I Need a Docteur (Hyuang)

Elle a passé sa matinée au magasin, espérant trouver les plus belles fleurs qu'elle pouvait obtenir. Cette fois-ci, elle n'a pas mis de ruban autour, elle a trouvé autre chose. Ce n'est pas un bouquet qu'elle apportera, mais une simple rose rouge. Elle voudrait y accrocher un mot cette fois-ci mais elle ignore ce qu'elle pourrait y écrire. Elle ne veut pas se dévoiler, lui montrer un quelconque intérêt. Elle tremble à y penser, elle n'est pas prête à essuyer un refus. Tant que la jeune fleuriste se garde un arrêt entre elle et ce médecin fort séduisant, elle pourra garder la tête haute. Marya est comme ça, elle n'y peut rien. Elle laisse les autres passer devant elle, s'imaginant seulement un bonheur qu'elle pourrait construire, mais n'avançant pas vers ce dernier. Elle ne cherche pas le grand amour, elle est bien avec son fils et seulement avec ce dernier. La jeune femme sait réellement que son cœur bat plus vite lorsqu'elle réussit à croiser l'un des médecins de l'hôpital, mais n'en fais aucun cas. Elle n'est pas prête à se jeter dans la gueule du loup, dévoilant l'arrangement qu'elle s'est fait à elle-même. Apporter des fleurs dès qu'elle le peut au médecin qu'elle courtise, sans lui dire la provenance. Elle s'est risquée, rien qu'une fois, à lui dire qu'il avait une admiratrice secrète, car cette dernière donnait ses commandes par le biais du téléphone. Elle ne l'avait jamais donc vu, mais elle avait espoir qu'elle puisse être d'une bonne famille et qu'elle était redevante pour un service rendu. Marya n'osait lui dire la vérité puisqu'elle avait peur de le voir disparaitre, de recevoir un message venant d'un avocat pour qu'elle puisse prendre ses distances. Elle devait faire attention à ses gestes et à chacune de ses pensées lorsqu'elle se trouvait près de lui. La jeune femme avait donc décidé de lui apporter des fleurs lorsqu'elle le pouvait, sorties tout droit de son travail.

Plus les jours avancent, plus elle se sent conne. Elle a bien l'impression d'agir comme une adolescente cachant son béguin pour le plus beau garçon de l'école et elle en a conscience. Elle regrette de temps en temps son geste, se trouvant idiote d'agir de la sorte. Il serait si simple pour Marya de lui expliquer son raisonnement, espérant pouvoir l'invité à sortir un de ses soirs non occupé. Elle ignore seulement si cela se fait encore, qu'une dame puisse inviter un homme à sortir. Elle ignore seulement si l'homme convoité à quelqu'un dans sa vie. Elle ignore seulement si elle est intéressante pour lui. Elle a un gamin, Gabriel, qu'elle fait garder trop souvent pour pouvoir travailler. Elle ne possède pas de maison, pas de voiture récente et accumule les dettes pour pouvoir payer une sortie de temps en temps à son fils, qu'elle aime plus que tout au monde. Marya n'est pas une grande dépensière mais avec les erreurs de la vie, elle s'est retrouvée dans un cercle infernal qui la fait douter un peu de tout. Elle adore son fils plus que tout au monde et le reste, elle est hésitante. Ce n'est pas la première fois qu'elle se retrouve seule avec Gabriel, son cher ange. Mais c'est bien la dernière fois qu'elle se glisse dans ce couloir sans couleur intéressante, rose à la main, à la recherche du bureau du médecin qui fait vaciller son cœur depuis qu'elle lui a demandé son chemin, il y a quelques semaines déjà. Elle regrette son choix de fleur aujourd'hui, mais à chaque fois qu'elle arrivait avec un bouquet, elle le trouvait sans éclat, sans amusement. Une simple rose lui annonçait une nouvelle couleur mais elle risquait d'avoir un avis négatif sur cette fleur. Elle ne connaissait pas ce médecin, ayant simplement vu le nom de Kim sur une plaquette à son bureau. Si elle passe des journées entières à attendre l'occasion pour mettre le pied dans ce dit bureau, ce n'est pas tout le temps qu'elle peut le croiser. Elle a bien attendu près de cinq heures la dernière fois avant d'uniquement l'apercevoir au bout du couloir. Son coeur avait arrêté de fonctionner pendant une poignée de secondes avant de reprendre de plus belle. Elle ignore comment interpréter les choses, mais plus que les jours avancent, plus elle se sait attirer par ce jeune homme. Ce n'est que physique elle ne le connaît pas encore très bien. Elle sait seulement de lui qu'il travaille comme un forcené et qu'elle aimerait pouvoir prendre le temps de le connaître d'avantage.  

La fleuriste passe devant le bureau du médecin, elle s'arrête quelques secondes avant de voir que ce dernier est vide, comme toujours. Peut-être a-t-il pris congé en milieu de semaine? Elle sait qu'il devait travailler cet après-midi, elle connaît son horaire par cœur. La jeune femme commence à faire les cent pas devant la porte grande ouverte du bureau, avant d'y entrer, prenant le temps de déposer la rose sur le bureau de ce dernier et de relâcher son souffle un instant. Marya est déçue, elle prend mal le fait de ne pas le voir encore aujourd'hui. Cela fait la troisième fois qu'elle ne peut lui sourire avant de quitter le bureau et elle commence tranquillement à se demander si elle ne devrait pas se porter pâle une journée pour qu'il puisse s'occuper d'elle. Mais avec toute sa malchance, le médecin serait trop occupé, il aurait autre chose à faire, la référant à un collègue incompétent. Et ça, ça lui fait moins envie.

Elle en a autant envie que de se faire frapper par un train. Elle ne souhaite pas se retrouver avec quelqu'un d'autre dans une pièce fermée. Elle a déjà trop souvent voulu s'enfuir de cette vie et ce n'est pas pour y retourner. Marya laisse lentement sa rose sur le bureau, le cœur gros. Peut-être doit-elle arrêter d'essayer de s'attacher à cet homme? Il a beau être parfait à ses yeux, elle ne le connaît pas. Et de toute évidence, il n'est pas intéressé par la personne qui se cache derrière les fleurs. Depuis des semaines, la jeune fleuriste s'arrache les cheveux pour confectionner les plus beaux bouquets et le médecin en service n'a jamais posé une question sur le sujet, gardant le silence. La jeune femme a déjà rêvé de le voir arriver au magasin, un charmant sourire aux lèvres, pour lui poser des questions sur la mystérieuse inconnue mais rien. Et ça, ça choquait la jeune femme. Mettre autant de temps dans l'expédition, dans la confection, elle n'a pas juste ça à faire! Elle a un fils à s'occuper, une boutique à faire rouler, des messages de son ex-mari a filtré pour qu'il la laisse tranquille, elle est une femme occupée. Et prendre de son précieux temps l'a fait rêver un moment, à chaque matin, dans la boutique, en arrangeant les quelques fleurs, avant de partir pour l'hôpital, grand sourire vainqueur au visage.

Mais plus maintenant. Elle sort du bureau, le cœur légèrement à l'envers, le regard vers le sol. Elle doit arrêter, il doit avoir quelqu'un d'autre dans sa vie. Peut-être est-il marié, père de trois enfants en bas âge? Jezzabelle, Arielle et Annabelle. Voilà. Et toutes les trois, très belles. Elle marqua une pause avant de réfléchir et de refermer la porte derrière elle. Le bureau était ouvert lorsqu'elle a fait son apparition mais elle voulut refermer derrière elle, pour que personne ne puisse voir la rose qui se trouve dorénavant sur le bureau. La rose, la dernière qu'elle doit lui donner. Son cœur se sert encore plus à cette pensée, elle aura du mal à agir aussi fermement avec elle-même, mais elle devra rester ferme avec sa résolution. Elle ne peut revenir en arrière même si elle sait qu'elle aura de la difficulté demain matin pour ne pas accourir à l'hôpital surtout si elle ne peut le voir une dernière fois. Il aurait dût y être, il aurait dût.. Ne pas se retrouver aussi proche d'elle. Elle, elle aurait dût relever la tête et regarder où menait ses pas.

Elle entre dans un homme, sans son homme, brutalement. Il l'a rattrape, la collant à lui. Elle garde le sourire, confuse dans ses mouvements et sa manière d'agir. Elle a l'air plus idiote qu'il y a quelques instants, lorsqu'elle était seule dans le bureau, perdue dans ses réflexions. Elle n'ose pas bouger, sentant la main du docteur dans le bas de son dos, la collant à lui. Elle s'empresse de détacher ses yeux du regard du professionnel, sentant ses joues se mettre à brûler. Elle affirme que tout va bien de la tête, il ne lui a pas fait mal et malheureusement. Elle a les pensées fertiles et il aurait été simple pour elle de se faire mal et de devoir être encore plus proche de ce médecin. Pauvre idiote.

Elle s'écarte de lui, en gardant toujours le silence, ne sachant pas quoi lui dire. Elle a peur d'ouvrir la bouche et de mentionner des âneries. Comme toujours, depuis des jours lorsqu'elle pense à lui. Sa collègue lui a fait comprendre, pas plus tard que la semaine passée, que ce n'est pas une vie, d'être amoureuse d'un homme marié et père de famille. C'est comme ça que Marya le décrit. Il est tellement fantastique à ses yeux, qu'il ne peut pas être seul. Ne dit-on pas que les meilleurs sont déjà pris ? Son ex- mari restera seul pour le restant de sa vie dans ce cas. Marya se retire lentement de son emprise, avant de grimacer de douleur, portant sa main gauche, à son épaule droite. Elle n'a pas mal, elle ne souffre pas. Elle veut seulement que le médecin Kim puisse la prendre à part et discuter un peu avec elle. Quelle fille égoïste, il doit encore être en service, devant s'occuper de patient avec de vraies maladies et elle, elle prend de son précieux temps. Elle relève la tête, croise son magnifique regard, avant de rougir légèrement.