Bad time, good time - Dae

24 nouvelles heures venaient de s'écouler. 24 nouvelles heures supplémentaires sans recevoir un message de la part de Namjoo. Le dernier que tu avais reçu disait qu'elle arrivait sous peu à la gare. C'était il y a désormais huit mois. Huit mois que tu devais désormais vivre avec le souvenir de ta petite sœur. Huit mois qu'elle avait poussé son dernier souffle dans tes bras sur le bord de cette petite route aux abords de la ville. Une route que tu empruntais le moins possible depuis cet évènement. A chaque fois que tu passais en voiture dans les environs, tu avais l'impression que quelqu'un serrait ton cœur avec une forte poigne, te privant ainsi que tout air. Le temps passait mais ton esprit semblait toujours autant bloqué à ce jour là où ton regard c'est poser sur le corps de ta sœur pour la dernière fois. Tu revois encore ces larmes couler le long de ses joues meurtries, tes bras encerclant son corps fin, fragile et blessé par l'accident. Tu sembles encore sentir le vent sur ton visage, séchant tes larmes qui coulaient sur ton visage égratigné. Il te suffisait de fermer les yeux pour entendre les sirènes des pompiers et policiers qui arrivaient beaucoup trop tard pour sauver Namjoo d'une fin beaucoup trop atroce pour cet ange. Une fin qu'elle ne méritait très certainement pas. Tu étais hanté par cette nuit depuis huit mois et le seul moyen que tu avais trouvé pour échappé à tout ça était la drogue. Cela faisait un peu plus de cinq mois que tu avais commencé. Et cela faisait un peu plus de cinq mois que tu étais devenu comme addict. A l'ombre des regards, tu étais devenu un autre homme. Un homme qui fumait pour oublier. Un homme qui n'arrivait plus à sourire et qui n'était plus que larmes. En communauté, tu te cachais derrière un masque. Un masque de ton toi véritable. Ton toi d'il y a huit mois qui souriait à la vie à presque chaque minute de la journée. Ce garçon que tu n'étais plus. Tu l'avais éloigné de toi comme tu éloignais d'un revers de main le verre qui était devant toi. Tout comme hier, tu t'étais retrouvé dans ce bar, dont tu ne connaissais même pas le nom, à boire un verre à attendre que le temps passe avant de rentrer chez toi, espérant que ton meilleur ami dorme tranquillement chez lui. Il ne savait même pas un quart de ton état actuel, tu lui mentais comme tu mentais à presque tout le monde ici. Tu ne voulais pas qu'il voit comment tu étais désormais. Tu savais qu'il allait se faire du soucis pour toi et il avait déjà assez de chose à s'occuper que tu ne voulais pas devenir un poids en plus pour lui. Un boulet. Alors quand tu rentrais tu faisais toujours attention à agir normalement et à ne pas montrer que tu étais sous l'emprise de drogue ou même alcoolisé. Avec lui, tu revêtais ton magnifique masque et tu restais le meilleur ami qu'il avait toujours connu.

« Un autre verre s'il vous plaît. » Tu t'adressais au barman devant toi, levant légèrement les yeux en sa direction. Tu devais paraître un peu louche. Tu avais sans doute les yeux encore rouge du dernier joint que tu avais fumé et tu venais déjà de prendre deux verres en une heure de temps dans ce bar.

Tu n’es pas de ceux qui aime passer ses soirées dans les bars qu’il ne connaît pas. Pourtant, t’es là depuis un moment à regarder le personnel travailler, essayant de trouver quelqu’un qui pourrait te plaire pour t’amuser un peu, quelqu’un avec qui passer la nuit. Tu as fait le tour plusieurs fois parmi les clients, tu n’as pas eu ce petit ‘’déclic’’ avec personne, tu n’as rien ressenti lorsque la jeune femme accoudée au bar t’as souri. Elle aurait pu t'intéresser si tu aurais pris beaucoup plus d’alcool, si ton temps aurait été écoulé. Pour l’heure, tu as préféré faire celui qui ne l’avais pas vu, ne voulant pas partir avec elle. Elle n’est pas ton type, ce n’est pas exactement ce que tu cherches. Ce n’est pas la couleur des yeux ou des cheveux que tu regardes en premier et malgré ce que les gens peuvent dire sur toi, tu aimes bien partager un peu avec tes conquêtes avant, question de savoir où les reconduire ensuite. T’es galant, que veux-tu ! Le reste par contre, tu ne veux rien savoir. Pas de nom, d’âge ou de vécu. Tu y tiens, tu ne veux rien savoir de personne. Plus tu les tiens loin, mieux tu te sens. Pas question de t’attacher à quelqu’un et comprendre beaucoup trop tard que t’es amoureux. C’est pas pour toi, t’as pas l’intention de faire ta vie un jour. C’est contre ta nature, le simple fait d’y penser te fait tourner la tête, t’as envie de te porter malade.

Pourtant … Lorsque tu as relevé la tête, c’est là que tu l’as vu. Tu ignores s’il était là avant ou s’il n’est que de passage, mais ton regard s’est directement accroché sur son profil, n’y bougeant plus. C’est lui et personne d’autre. Un sourire se dessine sur tes lèvres tandis que tu commences à le détailler de la tête aux pieds. Visiblement, c’est exactement ce que tu recherches, tu ne pourrais pas demander mieux. Tu ignores seulement si tu pourrais l’intéresser, si au moins il pourrait avoir un regard dans ta direction. Il semble perdu, peut-être dans l’attente que quelqu’un puisse l’aborder. Et c’est exactement ce que tu as l’intention de faire.

Tu le surveilles depuis les dix dernières minutes. Tu ne sais plus trop où te mettre, tu as peur qu’il puisse te regarder et comprendre que tu l’observes. Tu as beau être assis à l’autre bout du bar, c’est lui et uniquement lui que tu vois de loin. T’as l’impression de le connaître, de pouvoir cerner chacune de ses pensées. Dès qu’il soupire, tu soupires avec lui. C’est de l'instinct ou un nouveau problème, tu n’en sais rien. Et rendu là, tu t’en fous un peu. T’as uniquement les yeux braqués sur lui, avant de parler à la serveuse, lui demandant de lui apporter un nouveau verre. Oui, tu lui paie une consommation, et alors ? C’est coutume, lorsque quelqu’un nous plaît dans un bar et que nous voulons le lui démontrer, de lui payer un verre ainsi. Si la personne qui reçoit l’alcool décide de boire dans ce dernier, tu as le droit d’aller le rejoindre, démontrant une certaine attirance et une liberté à vouloir prendre contact avec cette personne.