The first time + Shin

Tu sais que tu dois avoir l'air un adolescent boutonneux avec un regard "inlove" devant sa belle, sauf que tu as quelques années de plus, les boutons en moins et c'est bien un homme face à toi. Il y a tout pour que tu sois mal à l'aise. Tu vois bien qu'il ne peut pas te quitter des yeux. Tu n'arrives pas à savoir ce qu'il pense. Tu imagines ce qu'il peut lui traverser l'esprit, cela occupe au moins le tient. Tu te demandes s'il te déshabille du regard, s'il t'imagine nue contre lui. Est-ce que tu as envie qu'il pense à ça ou est-ce que c'est le fruit de ta propre imagination. Tu es clairement en train de craquer, il t'attire sans que tu ne comprennes et cela te fait peur. C'est peut-être pour ça que tu n'as pas réussis à ouvrir la bouche, trop perdu dans son regard. Tu aurais surement pu rester des heures immobile les yeux sur lui. Tu n'as pas envie de répondre aux questions qui te trotte dans la tête. Tu ne comprends pas ton attirance, ton désir et tant pis. Pendant ces quelques minutes, tu as simplement profiter de cette chaleur étrange qui t'a envahi. Qu'importe ce qu'elle signifie, c'est la première fois que tu ressens ça et tu es à la fois terrifiant et agréable. 

Malheureusement la voix de Vanessa t'oblige à la quitter des yeux une seconde. Tu lui en veux d'avoir coupé cet instant hors du temps, surtout pour te rappeler à l'ordre. Tu n'as jamais été du genre paresseux. Tu es toujours à l'heure, pas un seul retard à ton actif. C'est vrai que tu as cassé de la vaisselle à tes débuts mais maintenant tu fais même la fermeture et le patron te fait confiance. Alors oui tu l'envoie sur les roses avec un ton sec. Pour une fois tu aimerais pouvoir faire ce qui te plait, quitter ton travail et rester avec lui. D'habitude tu es très bien au travail, il a des jours avec et des jours sans, comme partout. Cependant tu n'es jamais contre-productif, toujours assidu et ardu à la tâche. Tu estimes donc avoir le droit de prendre quelques minutes, et si tu avais eu une envie pressante, elle serait venu cogner à la porte pour te presser ? Une fois qu'elle est parti, tu as pu retrouver le tableau idyllique que tu as lâché des yeux. Il est encore là et tu souris en reportant ton attention sur lui. Malgré ça, tu es incapable d'assumer les pensées qui te traversent. Tu finis par te défiler, trop lâche pour dire ce dont tu as envie. Seulement plus tu t'éloignes, plus tu as le cœur lourd. Quelques mots parviennent alors à sortir de ta bouche, comme une acceptation lancé en l'air. Tu ne sais pas s'il va l'attraper au vol. Tu n'as pas dit oui, tu n'as pas dit non. Tu as l'espoir qu'il comprenne que tu l'attendre à la fin de ton service. A sa première réponse, tu frémis un peu. Est-ce qu'il se moque encore de toi ? 

« Je savais pas que tu avais besoin d'arrondir tes fins de mois ! »

Les mots sont sorti tout seul, instinctivement. C'est vrai que tu as de la répartie, surtout lorsqu'il est loin de toi. C'est clairement sa proximité qui te perturbe. A cette distance tu n'as plus son odeur dans les narines, tu as son regard sur toi mais c'est moins brulant. Finalement il reprit la parole en t'invitant pour un verre de qualité cette fois. Tu ignores ou il veut en venir. En réalité tu n'as pas réfléchit à ce que vous pourriez faire à la fin de ton service. Tu sais que la plupart des bars sont fermés, certains boites de nuit sont encore ouvertes, comme des épiceries de nuits ou des fastfoods coréens qui ne ferment jamais. D'un coup tu te sens un peu mal, terrifié à l'idée de la suite de la soirée avec lui. Tu sais ce qu'il veut, ce qu'il attend de toi et tu n'es pas certes d'être capable de lui donner. C'est vrai que tu veux être en sa compagnie mais pas de la même façon. Cela ne t'ai jamais arriver et même si ton désir est croissant, tu es encore trop réservé pour passer à l'acte, surtout avec un inconnu dont tu ne connais même pas le prénom. Tu acceptes d'un signe de tête son invitation, ne sachant pas réellement à quoi tu viens de dire oui. Tu fermis un instant et tu es soulagé d'être assez loin pour qu'il ne remarque pas. Avant de te détourner, tu reprends en anglais cette fois. 

« Comment est-ce que je te dois t'appeler ? »

Tu sais bien qu'il a dû entendre ton prénom et tu veux à ton tour pouvoir mettre un nom sur son visage. Tu veux pouvoir te le répéter toute la soirée avant de le retrouver. 

Arrondir les fins de mois ? Il se prend pour qui, cet imbécile ? T'as bien envie de lui mettre ton poing sur le nez l'espace de quelques secondes, avant de te remettre de tes émotions. Ça n'aurait pris qu'une seule fois, uniquement pour lui remettre les idées en place mais si tu en reviens à penser de même, toi aussi, une douche froide ne t'aurais pas fait de tort. Surtout depuis qu'il a osé de toucher le bras, depuis que tu as compris quel genre d'emprise ce dernier pouvait avoir sur toi. C'est étrange, presque malsain, mais depuis qu'il t'as lâché le bras, tu souhaites qu'il puisse revenir à la charge et te plaquer contre le mur le plus proche de vous deux. À vrai dire, tu rêves plutôt de pouvoir le plaquer contre le mur. Si jamais il oserait agir ainsi envers toi ... T'as aucune idée de comment Shin pourrait se retrouver. T'as jamais aimé les personnes trop entreprenantes, celles qui veulent constamment avoir la meilleure partie, celles qui mettent leur plaisir bien en avant celui des autres. Finalement, tu n'as jamais aimé les personnes comme toi. Tu rigoles légèrement à ses propos, avant de reprendre ton air sérieux. Au final, tu ne voulais que lui montrer que tu l'avais entendu mais que tu ne trouvais pas le tout très rigolo. Comme si tu pouvais manquer d'argent ... Comme si lui, simple barman, pouvait comprendre ton train de vie. T'as bien envie de lui dire qu'il peut venir travailler pour toi, si jamais l'envie lui prend, justement, pour qu'il puisse arrondir ses fins de mois, mais tu préfères garder le silence à ce propos. T'as pas envie de le partager avec les autres pour l'instant, tu ne le veux que pour toi. Tu en feras un martyre plus tard, une bête de foire, quelqu'un à regarder avec mépris. Tu le traîneras dans la boue, riant de ses problèmes, faisant de lui ta marionnette. Au final, il pourra bien devenir ce que tu veux, t'as bien l'impression que pour seulement quelques minutes en ta compagnie, il serait capable de tuer. Tu viens à peine de le rencontrer, il accepte déjà de changer de place pour toi, de te revoir et ce, après son travail. Il est rendu un peu plus loin, voulant retourner à son occupation d'avant, voulant retrouver ses verres et ses clients. Pourtant, c'est encore vers toi qu'il se retourne, voulant savoir ton prénom. Et pour seule réponse, tu hausses tranquillement les épaules. T'as pas envie de commencer ça, t'as pas envie de commencer à échanger des banalités comme votre prénom, votre occupation, votre âge. Tout ce qui peut se retrouver sur une fiche personnelle. Ce n'est même pas de cette manière que tu choisis tes employés. Tu te fou de leur nom ou de leur ancienne occupation. Tu as une autre manière de savoir s'ils sont fait pour ce travail ou s'ils ne sont bons qu'à faire fuir la clientèle. Bien plus d'une fois, ton meilleur ami t'a bien fait comprendre qu'il pouvait prendre la relève, que tu faisais peur aux gens lorsqu'il venait pour une entrevue. Mais peu importe, tu aimes pouvoir savoir ce que tu vends, ce que tu tombes aux autres. T'aimes pouvoir avoir un aperçu de tes employés sur toutes les coutures.

Tu finis par hausser très hautes les épaules, avant de te détourner et partir plus loin. T'as pas l'intention de lui dire ton prénom et que ce dernier puisse penser .... puisse penser quoi, au juste ? Que t'es fait pour lui ? Aucunement. Tu sais ce que tu veux, t'as été clair avec lui aussi. S'il te donne une sorte de rendez-vous et qu'il ose en plus te suivre sans problème, tu n'y peux rien. Toi qui avait un joli surnom en tête, tu ne pourras pas l'utiliser très longtemps. Tu as entendu son prénom tout à l'heure mais encore là, tu ne t'en souviens même plus. Peut-être est-ce ta mémoire qui déraille ou tout simplement le fait d'avoir mélangé un peu d'alcool et des substances illicites, tu ne te rappelle plus de son prénom. Alors, le surnom va devoir s'imposer. Et t'as trouvé le sien. Deux syllabes, quelque chose de face à retenir puisque c'est inscrit sur son front, en grosses lettres majuscules et bien voyantes. C'est probablement même surlignés quelques fois, avec un marqueur très voyant. Tu le laisses donc en plan, tout près de son lieu de travail, te promettant d'être à l'heure sur le pas de sa porte, en espérant qu'il puisse montrer dans ta voiture. T'as pas envie de comprendre que c'est l'autre employé qui termine à 3 heures du matin, mais bien lui. Tant n'a rien à faire de sa collègue de travail, ce n'est pas elle que tu veux près de toi ce soir. Ce n'est pas elle que tu veux voir frémir sur ton touché Ce n'est pas elle que tu veux entendre gémir des supplications. C'est ''puceau'' ... Oui, tu raffole du surnom que tu lui a trouvé. Ça fonctionne avec lui, il a la tête de l'emploi.