop loin, comme toujours. Tu n'es pas doué et ta colère prend vite le dessus. Dans ces moments tes mots dépassent souvent tes pensées, surtout avec les gens que tu aimes…enfin non juste avec lui parce qu'il est le seul dans ce cas-là.

« Sunhi...»

Tu as murmuré son prénom entre tes dents en serrant les poings. Tu n'as pas envie qu'il parte. Tu n'as pas envie de le perdre, mais tu ne comptes pas lui courir après non plus.

« Fais chier. T'entends ! Tu fais chier putain ! »

Tu n'es pas sûr qu'il ait entendu parce qu'il est parti dans la ruelle et a disparu par-dessus une clôture. Tu as claqué ta batte contre une vitre de rage. Tu n'en as rien à foutre, ta colère a pris le dessus et heureusement qu'il est parti sinon tu aurais sûrement regrette la tournure qu'aurait pu prendre cette engueulade. C'est pour ça que tu ne le suis pas, tu sais que tu n'arrangerais pas la situation dans ton état. Tu es remonté sur ta moto et tu as démarré en trombe.


Tu as la rage. Il a réussi à te mettre à cran. Tu as fait rugir ta moto et tu as avalé le bitume. Tu n'as pas envie de penser à lui, te soucier de lui, t'inquiéter pour lui. Tu dois t'occuper l'esprit. La drogue dans ton sang va te permettre de rester éveillé un moment. De toute façon, la rage va te maintenir réveillé. Pour l'instant tu as besoin de te défouler et rien de mieux que de rouler pour ça. Au moins au volant de ta moto tu te sens libre, l'adrénaline de la vitesse te donne des ailes et ton esprit est concentré sur la route et la circulation. Tu n'as pas mis ton casque, tu n'en as rien à faire qu'une patrouille te voir. Tu sais que tu pourras les semer sans souci.

Tu ne sais pas réellement combien de temps tu as roulé, tu es même sorti de Londres. Tu t'es retrouvé au milieu de nulle part, le cœur serrait en te demandant ce que tu feras s'il ne revient pas, s'il décide de réellement s'éloigner de toi. Tu n'as plus la force d'être en colère, à cet instant tu es juste triste. Tu n'es pas descendu de ta moto, te contentant d'allumer une clope dans l'espoir d'arriver à calmer la peine qui t'a pris les tripes. Tu ne supportes pas être dans cet état, pire que tout, à cause de lui. En réalité, rien ne te touche, tu pourrais crever dans un accident de moto, tu ne regretterais rien. La seule chose que tu craints, c'est sa mort à lui. Tu aurais du mal à accepter qu'il s'éloigne, seulement tu préfères le savoir en vie loin de toi, plutôt qu'à la morgue. Seulement si tu n'es pas dernière lui, qui va sauver ses fesses ! Et voilà tu t'énerves encore, tu es pathétique, fatigué et las de cette vie merdique.

Tu as décidé de rentrer au squat pour prendre une douche. Tu as l'espoir qu'il puisse y être, mais tu te doutes qu'il va bouder toute la journée. Toi, tu t'as besoin d'une douche, de dormir ensuite tu iras ensuite au Firemeat, histoire de te payer du bon temps.

Tu es rentré à la nuit tombée. Tu as essayé par tous les moyens d'oublier cette journée pourrie, seulement en entrant dans votre squat vide, la dure réalité t'es revenu en pleine tête. C'est comme une douche froide et même la gorgée d'alcool que tu as pris ne t'a pas réchauffé le cœur. Tu ne sais pas s'il va rentrer, si c'est le cas, tu sais que ça risque d'être au milieu de la nuit. Il a peut-être l'espoir que tu sois reparti pour bosser, sauf que ce soir tu n'as pas envie. Tu ne vas pas aller le chercher, tu ne veux pas l'obliger à rentrer. Tu n'as pas envie de l'enchaîner en lui ramener les fesses ici. Tu as acheté de quoi faire un véritable festin, tout ce qu'il aime, entrée, plat, dessert, le tout en double. Tu espères par ce geste te faire pardonner. Il te reste des liasses que tu as piqué la nuit précédente et tu comptes bien lui donner. Tu les as posé sur le comptoir avec le repas acheté au restaurant coréen que vous adorez. En l'attendant, dans l'espoir qu'il rentre, tu t'es donc mis au piano. Au début tu n'as pas joué, tu te contentes d'appuyer sur quelques touches les dents serrées, te souvenant que c'est lui qui t'a appris à jouer. Tu as passé tellement de bons moments avec lui. Tu ne veux pas que cela t'arrêter à cause de ton caractère de merde. S'il décide de ramener ses fesses, tu feras des efforts pour le laisser vivre sa vie, celle qu'il aura choisi.