Sortie au bar ~ (Swann Chae et Will Lee)

 
 
Tu es réellement inquiet d'apprendre tout ça. Tu aimerais pouvoir faire beaucoup plus pour Will, plus qu'être un soutien, plus de lui proposer simplement ton numéro en cas d'urgence. C'est la première fois de ta vie que tu veux aider quelqu'un, enfin ce n'est pas réellement la première fois. Sauf que cette fois ci c'est pour des mauvaises raisons, tu sais que tu devrais plutôt le laisser se débrouiller. Tu ne veux pas qu'il entre dans ta vie et pourtant tu te permets d'entrer dans la sienne sous couvert de te présenter comme un ami. C'est égoïste, c'est mal saint, tu vas en souffrir, tu vas le faire souffrir et ce n'est pas ce que tu souhaites. Tu aurais mieux fait de le laisser partir tout à l'heure. Tu lui aurais demandé des nouvelles le lendemain voilà tout. Ta place n'est pas ici assis en face de lui en mangeant dans un restaurant comme deux collègues de travail, échangeant sur des sujets délicats comme amis. Tu ne devrais pas te proposer de l'aider, surtout si c'est simplement pour te faire souffrir encore plus. Pourtant sa présence rend ton cœur plus léger, c'est bien ça qui te fait paniquer. Et au lieu d'essayer de le revoir tu devrais plutôt le fuir. Tu es pathétique à lutter intérieurement contre toi-même alors qu'il vit des choses aussi grave. Une fois son numéro enregistré, tu checks par acquis de conscience ta boite mail et les messages, histoire de ne rien rater si Monsieur Anton a besoin ou qu'un de tes partenaires de travail t'a contacté. Heureusement ce n'est pas le cas et tu ranges donc le tout pour continuer à manger. 

Lorsqu'il reprend la parole, tu vois qu'il n'est pas en colère contre toi. Il a l'air, certes, un peu gêné mais il te sourit en te disant qu'il apprécie ta compagnie. Tu as essayé de garder un air neutre mais tu n'as surement pas pu empêcher ton regard d'être traversé par une lueur de surprise. Tu réponds toi aussi par un léger sourire timide et gêné. Tu n'as pas l'habitude de te faire des amis. Tu as des amis d'enfance, ta petites bandes avec qui tu as partagés des années d'enfance. Tu as gardé contact avec des amis lorsque tu étais étudiant, ceux qui se sont réellement inquiété pour toi, ceux qui ont compté, depuis tu ne cherches pas à te faire de nouveaux amis, surtout pas ton futur patron. Pourtant c'est bien toi qui a proposer d'être ami, ce que tu regrettes à présent. Malgré tout son aveux te fait plaisir, même si tu essayes de limiter la joie que ton cœur ressent. Tu ne dois pas être heureux, tu ne veux pas t'attacher et comprendre qu'en réalité ce n'est pas réciproque ou pire que c'est réciproque. Bref tu n'as pas envie de tenter quelque chose, tu ne veux pas souffrir, tu ne veux plus souffrir, plus jamais. Alors pour tu souffres en ce moment, à lutter, à hésitant, à être mal à l'aise. Tu t'en veux mais tu essayes de rester nature.

« Tu peux m'appeler quand tu veux, ne te gêne pas. »

Encore une fois tu réponds positivement, comme un ami le ferait, comme un proche le ferait alors que tu le connais à peine. Enfin avec tout ce qu'il vient de t'avouer tu as l'impression qu'il a dévoilé une page de son histoire et cela te touche. Tu ne savais pas qu'il pouvait être si franc et surtout qu'il avait autant de soucis. Tu l'admires d'autant plus car chaque jours il affiche un visage égal, cachant tout ce qui se passe dans sa vie. Tu te rends compte qu'il est beaucoup plus fort que toi et cela te remplit d'humilité. Le repas continue et il reprend à nouveau la parole, comme si toute cette conversation l'avait fait réfléchir. Il sourit largement quand il t'annonce qu'il va faire le nécessaire pour essayer de s'en sortir. Tu comprends tout ce que cela implique. Tu te doutes que cela ne pourra pas se faire du jour du lendemain, surtout pas avec Monsieur Anton en tyran. Tu espères qu'il va trouver une solution et qu'il va réussir à mettre à l'abris sa sœur et lui. 

« Tu sais, si jamais tu peux venir dormir à la maison avec ta sœur. Je n'ai pas de chambre d'ami mais on peut s'arrange le temps que tu trouves une solution. »